Cloud public : 2023, l’année d’Oracle ?

cloud public Magic Quadrant 2023

D’une année à l’autre, la position d’Oracle a progressé au Magic Quadrant du cloud public. Comment se présente ce marché ?

Les architectures multiclouds, toujours pas l’idéal pour la plupart des organisations ? Une fois encore, Gartner a glissé un commentaire à ce sujet dans son Magic Quadrant du cloud public d’infrastructure.

Ces architectures « ne conviendront qu’aux clients les plus [avancés] capables de gérer la multitude de défis associés », avait expliqué le cabinet américain l’an dernier. Il se montre plus nuancé cette année, mais ses propos ont toujours le ton d’un avertissement : « Bien [qu’on] puisse souhaite éviter le lock-in, il est actuellement impensable pour la plupart des organisations de maîtriser et d’exploiter pleinement plus de deux fournisseurs. »

D’une année sur l’autre, les critères d’inclusion au Quadrant ont évolué. Y compris sur le volet fonctionnel. Le FaaS n’est plus obligatoire, comme les SDK dans au moins trois langages. Le SLA de 99,9 % pour le compute a disparu, à la faveur d’un SLA global de 99,5 %… pour les services sur lesquels il en existe un (au moins 75 %, exige Gartner).

Comme l’an dernier, les critères financiers ont coûté une place potentielle à des fournisseurs. Première option : avoir réalisé au moins 1 Md$ de revenus en 2022, hors services managés et professionnels. Deuxième option : si l’offre avait moins de trois ans, avoir dégagé au moins 500 M$ de CA, avec 40 % de croissance annuelle.

Avoir une offre de base de données managée était une nouvelle fois indispensable pour figurer au Quadrant. Le serverless est resté optionnel, tout comme l’edge computing, le CI/CD managé, les outils de gestion financière et les capacités IA/ML, entre autres.

Oracle se hisse chez les « leaders »

Classés depuis plusieurs années dans le carré des « leaders », AWS, Google et Microsoft y restent. Oracle les y rejoint. Huawei Cloud rétrograde, au contraire, dans le carré des « acteurs de niche ». Il y côtoie Alibaba Cloud, IBM et Tencent Cloud.

Gartner juge les offreurs sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Sur l’axe « vision », les CSP classés au Quadrant se placent dans cet ordre :

  Fournisseur Évolution 2022-2023
1 Microsoft =
2 AWS =
3 Google =
4 Oracle + 1
5 Alibaba Cloud – 1
6 IBM + 1
7 Tencent Cloud + 1
8 Huawei Cloud =

Sur l’axe « exécution » :

  Fournisseur Évolution 2022-2023
1 AWS =
2 Microsoft =
3 Google =
4 Oracle + 1
5 IBM + 2
6 Alibaba Cloud – 2
7 Huawei Cloud + 1
8 Tencent Cloud – 2

AWS encore tancé sur le multicloud

Deux des bons points que Gartner avait donnés l’an dernier à AWS restent d’actualité. L’un pour la largeur et la profondeur de son catalogue – qui influence souvent le marché dans l’établissement des standards et des grilles tarifaires. L’autre pour l’écosystème de partenaires – marketplace comprise. Cette année s’y ajoute l’innovation hardware, avec deux symboles : les cartes Nitro et les chipsets Arm maison.

L’an dernier, Gartner regrettait le manque de capacité d’AWS à accompagner les stratégies multiclouds et « souveraines ». Son propos n’a pas sensiblement évolué : cela « manque d’outils et de conseils touchant directement aux cas d’usage multiclouds ».
Autre reproche : une trop grande emphase sur le lift & shift. Cela résonne avec la tendance à « optimiser pour le court terme » que Gartner avait pointée l’an dernier.

Google : beaucoup de previews à durée indéterminée

Salué l’an dernier pour sa flexibilité en matière de cloud souverain, Google l’est cette année dans le domaine de la soutenabilité environnementale. Il a la plus haute note du Quadrant sur ce point. L’IA lui vaut un autre bon point, tant par son catalogue d’outils que par la capacité à développer ses propres modèles et à les intégrer « en profondeur » dans ses services.
Autre élément positif : une application de ses principes de design plus cohérente que chez les concurrents. Conséquence : les ingés cloud, en particulier, trouvent les API plus faciles à utiliser.

On ne peut pas en dire autant du timing de commercialisation : Google a tendance à lancer des previews sans s’engager sur une date de disponibilité globale. Gartner souligne aussi une maturité inégale chez les partenaires et une intégration minimale avec les autres produits du groupe, dont la suite Google Workspace.

Microsoft pointé pour la résilience…

Salué l’an dernier, l’écosystème de partenaires reste un point fort de Microsoft. Gartner y ajoute l’adéquation de l’offre avec de nombreux cas d’usages axés développeurs, du traitement de données à la modernisation applicative. Il mentionne aussi l’extension des outils de gestion Azure hors du cloud de Microsoft à travers Azure Resource Manager et la passerelle Azure Arc.

Contrairement à l’an dernier, pas de point négatif sur le pricing, ni sur l’innovation. Cette fois, la qualité du support laisse à désirer. S’y ajoutent des « problèmes persistants » de résilience (Gartner l’illustre par l’incident à Singapour en janvier 2023) et de sécurité (de sérieuses vulnérabilités découvertes ces deux dernières années). Ainsi que la dépendance entre certains services Azure… ce qui menace de faire monter la facture.

… comme Oracle

Oracle se distingue sur le sujet du cloud distribué et souverain, qu’il s’agisse de la capacité à déployer chez les clients, chez des partenaires ou dans des régions déconnectées. Les intégrations multiclouds sont un autre point fort avec, entre autres, l’interconnexion Azure et la disponibilité de ses bases de données sur AWS. Oracle est par ailleurs désormais « au niveau des leaders » de ce marché en matière de rapidité à déployer de nouvelles fonctionnalités.

Sur le volet GenAI, on attendra : l’offre est moins mature que chez la concurrence. Et moins mise en avant, malgré le partenariat avec NVIDIA. Gartner regrette aussi les options limitées pour la résilience et l’expérience inégale de support.

Illustration © Elnur Amikishiyev – Adobe Stock