Oracle lance une OPA sur Siebel valorisé à $6 milliards

Les grandes manoeuvres dans le secteur des progiciels repartent de plus belle. Avec ce rachat, Oracle deviendrait le numéro un du CRM

Décidément, cette rentrée est synonyme de vagues de rachats. Après l’acquisition de Skype par eBay, c’est au tour du secteur très actif des progiciels de se rappeler à notre bon souvenir.

Depuis peu, tous les observateurs indiquaient que des rachats importants seraient opérés dans ce secteur. On en a aujourd’hui la preuve concrète avec l’OPA amicale de l’incontournable Oracle sur son concurrent Siebel Systems, spécialiste du CRM (relation client). Ce n’est une surprise pour personne. On sait depuis longtemps que Siebel est une proie potentielle pour Oracle, notamment à cause de ses récents mauvais résulats financiers. Les discussions entre les deux groupes auraient débuté en avril dernier. Oracle propose aujourd’hui 10,66 dollars par action Siebel, ce qui valorise l’éditeur à 3,61 milliards de dollars. Oracle précise que la transaction est valorisée 5,85 milliards de dollars, si l’on tient compte du cash de Siebel: 2,2 milliards de liquidités. Le prix proposé par Oracle représente une prime de 16,75% sur le cours de clôture de 9,13 dollars de Siebel vendredi soir. Le comité directeur de Siebel, et son fondateur Tom Siebel, ont d’ores et déjà accepté l’offre de rachat. Le géant des progiciels poursuit donc ses emplettes à grande vitesse après le rachat de PeopleSoft (incluant celui de JD Edwards), de ProfitLogic et celui de Retek. Objectif: supplanter l’allemand SAP. Selon les analystes, cette vague de concentration s’explique facilement. Le secteur fait face à un problème : trop d’éditeurs proposent des produits similaires. Et forcément, c’est l’embouteillage. Face à la difficulté de développer de nouveaux produits, à la rareté des nouveaux marchés, et à la présence de trop nombreux acteurs, la question est de savoir qui va jouer du klaxon le plus fort. C’est du moins ce que pense l’hebdomadaire Barron’s cité par Reuters : « Il y a maintenant un trop grand nombre d’éditeurs proposant des produits similaires à un nombre insuffisant de clients » Et pour le magazine, la conséquence est évidente: « cette situation pousse à une consolidation du secteur. » Siebel faisait ainsi partie des entreprises ‘OPéables’. Par ailleurs, sa situation financière n’est pas au beau fixe: au premier trimestre, Siebel a vu ses ventes de logiciels neufs chuter à 75 millions de dollars, contre 127 millions un an plus tôt. Oracle aura donc été le premier à tirer. Pourtant, en mai dernier, Siebel révélait que des « opportunités potentielles » lui avaient récemment été proposées, y compris des offres de reprise, mais qu’aucune ne lui a semblé suffisamment pertinente pour être soumise au conseil d’administration réuni au complet. Mieux, George Shaheen, le tout nouveau directeur général, avait assuré être à l’affût d’acquisitions mais s’est refusé à donner des détails. « Nous allons rechercher des acquisitions stratégiques », avait-t-il déclaré lors d’une présentation aux investisseurs à New York. Avec ce rachat, Oracle devient le numéro un mondial des applications CRM. Selon IDC, le marché du CRM devrait atteindre 10 milliards de dollars en 2009. Oracle explique que les clients communs aux deux entreprises recommandaient une telle transaction depuis plus d’un an et que Siebel jugeait que la combinaison de ses applications logicielles et des capacités de développement d’Oracle était l’un des points forts d’un tel rapprochement. La plupart des applications de Siebel se développent en effet à partir de bases de données d’Oracle. Reste maintenant à connaître la réaction du conseil d’administration de Siebel. Se laisseront-ils tenter ou joueront-ils la surenchère? Ce rachat devra également être avalisé par les autorités de la concurrence car le marché pourrait vite se retrouver en situation de duopole. SAP pourrait réagir

Cible numéro un d’Oracle, SAP pourrait contre-attquer suite à l’OPA visant Siebel. SAP pourrait racheter un concurrent de Siebel, en l’occurrence Salesforce.com, ou encore BEA Systems, spécialisé dans la vente de logiciels d’infrastructures.