Au lendemain des premières Assises de la souveraineté numérique qu’elles ont présidé, les députées Corinne Erhel (SRC, Côtes-d’Armor) et Laure de La Raudière (UMP, Eure-et-Loir) ont présenté, au Palais-Bourbon, leur rapport sur le développement de l’économie numérique française.
Chargées l’an dernier d’une mission d’information sur le sujet par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, les rapporteures ont exposé un ensemble de propositions visant à accélérer la transformation numérique de la France.
Malgré des atouts indéniables (main d’oeuvre, savoir-faire, insfrastructures), la France reste à la traîne en matière de : développement à l’international de ses entreprises innovantes, investissements en capital-risque, éducation/formation numérique.
Pour inverser la tendance, le rapport inclut un ensemble de recommandations, dont l’éveil « dès le primaire des jeunes écoliers au code informatique ». Par ailleurs, Corinne Erhel et Laure de La Raudière préconisent de rendre l’enseignement informatique obligatoire au collège. Et de créer un Capes et une agrégation d’informatique. S’inscrivant dans la droite ligne du plan Big Data de la « nouvelle France industrielle », les parlementaires proposent aussi de créer des cursus universitaires supplémentaires. Et ce pour assurer la formation d’un plus grand nombre de jeunes dans les métiers dédiés au traitement massif de données, dont celui très prisé de data scientist.
Ces propositions éducatives peuvent convaincre des personnalités comme l’entrepreneur Tariq Krim, auteur d’un rapport sur les développeurs en France, le « Digital Champion » Gilles Babinet ou encore Xavier Niel, vice-président du conseil d’administration d’Iliad et co-fondateur de 42, école informatique gratuite et sans condition de diplôme. Mais elles risquent de heurter certaines sensibilités au sein de l’Éducation nationale.
D’autres recommandations du rapport concernent la formation continue et la mutation numérique des entreprises. Pour insuffler un vent nouveau dans les grands groupes, les co-rapporteures préconisent d’inciter les conseils d’administration d’entreprises du CAC 40 à intégrer « un membre ayant fondé une startup innovante ». Car « l’innovation peut aussi venir de l’extérieur ». Et les fonds aussi…
Le financement de l’innovation est un sujet sensible. Pour soutenir leur amorçage, les jeunes pousses en France peuvent tabler sur de nombreux dispositifs privés et publics, mais financer le développement de leur activité est plus problématique « au-delà de 20 millions d’euros », d’après les parlementaires.
Pour dynamiser le capital-risque – l’an dernier, la France était en 3e position en Europe derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne –, les députées invitent l’État français à investir dans des fonds privés et à s’inspirer de l’expérience d’Israël dans ce domaine (programme Yozma). Mais la France ne saurait agir seule. Les débats relatifs à « l’équité » fiscale et au cadre juridique du numérique doivent être européens.
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