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Coût de la fibre optique en France : 21 ou 40 milliards d’euros ?

50 milliards, 30 milliards, 20 milliards… Les estimations sur le coût du déploiement d’une infrastructure à très haut débit visant à remplacer le réseau cuivré téléphonique en France ont donné lieu à nombre de débats ces dernières années. Des discussions que l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) devrait couper court. « La couverture complète du territoire français en FttH coûtera environ 21 milliards d’euros sur 15 ans  », a déclaré Jean-Ludovic Silicani dans le cadre de son discours d’ouverture du DigiWorld Summit 2011, conférences organisées par l’Idate les 16 et 17 novembre à Montpellier. Tour est dans le « environ ».

Une estimation basse, selon un opérateur qui évalue plutôt le coût total à 40 milliards d’euros. Pourtant, à raison de 500 euros en moyenne le coût d’installation d’une prise optique sur 26 millions de foyers, la facture finale devrait plutôt se situer autour des 13 milliards. Néanmoins, « les conditions de déploiements ne sont pas les mêmes partout et certaines prises optiques coûtent plus de 1000 euros », défend notre interlocuteur. Pas sûr que l’annonce de l’Arcep clôture le débat des coûts, donc.

19 milliards d’euros à trouver

Quoi qu’il en soit, le FTTH (Fiber to the home ou fibre à domicile) est une infrastructure inévitable pour les 50 prochaines années. Un passage obligé, donc, pour la compétitivité des acteurs des télécommunications. D’autre part, les opérateurs profitent généralement d’un déploiement optique local pour renforcer leur infrastructure mobile. « Quand nous déployons un réseau optique dans une zone, le premier site que l’on fibre c’est la station de base de l’antenne mobile », confie notre interlocuteur. Une tendance à l’optimisation des coût systématique, donc

Si deux milliards d’euros ont déjà été investis dans le déploiement du réseau optique national, essentiellement sur les grandes agglomérations (qui couvre 5,8 millions de foyers mais pour un taux d’adoption qui ne dépasse pas les 10 %), il en reste 19 à trouver d’ici 2025. Selon l’Arcep, ils seront répartis « entre les acteurs privés et publics selon une proportion qui va assez vite se préciser, mais sans doute à part à peu près égales ». Notamment dans les zones peu denses où les opérateurs n’iront pas faute de rentabilité. Ce sera alors aux collectivités territoriales de jouer le rôle d’opérateur.

Mutualiser l’infrastructure

Face aux investissements colossaux, le déploiement du réseau FTTH s’appuie sur le modèle de la mutualisation de l’infrastructure. A condition que les opérateurs se répartissent équitablement les rôles. « Dans les zones très denses, la mutualisation est désormais largement effective : le nombre de logements où les consommateurs ont le choix entre plusieurs opérateurs a été multiplié par 3 en un an, et représente déjà un tiers du total des logements éligibles au FttH », souligne Jean-Ludovic Silicani.

Pour les zones moyennement denses, Orange, SFR et Free travaillent leurs accords. Les deux premiers ont récemment finalisé un partenariat qui vise à couvrir 9,8 millions de foyers (3 500 communes) d’ici 2020 (soit 11 millions au total en ajoutant la part autonome de l’opérateur historique). En juin, Orange et Free signaient un accord de co-investissement pour 1 300 communes (5 millions de logements). Au final, seul 60  % du territoire sera couvert en 2020 et n’avoir coûté « que » 30  % des 21 milliards de coûts estimés.

Les collectivités au secours des zones peu denses

Le reste du territoire, à la rentabilité jugée impossible par les opérateurs, le déploiement des réseaux très haut débit s’appuiera inévitablement sur les collectivités territoriales. L’Arcep est confiante : « Elles jouent d’abord un rôle de planification territoriale essentiel, par l’élaboration des schémas directeurs territoriaux d’aménagement numérique, et ont démontré, par le passé, leur capacité à porter des projets de déploiements complémentaires de ceux des opérateurs privés. Cette adéquation doit être maintenue et encouragée dans le cadre du passage au très haut débit, en utilisant l’ensemble des instruments disponibles, y compris la montée en débit, solution permettant d’éviter le décrochage de territoires qui ne pourront bénéficier du FttH qu’à un horizon de long terme. » L’année 2025 fixée comme l’échéance pour la couverture totale du pays en très haut débit apparaît soudainement bien optimiste.

crédit photo © zuchero – Fotolia.com

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