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Tribune : Google parle au monde du livre

Le groupe de Mountain View semble persuadé que le monde de l’édition doit évoluer. À croire qu’il n’aime pas l’objet livre et que pour les « Googliens « l’ouvrage papier est mort avec la naissance de la Toile. Un raccourci qui risque de faire sortir de ses gonds plus d’un éditeur français.

Notons tout de même que si l’on considère que le premier livre est la bible de Gutenberg, le bébé Google est en train d’essayer de donner une leçon de culture à un système qui a fait ses preuves depuis des siècles.

Au-delà de ces considérations, les amateurs de livres pourront également argumenter du fait que le livre papier est irremplaçable, car pratique, léger et très rapide à consulter et que prétendre qu’il va disparaître est une ânerie.

Preuve en est la plupart des informaticiens travaillent encore avec des livres, ne serait-ce que pour compléter leur connaissance, apprendre de nouveaux langages informatiques, maîtriser des applications…

L’autre frein au développement du projet Book Search de Google est la menace d’une américanisation de la culture. Car si l’américain a l’intention de proposer des livres en ligne, la sélection des ouvrages numérisés est de sa responsabilité et de nombreux ayants droits refusent de se voir numériser par la firme.

On se souvient de l’affaire des éditions « La martinière ». Le risque d’une numérisation « barbare »sans respect du droit est une menace sérieuse. L’édition est un métier à part entière et dans certains cas il s’agit même d’un art, d’un patrimoine.

Imaginons ce qui se passerait si pour charger un livre de Voltaire, de Rimbaud ou de Verlaine nous devions nous rendre sur le site de Google plutôt que sur celui de la BNF pour au final disposer d’un résidu de  » franglais » traduit en ligne par une communauté d’internautes. C’est à se demander si Google n’est pas en train de se construire discrètement un joli monopole.

Qui plus est, ce secteur n’est pas figé, certains éditeurs proposent ainsi des solutions innovantes et technologiques, par exemple en ajoutant au livre un CD d’e-learning.

Notons qu’il existe aussi d’autres technologies que la numérisation massive des livres ou la mise en ligne gratuite des plus belles pages de notre littérature, pour voler à la rescousse de l’édition. L’arrivée du papier électronique d’ici 2008 risque ainsi de changer notre façon de lire.

Réunir deux mondes va être difficile

Si le projet de Google fait trembler, l’américain semble avoir compris qu’il agaçait. Du coup, son discours a changé.

Pour Jim Gerber, directeur des partenariats contenus de Google a déclaré lors d’une conférence sur ce sujet : « Notre rôle est de stimuler la réflexion. À la fois du côté des acteurs du Web et de ceux de l’édition traditionnelle. »

Pour Tim O’Reilly, fondateur et CEO des éditions du même nom : » nous sommes dans une période de changement et nous devons l’embrasser, y participer, nous devons entrer dans ce monde numérique que Google essaye de construire. «

Selon le blogueur américain Seth Godin, « en plaçant votre ouvrage en ligne tout le monde se passe le mot et vous gagnez quelque chose de très précieux, l’attention des gens ».

Enfin, il faut reconnaître que Google a éveillé les esprits en posant le problème crucial de la numérisation du savoir. Il faut bien reconnaître que les éditeurs n’avaient pas , jusqu’à aujourd’hui, aborder sérieusement ce problème. Cette numérisation semble indispensable pour permettre aux générations futures d’accéder au patrimoine littéraire mondial. Et il ne s’agit pas pour Google de supplanter le papier par des 0 et des 1.

Interrogé en octobre 2005 sur la question, le président de la BNF, Jean-Noel Jeanneney avait répondu, « la question est de savoir ce que l’on souhaite laisser en patrimoine culturel aux futures générations ». M.Jeanneney ne souhaite pas incarner « le petit gaulois irréductible » et encore moins « le trublion anti-américain ».

Mais face au projet « titanesque » de Google il s’interroge sur l’aspect qualitatif de cette bibliothèque. « Il y a sûrement un danger de monopole. Google est déjà le moteur de recherche le plus utilisé dans le monde. L’acquisition des méta données en accord avec les bibliothèques pose le problème de la pérennité. »

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