IBM fait le ménage en Europe: 13.000 postes supprimés

La tension sociale monte d’un cran chez Big Blue. En Europe, ce sont 10.000 à 13.000 emplois qui sont concernés par la réorganisation. En France, le constructeur chinois évoque sa stratégie alors qu’une centaine de salariés refuse toujours le transfert

Les événements s’accélèrent chez IBM. Quelques jours après le bouclage officiel du rachat de la division PC par le chinois Lenovo, IBM remet sur les rails sur important plan de restructuration visant à réduire ses coûts en s’orientant quasi-exclusivement vers les services.

Les rumeurs se multipliaient, cette fois IBM a confirmé ce mercredi de nombreuses coupes franches en Europe. Et les pires prévisions des analystes (voir notre article) se confirment. Ce sont 10.000 à 13.000 emplois, soit environ 10% des effectifs, qui sont concernés: licenciements, départs naturels ou transferts. BigBlue compte « s’attaquer » aux pays où les coûts salariaux sont les plus élevés, en l’occurrence l’Allemagne ou le Royaume-Uni et transférer une partie des activités vers la Pologne, la Hongrie ou la République Tchèque. En Allemagne, environ 2.000 postes sont visés par la réorganisation. Deux sites employant 500 salariés pourraient fermer d’ici fin mai, et 1.000 autres postes devraient être transférés dans des pays d’Europe de l’Est. Le puissant syndicat de la métallurgie IG Metall a indiqué en citant des « sources bien informées » que « jusqu’à 10% » des quelque 25.000 salariés d’IBM dans ce pays devraient perdre leur emploi. Au Royaume-Uni, près d’un millier de postes seront également délocalisés. Un nombre identique seront transférés vers l’Inde depuis la Suède et le Danemark. En France, les effectifs français seront fortement touchés selon les syndictas. Rappelons qu’en avril dernier, IBM France annonçait un plan de suppression de 825 emplois d’ici à la fin de l’année. En quinze ans, les effectifs français ont été divisés par plus de deux (de 24.000 à 11.000). Cette restructuration concerne les activités de services et de fourniture d’infrastructures informatiques aux entreprises répartie sur 11 sites (Paris, Lille, Bordeaux, Lyon, Marseille…). CFDT, CFE-CGC, CGT, FO, CFTC et Unsa d’IBM-France ont décidé de convoquer des assemblées générales de personnels les 12 et 13 mai pour préparer une « journée nationale d’action » le 23 mai, visant à exiger « zéro licenciement » et « des améliorations sensibles des conditions de départs volontaires », a indiqué Michel Perraud, délégué syndical CFDT, premier syndicat d’IBM-France. Lenovo: quid en France?

En France, Jean-Michel Donner, p-dg de Lenovo France (ex-IBM PCD) a tenu à faire le point sur la stratégie du constructeur. 10 millions de dollars seront consacrés à la communication et au marketing. Côté produits, il s’agirait de rééquilibrer le portefeuille entre les PC de bureau, spécialité de Lenovo et les portables d’IBM. Lenovo envisagerait également de commercialiser des produits IBM sur le marché grand public. Un retour symbolique pour Big Blue qui a abandonné ce marché il y a plusieurs années. Côté social, la situation semble toujours bloquée. 110 salariés doivent rejoindre une nouvelle structure détenue majoritairement par Lenovo. Un transfert qui passe mal. Le syndicat CFTC souligne que les salariés ne retrouveront pas

les mêmes valeurs dans la filiale d’un Etat totalitaire » et demande l’application d’une clause de conscience afin de permettre à tous les salariés d’avoir le choix de suivre ou non le nouveau propriétaire. Un référé a également été déposé devant le tribunal de Nanterre pour suspendre ce transfert. L’audience aura lieu le 29 mai. De son côté, Jean-Michel Donner s’est voulu rassurant: « Lenovo est une société de droit français qui garantit à ses employés des conditions d’emploi identiques à celles qu’ils avaient chez IBM ». Mais le p-dg refuse toute clause de conscience.