Aux origines des mainframes
En 1944 se concrétise un projet de calculateur amorcé avant-guerre par un thésard de Harvard pour faciliter la résolution des équations différentielles : l’Automatic Sequence Controlled Calculator est lancé.
Le machine pèse quelque 5 t, mesure plus de 15 m de long pour 2 m de hauteur et embarque plusieurs centaines de kilomètres de câblage. Elle prend en charge jusqu’à 23 décimales, effectue trois additions par seconde et une multiplication toutes les 6 secondes. Parenthèses, crochets et tables de fonctions sont gérés nativement.
L’Automatic Sequence Controlled Calculator est suivi, en 1948, du Selective Sequence Electronic Calculator.
On pourrait considérer les deux machines comme les ancêtres des mainframes IBM. Le groupe ne les mentionne cependant pas dans l’arbre généalogique qu’il tient pour référence.
À la base de cet arbre se trouve le 701, lancé en avril 1952. Il s’agit du premier ordinateur qu’IBM commercialise à échelle industrielle – et non pas « à la commande ». C’est aussi le premier à pouvoir stocker des données dans une mémoire interne électronique.
L’impulsion a été donnée par le gouvernement américain au début des années 1950, dans le contexte de la guerre de Corée (le 701 s’appelait d’ailleurs à l’origine Defense Calculator).
Le premier modèle entre en service en mars 1953, au siège monde d’IBM. S’en équipent ensuite l’université de Californie, la NSA et un bouquet de compagnies aériennes (Lockheed Aircraft, Douglas Aircraft, Corvair…).
Le 701 fonctionne avec des tubes cathodiques qui lui permettent de réaliser jusqu’à 2 000 multiplications ou divisions par seconde ; et jusqu’à 16 000 additions ou soustractions. Conçu pour le calcul scientifique, il a un pendant destiné aux applications commerciales : le 702, qui exploite un jeu d’instructions différent.
Cette distinction perdurera sur toute la lignée des 700 (et des 7000, équipes non pas de tubes électroniques, mais de transistors bipolaires).
Pour la première fois, avec cette série d’ordinateurs, le stockage peut se faire sur des bandes magnétiques.
D’autres machines développées dans le contexte de la guerre froide – grâce au financement des sociétés technologiques par l’administration Truman – exploitent ce support.
Parmi elles, l’UNIVAC (Universal Automatic Computer), qui utilise des bandes métalliques pour éviter les déchirures.
Du côté d’IBM, on a opté pour un système moins encombrant (en photo ci-dessus) : une colonne à vide. Elle permet de limiter la résistance à l’air et de lire jusqu’à 75 000 caractères par seconde.
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