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App Store : un frein au développement des NFT et des métavers ?

Entre Apple et le Web3, qui est le plus un danger pour l’autre ? La question n’est pas nouvelle. Mais elle fait d’autant plus sens dans le contexte de la dernière mise à jour des conditions d’utilisation de l’App Store.

Quoi de neuf par rapport à la version précédente ? Entre autres, des dispositions relatives aux NFT.

Dans l’absolu, on va dans le sens d’une ouverture. D’un côté, Apple autorise désormais explicitement les développeurs à utiliser son système de paiement in-app pour vendre des NFT et des services associés (publication, listage, transfert). De l’autre, il permet que les utilisateurs visualisent, au sein des applications, à la fois leurs NFT et ceux de tiers.

Cette dernière possibilité s’assortit toutefois de restrictions. Et pas des moindres. D’une, la possession de NFT ne doit pas permettre de déverrouiller des fonctionnalités dans les applications. De deux, il est interdit d’intégrer tout call-to-action (boutons, liens…) qui dirigerait les utilisateurs vers d’autres systèmes d’achat que celui d’Apple.

Outre la commission de 30 % qu’il implique, ce système de paiement fonctionne avec des prix fixes. Ce qui le rend peu approprié à la tarification dynamique des NFT.

Les cryptos également plus encadrées

L’interdiction de donner accès à des fonctionnalités par d’autres mécanismes que le paiement in-app ne s’applique pas qu’aux NFT. Jusqu’alors, Apple mentionnait trois éléments : clés de licence, objets en réalité augmentée et QR codes. Tout en laissant, par l’usage d’un « etc. », la porte ouverte à d’autres.

Avec la mise à jour des conditions de l’App Store, il en a effectivement ajouté deux : « cryptomonnaies et portefeuilles de cryptomonnaies ». Et durci, en parallèle, les dispositions relatives aux plates-formes d’échange.

Auparavant, une application pouvait proposer des transactions par ce biais sous la simple condition qu’elles soient réalisées par la plate-forme. Désormais, ces transactions ne doivent être proposées que dans les lieux où l’application a « les licences et les permissions appropriées » pour y donner accès.

Pas d’exception pour les NFT ?

Certaines applications ont le droit d’utiliser d’autres systèmes de paiement que celui d’Apple. En tête de liste, celles qui donnent accès à six types de contenus achetés en amont, éventuellement sur abonnement : magazines, journaux, livres, audio, musique, vidéo. Elles peuvent aussi intégrer un « lien informationnel » vers un site internet.

Les « services multiplateformes » n’ont pas le droit d’intégrer un tel lien. Mais ils peuvent donner accès à des contenus et/ou des fonctionnalités acquises hors de l’App Store… à condition de les vendre aussi in-app.

Les applications utilisant des NFT pourraient-elles entrer dans cette catégorie ? Apple n’a pas officiellement tranché. Même chose concernant les NFT interactifs : où est la frontière entre « consulter » et « accéder à des fonctionnalités » ?

Il semble qu’Apple n’a pas attendu de mettre ces dispositions sur le papier pour les appliquer. « Ça fait bien un an qu’ils fonctionnent ainsi », témoigne un développeur, secondé par plusieurs pairs.
En toile de fond, une réalité : l’essentiel des revenus de l’App Store proviennent des jeux, terrain de développement privilégié du Web3.

Métavers : la France s’inquiète du cas Apple

En début d’année, le Gouvernement avait sollicité une mission exploratoire sur le développement des métavers. Son rapport, rendu cette semaine, soulève la problématique des modes de diffusion de ce nouvel écosystème. Une question la résume : « Est-il possible d’empêcher les grandes plates-formes du numérique d’imposer les modèles de l’écosystème mobile […] ? »

« L’application du droit à la concurrence sera certainement un aspect majeur pour la structuration [du Métavers*] », nous affirme-t-on. Non sans une référence au « modèle ‘walled garden’ d’Apple ». Et aux récents procès autour de son App Store comme de son système de paiement. Procès qui « rappellent [ceux] ayant opposé Microsoft et son OS Windows à l’Union européenne ».

Le rapport mentionne aussi la réticence d’Apple à adopter le standard WebXR. En l’absence d’une telle surface de diffusion, les contenus AR doivent passer par l’App Store pour être visionnés sur iPhone. Ce qui soumet leurs créateurs à la taxe de 30 %.

* La mission recommande l’usage d’une capitale en référence au Métavers comme « idée d’aboutir à un espace virtuel, persistant, avec des données de synthèse tridimensionnelle, qui serait interopérable ». Le terme avec minuscule désignerait les instanciations/incarnations de ce concept.

Photo d’illustration © ymgerman – Shutterstock

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