Les leçons médiatiques d’un Pape ‘high-tech…’

Alors que viennent de s’abréger les souffrances du Pape Jean-Paul II, les hommages n’ont pas cessé de fleurir. Outre son engagement dans divers combats, qu’il faut saluer -puisqu’il fut le pape des déshérités et de la lutte contre les totalitarismes- on constate que ce mystique de Dieu fut un maître ès communication

Sa force d’expression, sa maîtrise du pouvoir, sa connaissance des médias lui ont permis de mettre en branle toute une génération et de mobiliser notamment la jeunesse. Certaines de ces méthodes ont reposé assez largement sur les nouvelles technologies. Internet, la téléphonie, la radio, la télévision, tout lui permettait d’atteindre ses fidèles ouailles à travers toute la planète. Parmi les domaines les plus secrets du Saint Siége, on constate son rôle dans la géo-politique et l’économie mondiale, car outre la forte détermination d’un chef polonais russophone, le Vatican a pu jouir d’un statut particulier parmi les Etats membres de l’Union.

« Vous avez un message du Saint-Siége! » L’impact de Jean-Paul II aura dépassé le siècle. Prenons l’annonce de sa mort: envoyée par e-mail et par SMS. Un bel exemple de communication efficace. Ainsi, le Saint-Siége a annoncé la mort du Pape par e-mail précédé par un SMS aux journalistes. Les agences de presse du monde entier, ont d’abord reçu un texto les informant qu’une déclaration importante se trouvait dans leur messagerie. Le texte du mail reçu était laconique : « Le Saint-Père est mort ce soir à 21h37 (19h37 GMT) dans son appartement privé. » Suivant les procédures, prévues par la constitution apostolique [ndlr : « L’Universi Dominici Gregis »], rédigée par Jean-Paul II, le 22 février 1996, les mesures à prendre ont été mises en ?uvre, dans les règles de l’art. Certains craignent qu’il y ait des fuites sur le nouveau pape, car les cardinaux réunis en conclave disposent depuis déjà un moment de téléphone portable. Enfin cette hypothèse reste peu probable. Quoi qu’il en soit, grâce aux nouvelles technologies le Saint-Père a relevé le défi de la communication moderne avec les croyants, en particulier avec les jeunes. Cet aspect peu connu du pontificat de Jean-Paul II semble conférer une dimension toute particulière à ce pontificat. « Papaye Tech » On le sait, la papaye était le fruit préféré du pape défunt, et probablement l’un des remèdes pour lutter contre la maladie d’Alzheimer dont il a tant souffert. Mais ce que l’on sait moins c’est sa passion pour la technologie. Pourtant, le « sportif de Dieu » aimait regarder la télévision dans ses appartements, passait de longues heures au téléphone, et il a modernisé l’Église avec une incroyable rapidité. Grâce à lui, elle est toujours restée dans le coup. On le voit la communication était au centre du succès du pontificat de Jean Paul II. Depuis la nomination du pape Polonais en 1978, l’église a tout fait pour gagner encore plus de fidèles. Dans cette optique, la télévision est un outil essentiel. Un élément qui peut expliquer l’emprise de l’Opus Dei sur le pape. Il n’était pour autant pas totalement manipulé par ce groupe tentaculaire dont il redoutait l’action et la puissance. Sa décision très critiquée de doter l’Opus Dei d’un statut particulier s’explique par sa volonté de contrôler le mouvement, en empêchant qu’il ne cède à des tentations? Pour l’église, il est extrêmement important de maîtriser les outils de communication dont dépendent le succès de la religion. L’un des projets les plus importants et retentissants en matière de communication du Vatican est l’élaboration et le financement par des membres de l’Opus Dei pour se lancer dans l’acquisition d’un satellite catholique de télévision, répondant au doux nom de Lumen 2000 (la lumière). L’existence de ce satellite aurait été possible sans le décès de Piet Derksen en 1996, il était l’inventeur de « Center Parks » et avait lancé le projet Lumen. Pour financer ces ambitions pharaoniques, le Pape était entouré par des hommes d’affaires affiliés au mouvement charismatique. Un autre homme est très présent dans l’ombre de Jean Paul II. ce personnage de l’ombre se nomme Navarro Valls, membre de l’Opus Dei, il a crée en 1991, le Vatican Information (VIS) Service qui n’a normalement pour fonction que de distiller les bulletins d’information, mais qui en réalité maîtrise totalement l’utilisation de l’image et du son. Le VIS a une influence non négligeable sur les trois médias principaux du Vatican : l’Osservatore Romano, Radio Vaticana et la chaîne CTV. Un mini état à la pointe de la technologie

Le Vatican expose ses ?uvres d’art sur Internet, un site diffuse ainsi une partie de sa pléthorique collection de tableaux et sculptures. Pour les fondateurs du site, l’objectif est clair: ils espérent qu’il

« attirera davantage de touristes au Saint Siége et aidera à diffuser le message de l’Église dans le monde ». Le Saint-Siége s’est également lancé en partenariat avec IBM dans la numérisation des manuscrits les plus précieux de la Bibliothèque Apostolique du Vatican, fondée en 1451, et qui compte 150.000 ?uvres et 1,5 million d’ouvrages. Depuis 2001 les attaques sur les sites Internet du Vatican se sont multipliées. L’église est notamment la cible selon le quotidien Il Messagero d’un groupe appelé les « Crimeboys » constitué d’adolescents brésiliens qui cherchent à insérer des insultes ou des obscénités sur les pages Web du Vatican.