Les Etats-Unis ne sont pas prêts pour la cyberguerre

Après une simulation d’envergure nationale, les services de l’Oncle Sam ne se sentent pas en mesure de parer une attaque de type cyber

« Le territoire des Etats-Unis n’est pas préparé à une attaque hostile de taille majeure contre ses intérêts et réseaux vitaux », voilà ce que rapporte l’agence de presse Reutersà l’issu d’une simulation de cyberguerre.

Pendant deux jours, 230 représentants du gouvernement et des industries se sont livrés à un cas d’école de type cyber-attaque des réseaux. Ces responsables des agences de sécurité, du gouvernement ou encore de compagnies privées en sont arrivés au même constat : des failles dans les communications ou bien dans la chaîne de commandement ont été révélées au grand jour.

Ce cycle de simulations mis en place un an après l’arrivée au pouvoir de Georges W. Bush a pour objectif d’aider les responsables américains à connaître les défauts du système et apprendre des éventuelles méthodes d’attaques imaginées par des hackers. Une prise de conscience du président républicain au vu des conséquences que pourrait entraîner une attaque d’envergure sur les systèmes bancaires ou sur l’ensemble des infrastructures énergétiques du pays.

Au titre des ennemis potentiels, les responsables américains n’ont pas établi de « liste noire » des Etats vers lesquels les menaces pourraient provenir mais disent s’attendre à des attaques du type que celle qu’a connu l’Estonie en 2007. A savoir des intrusions sur les sites officiels et les services vitaux d’un pays.

Durant cette simulation, visant à observer une « vulnérabilité économique« , le but recherché par les participants était d’améliorer les connexions entre industries privées et le Gouvernement.

Le secrétaire d’Etat à la Sécurité Intérieure Michael Chertoff a averti les participants que ce type de cyber-attaques allait devenir chose commune dans les années à venir afin de « dégrader la chaîne de commandement avant une attaque bien physique. En addition à une menace d’attaque criminelle ou terroriste« . Un avertissement à la nouvelle équipe mise en place par Barack Obama (voir encadré) qui devra se faire à l’idée d’être sous la menace constante pour protéger ses réseaux.

Déjà, le futur président, alors simple candidat, s’était penché sur la question du cyber-terrorisme. Lors d’un discours, il préconisait déjà quelques mesures: « Si j’étais président, je mettrais la cybersécurité à la place qu’elle doit être, c’est-à-dire, une priorité principale. Je déclarerais notre infrastructure informatique comme un avantage stratégique et nommerait un conseiller national du cyber, sorte de conseiller personnel« .

Barack Obama, après avoir été le premier président Web 2.0, sera-t-il l’instigateur d’une nouvelle politique de défense américaine, reléguant le bouclier de défense antimissiles de son prédécesseur à un positionnement digne de la guerre froide ?

Les hommes (de sciences) du Président Les tenants de la cyber-guerre feraient-ils leur entrée dans le bureau ovale ? Une sorte de « Thinktank » (centre de réflexion) pourrait voir le jour, plutôt qu’un unique Monsieur sécurité au sein des services gouvernementaux américains.C’est donc John Holdren, l’actuel patron du Woods Hole Research Center(organisme spécialisé dans l’environnement, les eaux et forets ou encore le cycle du carbone…), qui a été nommé directeur du bureau science et technologie de la Maison Blanche. Il sera épaulé par Steven Chu, un expert reconnu dans les énergies nouvelles.Au-delà des nominations, c’est le caractère particulier donné aux scientifiques au sein de l’administration Obama qui peut étonner. Un statut de première importance conféré à la science et à ses scientifiques. Une place qui peut amener des changements dans la politique américaine. Loin, très loin des discours créationnistes évoqués sous l’ère Bush.