ITW de Viviane Reding (suite) : « Nous voulons encore faire baisser les tarifs de gros dans le mobile »

Deuxième volet de notre interview exclusive de la Commissaire européenne en charge des télécoms. Au programme : haut débit, téléphonie mobile et perspectives de travail

-Observez vous une crise du marché des NTIC et des télécoms actuellement ?

Viviane Reding, Commissaire en charge des Télécommunications. La politique européenne en matière de télécommunications a permis le développement de marchés compétitifs. Au fil des ans, les fournisseurs de services et les fabricants ont dû s’adapter pour offrir de nouveaux produits et des services plus innovants. C’est d’après moi un changement très positif et de manière générale, je suis très confiante en ce qui concerne le secteur des télécoms. En effet, les données du secteur sont excellentes : 30% du marché mondial des TIC est base en Europe. Ce marché a une croissance annuelle de 4 à 5 % par an. On connaît aussi le succès du standard GSM qui est né en Europe et qui est maintenant utilisé par plus de 3 milliards d’individus dans le monde, répartis sur plus de 200 pays.

Quant au secteur des télécommunications, il pèse près de 300 milliards d’euros, soit 2% du PIB de l’UE, et pour la cinquième année consécutive, les investissements ont augmenté dans l’UE et ont dépassé les 50 milliards d’euros en 2007. Par ailleurs, le trafic de données des réseaux mobiles continue de croître, comme en témoigne le taux de pénétration du téléphone portable qui depuis le début de cette Commission, est passé de 85% à 112% de la population de l’UE. Bien entendu, ces succès n’empêchent pas des résultats et des succès variables selon les acteurs du marché. Là encore, c’est la capacité d’innovation des entreprises, leur stratégie de développement, la qualité de leur gestion et la satisfaction de leurs clients qui feront la différence et joueront un rôle fondamental dans leur performance sur le marché européen et mondial.

-L’accès au haut débit n’est pas le même partout en Europe. Quelles sont les principales mesures qui ont ou qui vont être prises ?

La législation européenne en matière de Télécoms doit assurer l’accès de tous les citoyens à Internet. Plus de la moitié des Européens utilisent régulièrement l’Internet aujourd’hui, ce dont on peut d’ores et déjà se féliciter. Il reste cependant beaucoup à faire pour encourager l’autre moitié à adopter les technologies de l’information et de la communication. Il est vrai qu’il existe de grandes disparités d’un pays à l’autre : le paysage du haut débit en Europe reste extrêmement fragmenté. Ces disparités s’expliquent par différents facteurs, tels la couverture géographique, les vitesses de connexion, les prix et les usages qui diffèrent selon les Etats, ce qui rend d’autant plus difficiles les comparaisons à l’échelle européenne. L’indicateur de performance du haut débit (ou BPI) que nous venons de présenter dans notre Communication sur les réseaux et l’internet du futur devrait y remédier.

La Commission a par ailleurs prévu d’utiliser les fonds structurels européens pour le développement d’infrastructures et de services à large bande, rapides et abordables. Enfin, nous coopérons étroitement avec les gouvernements afin de faire des évaluations comparatives et échanger les bonnes pratiques.

C’est ainsi que nous travaillons depuis plusieurs années et on peut dire sans se tromper qu’il existe aujourd’hui un très bon climat pour déployer le haut-débit en Europe. Plusieurs pays européens disposent des meilleures connexions haut-débit au monde et sont à la pointe dans de nombreux domaines. Il nous faut donc poursuivre dans cette direction, notamment grâce à une réglementation des services à haut débit de gros entre les Etats membres de l’Union européenne.

A ce titre, l’une de nos initiatives phares est la Recommandation sur l’accès régulé aux réseaux d’accès de nouvelle génération. Nous travaillons pour ce faire en étroite coopération avec nos collègues de la Direction Générale de la Concurrence, afin d’assurer une sécurité juridique aux investisseurs, aux opérateurs et ce, dans l’intérêt ultime du consommateur.