TRIBUNE: Capgemini en grève ou la redéfinition des métiers d’informaticiens…

La forte demande sur les postes informatiques (diplômés) attisent les revendications salariales…

Nul doute que l’annonce d’un nombre important d’offre de postes d’informaticiens diplômés aura pour effet presque mécanique des hausses de salaire substantielles qui vont se répercuter sur le marche du travail. C’est vraisemblablement cette situation qui a poussé les syndicats de Capgemini à la grève. Ils exigent une meilleure répartition du gâteau.

Cependant, les métiers évoluent rapidement. Aujourd’hui, derrière le vocable d' »informaticien » se cachent une multitude de métiers différents qui n’ont de commun que l’utilisation à un niveau plus ou moins poussé, d’outils informatiques.

Qu’y a t-il de commun entre un consultant qui paramètre une application SAP, un développeur d’applications Internet et un administrateur de système ? Ces derniers auraient même tendance à disparaître au profit de consultants de constructeurs.

Les réseaux, sont devenus des boîtes noires que l’on assemble comme des jeux de Lego et qui fonctionnent selon le style dit « plug and play ». De plus, des non-informaticiens ont passé une bonne partie de leurs études derrière un ordinateur et leurs besoins en support et assistance sont très spécifiques à leur métier.

Les politiques informatiques des entreprises, lorsqu’elles existent…, ne sont plus menées en fonction d’un objectif qui s’inscrit dans une perspective à long terme, mais en termes d’efficacité et de performances financières.

Dans les sociétés de services, se trouvent des individus qui ont des compétences très pointues mais dans des domaines qui ne trouvent plus leur place sur le marché. Cette situation pèse sur leurs revenus, désormais directement liée à la facturation de leur activité. En plus, on leur demande de vendre leurs prestations ce qui n’est pas leur métier.

Nous assistons donc à une crise larvée qui est propre à toute évolution des métiers liée à une évolution des technologies.

Cette situation soulève la question de la formation initiale. En quoi celle-ci est-elle de nature à pérenniser l’activité ? Quels sont les domaines incontournables qui permettront une compréhension des technologies futures? Quelles sont les matières qui il convient d’enseigner aux individus qui leur permettront de s’adapter aux évolutions des organisations et des mentalités ? Est-on prêt à abandonner, à l’échelon national, un certain savoir-faire ?

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(*) Professeur à l’Ecole Centrale Paris, chargé de cours à l’Université de Picardie