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SFR contraint de réviser ses publicités sur la fibre

Lors de la présentation des résultats 2015 d’Iliad à la presse, son directeur général Maxime Lombardini se réjouissait de l’arrivée prochaine d’un arrêté très haut débit dans le Journal Officiel « pour éclairer le consommateur sur ce qu’il achète ». Il faisait référence à l’usage du mot fibre dans les publicités de SFR (Numericable-SFR) dont une majorité, aujourd’hui, du réseau très haut débit (THD) s’appuie sur une technologie hybride mêlant fibre optique et terminaison coaxiale.

Cet arrêté vient de tomber. Le texte, « relatif à l’information préalable du consommateur sur les caractéristiques techniques des offres d’accès à l’internet en situation fixe filaire », stipule dans son article 6-1 que « tout message publicitaire ou document commercial d’un fournisseur de services relatif à une offre utilisant une technologie pour laquelle le débit ne varie pas significativement en fonction des caractéristiques du raccordement du consommateur au réseau fixe ouvert au public, s’il associe le terme “fibre” aux services du fournisseur alors que le raccordement du client final jusque dans son logement n’est pas réalisé en fibre optique, comporte la mention “(sauf raccordement du domicile)” ». Autrement dit, l’usage du mot « fibre » n’est pas interdit mais il devra être assorti d’une mention précisant l’infrastructure utilisée pour le raccordement final, c’est-à-dire ajouter le mot « câble » ou « coaxial », a priori, dans le cadre des déploiements où la fibre s’arrête au pied de l’immeuble (FTTB) contrairement à la fibre à domicile (FTTH).

Un débat très parisien

C’est donc une petite victoire pour les concurrents de SFR (et de Bouygues Telecom qui commercialise l’offre câblo-optique de SFR en marque blanche). En apparence, ce dernier ne s’en offusque pas plus que ça. Et considère le débat comme stérile. « Un débat très intéressant, très parisien », ironisait Michel Combes, directeur des opérations d’Altice et PDG de SFR à l’occasion de la conférence de présentation de la stratégie B2B du groupe. S’il laisse entendre qu’il ne sait pas ce que signifie tout ces « sigles un peu bizarres, ce qui m’importe est d’être le numéro 1 du très haut débit en France avec un cœur de réseau en fibre qui nous permet d’apporter aujourd’hui le 800 Mbit/s, demain le giga. »

De fait, SFR devrait bientôt annoncer disposer de 8 millions de prises très haut débit activées sur le territoire. Avec un potentiel total de 9,5 millions de prises câble dont le réseau reste à mettre à niveau en Docsis 3 pour bénéficier des très hauts débits. A comparer aux 5,6 millions de logements raccordables en FTTH (dont une petite partie par SFR). Et Michel Combes en profitait pour rappeler que 50% des sites d’entreprises étaient aujourd’hui éligibles au très haut débit, 70% en 2017. De quoi participer activement à fournir l’accès THD aux PME à l’heure où le FTTH pour les entreprises entre en chantier au sein de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes).

L’arroseur arrosé

Il n’empêche que cet arrêté pourrait impacter l’offre commerciale de SFR. D’autant que l’opérateur déploie les deux technologies ce qui peut ajouter de la confusion. Alors qu’il planifie 22 millions de prises très haut débit pour 2022, plus de la moitié de son réseau sera en FTTH. « On va étudier toutes les voies de recours », assure la communication du groupe en France. Qui dénonce un décret sur mesure pour Orange par son actionnaire principal, l’Etat. Et rappelle que « dans nos publicités, il y a déjà la mention fibre jusqu’au domicile ou fibre jusqu’à l’immeuble ».

Le décret pourrait d’ailleurs se retourner à l’avenir contre Orange lorsque l’opérateur s’appuiera sur les technologies FTTDP (Fiber to the Distribution Point), exploitant l’infrastructure téléphonique du logement pour la relier à la fibre, pour apporter le très haut débit dans les résidences. « Quand Orange réutilisera la paire de cuivre, ils mettront quoi ? Fibre au milieu de l’escalier ? », ironise-t-on chez SFR. Qui se rassure : « On fait les deux technologies, l’important est d’apporter du très haut débit à tout le monde, ce qu’on fait aujourd’hui, en avance sur la concurrence, cet arrêté pour faire plaisir à des concurrents qui en sont dispensés n’enlèvera rien à notre dynamique. »


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crédit photo © Chubykin Arkady – shutterstock

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