Dossier : le Big Data va-t-il forcer le modèle L.A.M.P. à muter ?

lamp stack
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Basée sur Linux, Apache, MySQL et PHP, l’architecture LAMP propulse des millions de sites web. Mais est- elle en phase avec les futurs besoins des entreprises, à l’heure du big data ?

II – LAMP à l’heure d’une nouvelle ère : vers un L.A.N.P. ou vers un nouveau M ?

Dans son article «De Nouveaux Outils pour une Nouvelle ère », Ravi Kalakota, consultant et auteur de l’ouvrage E-Business 2.0: Roadmap for Success, constatait qu’« avec le Big Data, c’est la première fois en 30 ans que nous repensons les bases de données et la manière de gérer les informations ». Une ère sous le signe de Hadoop, NoSQL, BIgTable et autres Appliances comme Oracle Exadata Database Machine ou SAP HANA qui pourraient rendre caduques des outils qui ne savent pas gérer ces problématiques.

Les commerciaux de SAP, Amazon, Microsoft ou Oracle ne se privent d’ailleurs pas pour faire remarquer aux Startups qu’elles auront de gros problèmes pour gérer leurs serveurs lors de la montée en charge si elles commencent sur un modèle LAMP. On l’aura compris, si ces prévisions se confirment et que le Big Data d’aujourd’hui devient le Normal Data de demain, le gros point faible de LAMP se trouvera au niveau sa brique SGBD.

L’air du temps va-t-il rendre MySQL caduque ? En tout cas Oracle a changé le discours marketing et ré-oriente de plus en plus la base de données vers les seules usages webs, laissant le marché des entreprises et des applications critiques à Oracle Database.

Si on élargit la réflexion sur cette brique, on peut également se demander si MySQL a un avenir tout court avec la défiance du monde open-source envers Oracle. Pas de roadmap claire sur le long terme. Augmentation des tarifs de support. L’arrivée de nouvelles alternatives communautaires comme MariaDB (fork du créateur de MySQL) avec de nouveaux supports comme SkySQL.

Sans oublier le fait que MySQL deviendrait moins ouvert. C’est ce qu’affirme en tout cas Sergei Globuchik, Vice Président de MariaDB, en constatant la disparition de tests unitaires et d’un certain nombre d’historiques de révision qui permettaient aux implémentations alternatives de garder un maximum de compatibilité avec la base originale. Une évolution qui pourrait rapidement pousser LAMP à changer son M pour le P de PostgreSQL Ou pour le N de NoSQL) pour devenir le meilleur « LAMP-like » capable de traiter ces nouvelles problématiques du Big Data.

En fait, comme le rappelle Ravi Kalakota, une solution open-source existe déjà pour cette « nouvelle ère » qu’il décrit. Elle s’appelle MongoDB. « MongoDB est devenu la base de donnée leader dans le NoSQL avec plus de 100.000 téléchargement par mois ». Et cerise sur le gâteau, elle commence par un M.

Son installation au côté de Apache, de PHP/Pearl/Python (pour lesquels MongoDB est livré avec des pilotes, même si son langage natif est le JavaScript) et d’une distribution comme Ubuntu Server reste très simple. Autre avantage, MongoDB possède un connecteur pour une des technologies phares les plus à même de s’imposer comme un standard dans le Big Data : HADOOP. Résultat, des voix s’élèvent pour demander son intégration pour redonner un coup de fouet au modèle LAMP.

C’est une piste intéressante que défend Guy Harrison, vice-président de la R&D de l’unité Database Management chez Quest Software (Dell). Pour lui, « MySQL n’a pas fait le succès de LAMP parce qu’il était plus rapide ou plus sûr que les alternatives d’Oracle, mais parce qu’il était plus simple à déployer, à administrer et moins coûteux. […] De la même manière, le choix de MongoDB oblige à des compromis quand on le compare à la concurrence. Mais il est économique et developer-friendly ». Et de conclure que pour lui MongoDB est à la fois « le MySQL du monde NoSQL » et « un nouveau M potentiel pour LAMP ».

Malheureusement, tout ceci n’est qu’une éventualité. Il n’y a pas encore à proprement parler de stack « LAMP-like » pour le Big Data et l’introduction de MongoDB n’est pas à l’ordre du jour. Conséquence, la concurrence se positionne sans attendre cette mutation de LAMP. Car les éditeurs de solutions propriétaires, s’ils ne donnent pas dans l’open-source, ont en partie retenue la leçon que leur a infligé la stack. Leurs solutions ne sont pas facilement testables ? Qu’à cela ne tienne. Le Cloud permet d’essayer in-situ.

Des briques open-sources sont plus performantes que les briques maisons ou les clients ne veulent pas tout acheter chez un seul fournisseur ? Pas de problème… L’ouverture est devenue une règle commerciale parfaitement intégrée. A tel point que des observateurs de l’open-source comme Dan Woods, journaliste pour Forbes et auteur d’une vingtaine de livres dont « Open Source for the Enterprise », prédisent que le (ou les) prochain(s) modèle(s) de référence pourrai(en)t être hybride(s).

Reste une question sur le Big Data lui-même. S’il y  bien une leçon que LAMP a donné, c’est celle que pour réussir, il faut faire simple. Or aujourd’hui, aucune solution de traitement de données intensives n’est vraiment pratique. En tout cas aussi pratique qu’un LAMP ou suffisamment pour s’imposer jusque dans les PME. Hadoop par exemple n’est pas une usine à gaz. Mais pour certains ce n’est pas loin d’être le cas.

En résumé, sur le long terme, c’est la capacité de LAMP à évoluer et à répondre aussi à la combinaison des 3 V – volume, vitesse, variété –  qui fera la pérennité du modèle. Mais c’est bien la simplicité que cherche les entreprises. Et aucune autre stack ne « ringardisera » LAMP sur ce point.

« C’est une opportunité pour des startups comme Cloudera qui cherchent à faire grandir l’écosystème d’Apache Hadoop en rendant son usage plus simple », note Ravi Kalakota. Pour mémoire, Cloudera est une distribution d’Hadoop (un outil graphique desktop pour gérer Hadoop).

En attendant, le Big Data n’est pas à la portée de tous. Et cette situation est aussi une chance pour LAMP. Car, entre les solutions open-source pas encore assez « user-friendly » et des solutions propriétaires payantes – et encore coûteuse pour des PMEs – le modèle pourrait bien rester le choix de prédilection des entreprises, notamment de celles qui débutent.

 

Conclusion :

LAMP dépassé pour les TPE et petites PME qui ne veulent pas s’occuper de leurs infrastructures IT ? Oui. Par le Cloud et les outils clefs en main. La consumérisation de l’IT – poussé par les grands acteurs du marché- comme Microsoft qui pour la première fois propose de tester Windows Server sans serveur, directement dans Azure – peuvent mettre à mal un modèle simple, mais à déployer soi-même.

LAMP pas scalable pour le Big Data ? Pour l’instant non (il faut dire qu’à la base, il n’a pas été  conçu pour cela). Mais avec une nouvelle brique comme MongoDB (ce qui répondrait au passage aussi bien aux problématiques Big Data que e-commerce), l’histoire pourrait connaître un rebondissement.

Mais en attendant l’évènement de cette nouvelle ère tant annoncée, LAMP brille toujours dans le royaume des serveurs. Et pour briller également dans le Cloud, virtualisé. C’est en tout cas le second souffle qu’on lui souhaite pour ses usages traditionnels.

 

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