Jean-Marie Messier mis en examen

L’ancien patron de Vivendi est soupçonné de « manipulation de cours, diffusion de fausses informations et abus de biens sociaux ». Il a été laissé en liberté

Comme on pouvait s’y attendre, Jean-Marie Messier, ancien tout puissant patron de Vivendi Universal, a été mis en examen après 36 heures de garde à vue à la brigade financière de Paris.

L’homme de 47 ans est ressorti libre sous contrôle judiciaire. Cette mesure décidée par les juges lui interdit d’entrer en contact avec les quatre personnes mises en examen dans ce dossier, ainsi que d’anciens collaborateurs et les principaux responsables de l’Autorité des marchés financiers (ex-COB, le gendarme de la bourse). Il reste toutefois libre de ses mouvements en France comme à l’étranger. Les magistrats ont également fixé une caution de 1.350.000 euros dont Jean-Marie Messier devra s’acquitter à titre de garantie de représentation en justice et d’avance sur d’éventuelles amendes auxquelles il pourrait être condamné au terme de cette procédure. Jean-Marie Messier est soupçonné de manipulation des cours, de diffusion de fausses informations et d’abus de biens sociaux. La manipulation de cours concerne des rachats massifs d’actions décidés par la direction du groupe après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, qui avaient fait tanguer les marchés boursiers. Entre le 17 septembre et le 2 octobre 2001, ces opérations ont porté sur 21 millions de titres pour près d’un milliard d’euros, selon une source proche du dossier. Entre-temps, le 25 septembre, VU avait présenté ses résultats semestriels. Or la loi française interdit aux sociétés toute intervention sur leurs actions à moins de quinze jours d’annonce de résultats. Pour ce délit présumé, la défense a mis en avant le fait que le gendarme de la bourse américaine, la SEC, avait autorisé juste après les attentats aux Etats-Unis la dérégulation du marché et son homologue français, la COB, avait assoupli les règles étant donné le contexte international. La diffusion de fausses informations concerne la présentation présumée inexacte de la situation de la trésorerie de ses filiales Cegetel, Maroc Télécom et Elektrim. Quant à la mise en examen pour « abus de biens de sociaux », elle vise les conditions financières du départ de Jean-Marie Messier de VU, en juillet 2002, telles qu’ils les avaient lui-même négociées pour finalement y renoncer. L’avocat de M. Messier a précisé qu’« aucun enrichissement personnel n’était visé dans les poursuites » décidées par les juges. Depuis plusieurs semaines, les enquêteurs et les juges Henri Pons et René Cros en charge du dossier remontaient les paliers de la hiérarchie de l’équipe financière de VU au moment des faits en 2001-2002, en direction du sommet de la pyramide… Fin mars, deux anciens responsables de VU, le trésorier adjoint François Blondet, le trésorier Hubert Dupont-Lhotelain et un cadre bancaire, le président du directoire de Deutsche Equities Philippe Guez, avaient été mis en examen.