Un duo DSI/RSE pour une transformation numérique responsable

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Ce duo doit renforcer sa collaboration pour développer de nouveaux critères d’exigences, sensibiliser les employés aux bonnes pratiques numériques et faciliter l’intégration de l’éthique, de la durabilité et de l’inclusion numérique dans toutes les facettes de l’entreprise.

La transformation numérique des organisations poursuit son expansion… et d’un autre côté les obligations de transparence et de mise en œuvre de plan de décarbonation s’intensifient. Comment les organisations réussissent-elles à concilier des objectifs de performance de leur système d’information (disponibilité sans faille, globalisation, sécurité…) et les attendus de sobriété (énergétique, matérielle…) ?

Comment est-il possible de relever les grands défis que sont les transitions numérique et environnementale, si elles sont menées en parallèle et que la coopération n’existe pas entre le SI et la RSE ? Si l’on veut continuer de profiter des bienfaits du numérique il faut déconstruire ses mythes : le numérique, n’est pas Immatériel et ne doit pas être nécessairement pensé de façon Illimitée, ni disponible de façon Instantanée.

Ces trois « I » sont les ennemis d’un avenir numérique durable et responsable. Alors, comment concrètement se lancer dans un programme de transformation numérique responsable ? Et pourquoi la formation d’un duo DSI x RSE en entreprise en est la clef ?

Le numérique au service de la transition environnementale

Entre numérique et RSE, on observe une réelle discordance de trajectoire. La fonction DSI a pour principale mission de satisfaire et accompagner un usage toujours croissant, globalisé et sans cesse plus performant en technologies numériques. Là même où des trajectoires de décarbonation, de sobriété énergétique sont attendues – la majorité des entreprises devant rendre compte de leur trajectoire de décarbonation.

Cela est particulièrement important en France, où l’accent est mis sur la réduction des émissions de carbone conformément aux Accords de Paris pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Par conséquent, il est essentiel de prendre conscience des impacts environnementaux du numérique et d’agir en conséquence.

Entre numérique et RSE, on observe une réelle discordance de trajectoires. La fonction DSI a entre autres missions, celle de satisfaire et accompagner un usage globalisé et perf du numérique qui se doit d’être toujours plus performant. Là même où des trajectoires de décarbonation, de sobriété énergétique sont attendues en France – la majorité des entreprises doivent aujourd’hui rendre compte de leur évolution en matière de réduction d’émission de carbone – pour être au plus près des Accords de Paris sur le climat, et atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Il nous faut donc ouvrir les yeux sur les impacts environnementaux du numérique et agir.

Si le concept de développement durable a pleinement intégré les domaines des ressources humaines ou marketing, des défis subsistent dans le domaine des services informatiques. Alors que la sécurité des données et les considérations éthiques sont prioritaires dans les politiques de digitalisation, la sobriété et l’éco-conception restent en retrait.

D’ailleurs, la conclusion d’un rapport de l’ADEME en 2017 est édifiante… Il y a un déficit criant de données relatives aux impacts environnementaux des services numériques. Or la transformation numérique requiert une appréhension minutieuse de son impact environnemental si l’on veut en faire une réelle alliée de cette transition.

Cette méconnaissance des effets néfastes du numérique tient au fait que le mythe du numérique s’est construit autour du principe d’immatérialité. Il faut donc sans plus attendre bousculer les idées reçues : le numérique est tout sauf immatériel !

À titre d’exemple, pour fabriquer une puce de quelques grammes 32 kilos de matière sont nécessaires. Aujourd’hui, de nombreux dispositifs connectés proposent des fonctionnalités qui exigent des connexions quasi-permanentes. La culture de l’instantanéité, ou pire, de l’illimité doivent être questionnées.

En résumé, le déploiement d’un numérique responsable dans les entreprises est malheureusement encore insuffisant. En l’état actuel, le numérique ne peut pas prétendre tenir un rôle substantiel dans la transition environnementale, tant qu’il ne sera pas pensé de façon durable et responsable sur l’ensemble de la chaîne. Si la transformation numérique responsable concerne toute l’entreprise, elle implique l’existence d’un duo fort : DSI et Direction RSE.

Une « task force » RSE & DSI pour relever le défi

Avez-vous déjà vraiment interrogé vos prestataires sur leur trajectoire de décarbonation ? Ou encore mené des opérations de maintenance plus régulières pour contrer l’obsolescence ? ll est essentiel de reconnaître que la DSI a un rôle crucial à jouer dans la promotion d’une approche responsable du numérique au sein des entreprises.

En collaborant étroitement avec les équipes RSE, les professionnels SI peuvent contribuer à intégrer les principes d’éthique, de durabilité, ou d’inclusion numérique dans la conception, le développement et l’utilisation des technologies de l’information. En tant que gardiens des systèmes d’information, ils ont la responsabilité de s’assurer que les ressources numériques sont bien utilisées, en minimisant leurs impacts environnementaux mais aussi en favorisant l’accessibilité pour tous.

La DSI n’a certes pas vocation à devenir un expert de la RSE, mais comme toute direction, elle est amenée à penser son travail autrement à l’aune de ses contributions sociales et environnementales. Le duo a tout intérêt à se renforcer et à s’enrichir mutuellement. La concrétisation des projets communs relève d’un réel enjeu d’humilité.

De son côté, la RSE a un rôle essentiel, celui d’accélérateur et de facilitateur des projets, d’accompagnement au changement. Il est donc temps de passer à l’action, main dans la main. D’autant que ce binôme ne navigue pas seul.

Plusieurs initiatives ont vu le jour depuis 2019 : Alliance Green IT, The Shift Project ou encore, disponible depuis février dernier, le programme Megaoctet, base de référence qui fournit toutes les données pour évaluer l’impact environnemental d’un service numérique (émissions de CO2, consommation en eau, impact sur la santé, sur la biodiversité…), tel que le transfert de dossier ou encore la visioconférence…

L’ADEME et l’ARCEP établissent aussi des scénarios de sobriété à horizon de 2030-2050 qui démontrent que l’allongement de la durée de vie des terminaux est capital pour réduire l’empreinte carbone du numérique dans sa globalité.

En conclusion, il est impératif de reconnaître que le monde numérique et la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) doivent travailler de concert pour relever le défi climatique. Il est essentiel de sensibiliser et former davantage les acteurs du secteur informatique à ces enjeux et de les inciter à agir en faveur de la sobriété numérique.

Ce duo doit renforcer sa collaboration pour développer de nouveaux critères d’exigences, sensibiliser les employés aux bonnes pratiques numériques et faciliter l’intégration de l’éthique, de la durabilité et de l’inclusion numérique dans toutes les facettes de l’entreprise.

Les scénarios de sobriété proposés par l’ADEME et l’ARCEP montrent la voie à suivre pour un numérique sobre. Ensemble, DSI et RSE peuvent être les champions de cette transformation numérique responsable.


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