Les limites du téléchargement de films

Les services de téléchargement payant de films en ligne se heurtent à une série de difficultés pour imposer leurs produits sur un marché hésitant, freiné par les industriels

Après le succès de la musique en ligne, de iTunes d’Apple aux projets d’implantation en Europe, le cinéma en ligne devrait être la prochaine étape de l’industrie Internet. Mais cette étape tarde à se mettre en place?

La vidéo n’est pas la musique, qui a su s’imposer par sa simplicité et ses standards. Mais aussi par l’étendue des catalogues rapidement mis en ligne, et la rapidité de téléchargement, grâce en particulier aux faibles volumes des fichiers. Qu’en est-il pour un film ? Les formats se font concurrence, et même lorsque ces derniers semblent uniques, les ‘codecs’ viennent en compliquer la lecture. Ces difficultés soulèvent le problème de la compatibilité, mais aussi de la langue. Un artiste chante dans sa langue, ce qui ne heurte pas celui qui l’écoute, même s’il n’en comprend pas les paroles. Pour un film, l’approche est totalement différente. La question des droits est là aussi sensible, à la fois par la crainte du consommateur échaudé entre les pratiques des industriels, mais aussi par le réseau de distribution qui négocie avec des ayant-droits du cinéma, de la télévision ou de la vidéo. Un phénomène amplifié d’une région à l’autre. L’industrie du cinéma, enfin, traîne des pieds. Le risque de piratage lui fait peur. Mais surtout elle craint la baisse des ventes de DVD, un marché juteux en pleine expansion. Les rares expériences en cours, en particulier Movielink aux USA, ont démontré que les industriels ne sont prêts ni à lâcher ne serait-ce qu’une partie de leur catalogue, ni à prendre le risque de voir détourner une part de leur marge. Télécharger un film en ligne ? Une évolution qui semble logique, mais qui pourtant reste actuellement réservée aux sites pirates d’échange? C’est-à-dire à des utilisateurs confirmés de l’informatique et d’Internet, pour qui l’ordinateur a souvent remplacé la télévision. Mais pour le consommateur, au contraire; le cinéma reste réservé à la télévision. Et là il faudra bien trouver une solution.