CITE DES SITES: La Poste, d’hier et d’aujourd’hui

«La poste n’est plus ce qu’elle était…» Que de fois entend-t-on ce truisme! Autrefois une lettre…

…déposée dans une boîte à Paris pour Paris avant 13 heures était distribuée le jour même!

Le courrier ne part le dimanche que pour l’Île-de-France. Les distributions sont plus rares et l’après-midi à Paris de charmantes Antillaises ne transmettent plus guère que Le Monde. Les justifications de La Poste sont faciles à exprimer : on « communique » de moins en moins par lettre ; le fax, le sms ? 57 millions le 31 décembre, l’eMail sont infiniment plus répandus et ils s’acheminent beaucoup plus rapidement. La Poste se consacre à d’autres tâches, plus « industrielles » et, disons-le, plus rentables. Les amoureux naguère s’envoyaient leurs photos par paquets-poste, maintenant c’est par Internet. Ils conservaient leur correspondance dans des enveloppes sous des faveurs roses, puis des fax en pile dont l’encre s’estompait plus sûrement que les sentiments exprimés, maintenant on s’échange des mails. Et la Poste ? Elle a amplifié une activité : l’édition des timbres est plus que jamais florissante. On en imagine sur tous les sujets, fussent-ils farfelus. Bientôt chacun pourra disposer de son timbre-poste personnel et cela l’incitera ? peut-être ? à écrire ! Une fondation pour les.. Belles lettres Du coup, la Poste a créé une Fondation La Poste consacrée aux lettres (correspondance) et aussi aux Lettres qu’on appelait naguère Belles-Lettres. On trouve même dans le Journal d’André Gide «Les jeunes belletriens lausannois». Au sujet de Gide, il y a là une relation de sa correspondance avec Simenon, qui écrivait: « … Il faut essayer. Sentir. Avoir boxé, menti, j’allais écrire volé. Avoir tout fait, non à fond mais assez pour comprendre. Ce qui fait d’ailleurs que je suis médiocre en tout, en jardinage comme en équitation, et nul en thème latin. (…) « Le roman commencé, je suis mon personnage, je vis sa vie. Je travaille deux heures par jour. Je vomis encore comme à mes débuts quand j’écrivais M. Gustave. J’en suis abruti et vidé. Je dors, je mange. J’attends le moment de me replonger dans le bain.» , écrit le romancier fécond. Et l’illustre écrivain de lui répondre : «Mon cher Simenon, « Votre longue lettre m’a prodigieusement intéressé ; je la conserve précieusement, car certaines indications que vous me donnez pourront m’être fort utiles si je parviens à mener à bien l’étude(le mot  » étude  » respire l’ennui ! excusez-le !)que je projette.» Zoom sur la correspondance de Van Gogh, Gauguin… Cette passionnante correspondance Gide-Simenon voisine avec celles, entre autres, de Guizot, Van Gogh, Yourcenar, Gauguin. Et puis, qui a peut-être été retenu parce qu’il est question, au fin fond de l’Inde, d’une poste : «Ce matin à la poste, le client d’à côté me prend les lettres que le postier vient de peser, compte et recompte, et me dit combien je vais avoir à payer. Plus on reste dans ce pays, mieux on s’y sent. Le signe de tête européen pour saluer est tranchant. Il peut même être sec, hostile. On peut dire bonjour contraint, et pas de façon sympathique. Le hochement de tête indien, de droite à gauche, puis gauche à droite, ne tranche rien, laisse ouvert, va dans le sens du sourire, horizontal, et non vertical. On a affranchi mes lettres avec une machine révolutionnaire, qui imprime la somme payée. Plus besoin de timbres ! Le postier était très fier. Et ça supprime un poste de travail puisque plus besoin de tamponner les timbres, car 1) on va à un guichet faire peser ses lettres (à Tanjore, avec des poids) 2) on va à un autre guichet acheter des timbres, selon le tarif que la peseuse a inscrit sur l’enveloppe 3) on colle ses timbres 4) on cherche la femme au tampon, pour qu’elle applique le cachet de la poste, et le tour est joué. « À la poste il y a des bancs d’écoliers, 3 places, comme avant, en bois, siège et table un seul corps, table plan incliné, pour écrire (les Indiens sont friands de lettres genre aérogrammes-pneus, qu’ils achètent à la poste + écrivent ici). Les postières ont un sari de fonction qui ressemble à un sac postal, en jute. Il y a un pot de colle (moi j’utilise du scotch) pour coller les enveloppes.» Il s’agit d’une lettre écrite à son amie par Xavier Bazot qui est écrivain voyageur. Il a séjourné trois mois en Inde du sud grâce à la « Mission Stendhal » accordée par le ministère des affaires étrangères. La plus récente édition de la fondation La Poste célèbre la correspondance Jean Paulhan-Paul Éluard que vient de publier Claire Paulhan : «Ce 17 janvier [1919], « Je ne pense pas tout à fait, avec notre ami commun, Monsieur Ozenfant, que la beauté est au commencement ou bien à la fin de l’art. Elle me semble un accident, comparée à ce sentiment – qui n’est pas la réalité, ni l’idéal, ni… mais seulement une présence, et cette sorte d’anxiété qui l’accompagne(?) J’espère vous connaître, très vivement. « Jean Paulhan Interprète Group[emen]t malgache Caserne Reffye. Tarbes» « St Cyr le 17 mars 1919 « Mon cher ami, « Pourquoi connaître mon prénom ? Ma fille c’est Cécile, ma femme c’est Gala, Grindel c’est Eugène. Éluard, c’est mon arrière grand-père.(?) « J’ai vu Ozenfand. Il me fatigue. Je ne serai jamais sien. Qu’il réalise ! Il a un projet : une grosse revue et pense à nous deux pour la partie littéraire. « J’espère qu’il ne faut pas tant d’argent qu’il le dit pour éditer une petite revue. Nous pouvons commencer avec une feuille pliée : 8 pages. L’argent viendra! « Et nous n’aurons que ce que nous considérons comme suffisant. « Je vous tends les mains, Eluard.» Quand on sait le rôle de Jean Paulhan à la Nouvelle Revue Française, cette allusion à la naissance d’une petite revue est tout à fait savoureuse ! La Poste étant le royaume de la correspondance, il n’est pas étonnant que le site vous détourne vers de très nombreuses adresses, toutes plus fertiles les unes que les autres. On atteint des sommets de l’érudition avec l’Observatoire de l’écriture et Fabula. Il semble qu’il y ait vraiment tout, y compris La femelle du requin, revue littéraire en ligne. On ne reste pas sur sa faim, ni sur une fin, tellement la moisson est interminable. Il est bon de passer aussi vers la bibliothèque bmLisieuxcom où d’innombrables livres sont numérisés