Eric Sèle (Ciena) : « Une nouvelle architecture réseau s’impose »

Eric Sèle, directeur de Ciena sur la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique

Face à la saturation du trafic, Ciena invite à la reconfiguration de l’architecture réseau. Ce qui ouvrira la monétisation des services personnalisés.

« L’évolution des capacités optiques vers le 400G et au-delà ne suffira pas à faire face au trafic exponentiel qui va s’intensifier, notamment avec l’explosion du M2M », nous déclare Eric Sèle, dirigeant de Ciena Europe du Sud, Centrale, Moyen-Orient et Afrique, dans le cadre du Mobile World Congress de Barcelone (MWC).

Selon lui, seule une nouvelle architecture réseau fixe pourra y répondre. Une tendance globalement partagée par la profession à laquelle l’équipementier américain répond par une offre baptisée oPen (Optical Packet Exponential).

Apporter plus d’intelligence au réseau

L’idée générale est à la fois d’acheminer le consommateur vers le contenu (user to content) et de faire dialoguer les datacenters entre eux (content to content) tout en apportant plus d’intelligence au trafic. « Dans un réseau maillé construit autour des routeurs, 60% des vérifications du routage des paquets ne servent à rien, ce qui coûte cher et complique la montée en puissance », rappelle le dirigeant.

La gestion de la couche physique (Layer 0) de la fibre, combinée au découpage de la longueur d’onde (optical transmission network) et au Packet Ethernet Optical, qui permet de descendre en granularité dans la gestion des données, apportera cette intelligence et optimisera le réseau. Des technologies supportées à travers les gammes 6500, 5400 et 3900 des boîtiers de Ciena.

Un réseau reconfigurable automatiquement

« Cela permet de reconfigurer le réseau en optimisant la capacité et offrir des services personnalisés. » Par exemple, être en mesure de vendre une forte capacité de bande passante 2 heures par semaine pour des opérations de backup plutôt qu’avoir à louer une liaison complète inutilisée la plupart du temps.

Un réseau totalement programmable aujourd’hui qui, demain, pourra se reconfigurer automatiquement en temps réel en fonction de l’analyse du trafic. « C’est l’étape d’après », indique Eric Sèle. Qui ajoute que « les routeurs se déplacent vers les nœuds stratégiques et à la périphérie » du réseau.

Encore faut-il aller vers cette nouvelle architecture sans bouleverser l’existant à l’heure où les opérateurs voient leurs revenus tirés vers le bas. Une problématique à laquelle Ciena répond d’une part par WebLogic3 (une technologie qui assure le transport des données indépendamment de la qualité de la fibre) ; et d’autre part en invitant les opérateurs à monétiser leurs réseaux à la carte.

Monétisation des services par métiers

Ce qui se fera notamment par le métier. « Nous regardons les segments verticaux (santé, industrie, banque, etc.) à coup d’analytiques sur lesquels les opérateurs pourront proposer des offres spécifiques », précise Eric Sèle. L’équipementier y a dédié une équipe de 150 personnes.

« C’est une petite révolution, mais elle est en marche, conclut Eric Sèle. Cet aspect de modernisation va nous permettre de traverser la crise. » Quant à ceux qui n’auront pas trouvé leur modèle économique, ils pourraient disparaître d’ici deux ans, spécule le dirigeant.