L’Icann et ses alliés étudient une gouvernance d’Internet mondialisée

À l’initiative de l’Icann, des personnalités issues de l’industrie et de la société civile forment un groupe de réflexion sur l’avenir de la coopération internationale pour Internet. Les États-Unis, jusqu’ici hostiles à l’extension des prérogatives de l’ONU au réseau des réseaux, mais affaiblis par l’affaire Prism, vont-ils modifier leur stratégie en 2014 ?

L’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une des organisations responsables de l’infrastructure technique mondiale d’Internet, annonce la constitution d’un groupe de réflexion sur l’avenir de la gouvernance d’Internet. Ses membres sont des représentants des pouvoirs publics, de la société civile et de l’industrie.

La création de cette commission (Panel on the Future of Global Internet Cooperation) fait suite aux révélations sur le programme d’écoutes massives de la NSA américaine et à la signature d’une déclaration d’intention en faveur d’une gestion cohérente d’Internet au niveau mondial par l’Icann et neuf autres structures, dont le W3C, l’Internet Society et l’IETF.

Du père de l’Internet au président de l’Estonie

Administré par l’Icann et piloté par Toomas Hendrik Ilve, président estonien et promoteur d’un Internet « ouvert, sécurisé et accessible », la Commission sur l’avenir de la coopération mondiale pour Internet regroupe, à ce jour, une vingtaine de membres.

Parmi eux, figurent : Vinton Cerf, un des pères d’Internet, ex-président de l’Icann et actuel « évangéliste en chef » chez Google ; Mitchell Baker, présidente de la Mozilla Foundation ; Virgilio Almeida, membre de l’académie brésilienne des sciences ; Liu Qingfeng, PDG d’iFlyTek (Chine) ; Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia, et Frank La Rue, rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression.

Les États-Unis face aux marchés émergents

Le groupe de réflexion, en cours de constitution, étudiera les principes d’une coopération mondiale pour Internet, proposera un cadre de travail pour une telle coopération ainsi qu’une feuille de route concernant  « les futurs défis en matière de gouvernance Internet ».

Des précisions doivent être apportées par la commission lors d’une première réunion prévue à Londres les 12 et 13 décembre prochains. Cette rencontre doit être suivie par la publication d’un rapport début 2014.

Les États-Unis, qui pilotent l’Icann et se sont jusqu’ici montrés hostiles à l’extension des prérogatives des Nations Unies au réseau mondial, vont-ils réviser leur copie ? D’autres gouvernements, dont ceux de la Chine et la Russie, militent en effet pour une évolution des règles de gouvernance d’Internet en leur faveur. Les révélations sur les écoutes de la NSA, distillées dans la presse par le lanceur d’alertes Edward Snowden aujourd’hui réfugié en Russie, donnent aujourd’hui du poids à leur revendications.


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