Pour gérer vos consentements :
Categories: Logiciels

Nicolas Chauvat (Logilab) : « CubicWeb lève l’obstacle technique que constitue l’import et la manipulation de données »

Nicolas Chauvat, cofondateur et PDG de Logilab, éditeur français de logiciels et prestataire spécialisé dans la gestion de connaissances et l’informatique scientifique, met l’accent sur les points forts de CubicWeb.

Cette plateforme libre de développement pour le web sémantique a décroché le prix Dataconnexions 2013 (catégorie utilité publique), sésame attribué par Etalab, mission gouvernementale dédiée à l’ouverture des données publiques.

Silicon.fr – Pouvez-vous préciser les étapes majeures de développement pour CubicWeb ?

Nicolas Chauvat – La société Logilab a été créée en 2000, avec comme objectif de commercialiser des agents intelligents issus de la recherche en intelligence artificielle. Ce projet n’a pas abouti, mais les travaux liés à la représentation des connaissances ont débouché sur une première version de la plateforme CubicWeb. Celle-ci a été immédiatement utilisée par Logilab pour réaliser son propre système d’information.

Les premières installations de CubicWeb chez des clients remontent à 2006 avec la mise en place d’un système de rédaction collaborative des manuels utilisateurs d’un code de calcul scientifique (plus de 15.000 pages, chacune en plusieurs langues), puis le déploiement d’un catalogue en ligne des œuvres conservées par les musées d’une région.

Depuis 2008, le logiciel CubicWeb est publié sous une licence libre et gratuitement téléchargeable sur cubicweb.org. L’année suivante plusieurs sociétés commerciales ont commencé à offrir des services de développement d’applications sur la base de CubicWeb.

Enfin, début 2013, juste avant l’annonce des résultats de Dataconnexions (NDLR : concours Etalab qui récompense des applications, services ou datavisualisations interactives réutilisant notamment des données publiques), de nombreux grands comptes internationaux utilisaient CubicWeb pour des applications stratégiques, parmi eux : la BNF, EDF, GDF Suez, le Centre national d’études spatiales (CNES) et Softtek.

Quelle visibilité vous apporte le prix Dataconnexions 2013 ?

Les principes des données ouvertes et du web des données sont connus depuis une quinzaine d’années. Dès l’origine, ils ont été intégrés à la plateforme CubicWeb. L’engouement récent pour l’Open Data et le prix attribué par Dataconnexions devraient permettre à CubicWeb de gagner en notoriété et de faire croître rapidement la base de ses utilisateurs et le groupe de ses contributeurs.

La taille et la vitalité de la communauté d’un logiciel libre sont, en effet, des facteurs importants pris en compte lorsqu’un utilisateur professionnel fait le choix d’une plateforme. Les références de CubicWeb chez différents grands comptes sont déjà garantes d’un maintien du projet dans la durée, cependant la pérennité de CubicWeb croîtra avec l’élargissement de sa communauté.

Il y a là un problème d’amorçage. Si la communauté est petite, les prestataires de services, craignant un marché trop restreint, ne la rejoignent pas et boudent la solution. Mais s’il y a peu de prestataires, les clients, craignant de dépendre d’acteurs économiques peu nombreux et trop petits, ne choisissent pas la plateforme et ne rejoignent pas la communauté qui reste donc limitée.

Le prix Dataconnexions aidera à transformer ce cercle vicieux en cercle vertueux.

Quels sont les atouts de la plateforme par rapport à des alternatives propriétaires ?

Aujourd’hui, les sources de données se multiplient de toutes parts. Il est illusoire de penser développer une application spécifique pour chacun des usages qui peuvent être faits de ces données, et ce d’autant que, bien souvent, le véritable intérêt réside dans les croisements des données entre elles.

CubicWeb, en permettant de créer une application web à partir de la seule description des données à manipuler, permet de tirer parti de multiples sources de données pour un coût très réduit. Ses diverses fonctionnalités liées à l’enrichissement, la fusion et la visualisation des données offrent la possibilité de « fouiller » l’information pour en retirer une valeur immédiate.

Pour s’en convaincre, on pourra s’intéresser à une démonstration en ligne qui n’a demandé à ses auteurs que quelques heures de développement, mais qui permet une étude ouverte et très détaillée des résultats des élections françaises de ces dernières années.

Un outil libre comme CubicWeb permet donc de lever à moindre coût l’obstacle technique que constitue l’import et la manipulation de données, et de se concentrer sur l’analyse des données qui produit la véritable valeur ajoutée.

Quelles passerelles existent entre open data et open source ?

Le mouvement du logiciel libre, entamé dans les années 1970, a pris sa source dans le besoin de maîtriser les outils techniques nécessaires à la réalisation efficace de diverses tâches. Il est, en effet, très difficile de travailler efficacement avec des outils impossibles à modifier, qui, de plus, peuvent présenter des défauts rédhibitoires.

Cet élan s’est propagé du contenant – l’outil informatique – au contenu – l’information – avec l’ouverture des biens culturels et la notion de « creative commons », que l’on retrouve sous différentes appellations, tant chez Wikipedia que dans le domaine musical, littéraire ou cinématographique. Il n’est pas ici question de piratage, mais de choix d’un modèle de distribution favorable à la réutilisation et au « remix ».

Il était prévisible, les mêmes causes produisant les mêmes effets, que cette vague atteindrait les données nécessaires à la réalisation d’autres prestations intellectuelles.

Si l’on souhaite étudier sérieusement la pertinence de la police de proximité, l’impact des subventions sur la croissance des entreprises, le respect des horaires dans les transports en commun, il faut s’appuyer sur des faits et donc des informations brutes.

L’exploitation des données publiques permet précisément de s’appuyer sur des informations quantitatives que l’on peut croiser entre elles afin de construire une analyse étayée, ouvrant la porte à des choix éclairés.

Le logiciel libre a donc été un pas en direction d’une plus grande ouverture, d’une plus grande transparence et d’une plus grande efficacité pour un certain nombre d’activités. Les données ouvertes sont un autre pas dans la même direction.

Crédit photo © Billautshow


Voir aussi
Quiz Silicon.fr – Êtes-vous un expert du « Hello world! » ?

Recent Posts

De la marque blanche à l’« exemption souveraine », Broadcom fait des concessions aux fournisseurs cloud

À la grogne des partenaires VMware, Broadcom répond par diverses concessions.

3 heures ago

iPadOS finalement soumis au DMA

iPadOS a une position suffisamment influente pour être soumis au DMA, estime la Commission européenne.

5 heures ago

ChatGPT : le Financial Times signe avec OpenAI

FT Group, éditeur du Financal Times, a signé un accord avec OpenAI afin d'utiliser ses…

2 jours ago

Les hyperscalers renforcent leurs recherches et datacenters pour l’IA

Au premier trimestre, Microsoft, Meta/Facebook et Alphabet/Google ont déjà investi plus de 32 milliards $…

2 jours ago

Cybersécurité : Darktrace dans l’escarcelle de Thoma Bravo

La société britannique de cybersécurité Darktrace a accepté une offre de rachat de 5,32 milliards…

3 jours ago

Étude Trends of IT 2024 : comment les managers IT développent leurs projets

Silicon et KPMG lancent la deuxième édition de l'étude Trends of IT. Cette édition 2024…

3 jours ago