Pour gérer vos consentements :

Sécurité : Stegano se camoufle dans les pixels des bannières de pub

Original et effrayant à la fois. On pensait la stéganographie, c’est-à-dire la capacité de cacher des messages dans un autre message, réservée au monde de l’espionnage et du terrorisme. Et bien non les cybercriminels y ont aussi recours.

L’équipe de sécurité d’Eset a découvert un kit d’exploit, nommé Stegano, qui utilise cette technique de masquage. Concrètement, il cache du code malveillant au sein de pixels des images des bannières publicitaires présents sur les sites web. Des millions de personnes sont potentiellement vulnérables à ce type d’attaques.

Stegano change la valeur de la transparence des pixels des images en format PNG, souvent utilisées pour les bannières de publicité, pour dissimuler du code JavaScript. Ce dernier modifie le ton ou la couleur des images, mais les changements sont presque invisibles à l’oeil nu (cf image ci-dessous). Seuls quelques pixels sont modifiés sur les millions que comprend une image. De même, le script malveillant dans le canal alpha (générant la transparence des pixels) est difficilement détectable par les régies publicitaires.

De gauche à droite : version sans malware, avec malware, et version agrandie des pixels modifiés.

Un kit prudent, promis à un grand avenir

Une fois l’image modifiée, elle est packagée pour être livrée aux régies qui la diffusent sur les sites web. Quand un Internaute clique sur la bannière, il est orienté vers un site qui héberge 3 attaques liées à des vulnérabilités dans Flash d’Adobe (CVE-2015-8641, CVE-2016-1019 et CVE-2016-4117). Ces dernières sont patchées, mais les attaquants jouent sur l’absence de mise à jour du programme. A noter que le script malveillant présent dans les pixels exploite une faille désormais corrigée dans IE (CVE-2016-0162) et permet d’obtenir des informations comme la présence de logiciels de sécurité comme l’analyse de paquets, de sandbox, de virtualisation, etc. (cf schéma ci-dessous).

Une fois écarté cet obstacle et ayant réussi à activer les failles dans Flash, Stegano lance deux gammes de malware, Ursnif et Ramnit. Le premier se compose de modules capables de voler des données, d’enregistrer la frappe des touches du clavier, de faire des captures d’écran et agir comme une backdoor. Le second offre les mêmes capacités en ciblant plus particulièrement le secteur bancaire.

Ce n’est pas la première fois que les bannières publicitaires sont détournées pour pirater les Internautes, mais s’appuyer sur la stéganographie est une méthode originale. Les chercheurs ont trouvé une trace de Stegano en 2014 auprès d’utilisateurs néerlandais. En 2015, il visait les utilisateurs tchèques. Plus récemment, le Canada, le Brésil, l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie étaient touchés. Les experts considèrent que Stegano est une menace importante « qui peut surclasser les kits connus comme Angler ou Neutrino, car il a un excellent référencement. Les bannières vérolées sont présentes sur des sites importants dont des sites d’actualités qui drainent des millions de visiteurs ».

A lire aussi :

Malware : Hammertoss se cache derrière Twitter pour voler des données

Des malwares dans les publicités diffusées par Yahoo!

Photo credit: marc0k via Visual hunt / CC BY-NC

Recent Posts

IA générative : les lignes directrices de l’ANSSI

Formats de paramètres, méthodes d'apprentissage, mutualisation GPU... Voici quelques-unes des recommandations de l'ANSSI sur l'IA…

10 heures ago

De la marque blanche à l’« exemption souveraine », Broadcom fait des concessions aux fournisseurs cloud

À la grogne des partenaires VMware, Broadcom répond par diverses concessions.

13 heures ago

iPadOS finalement soumis au DMA

iPadOS a une position suffisamment influente pour être soumis au DMA, estime la Commission européenne.

15 heures ago

ChatGPT : le Financial Times signe avec OpenAI

FT Group, éditeur du Financal Times, a signé un accord avec OpenAI afin d'utiliser ses…

3 jours ago

Les hyperscalers renforcent leurs recherches et datacenters pour l’IA

Au premier trimestre, Microsoft, Meta/Facebook et Alphabet/Google ont déjà investi plus de 32 milliards $…

3 jours ago

Cybersécurité : Darktrace dans l’escarcelle de Thoma Bravo

La société britannique de cybersécurité Darktrace a accepté une offre de rachat de 5,32 milliards…

3 jours ago