Recycler pour ne pas détruire : les disques durs au défi de la durabilité

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En étroite collaboration avec l’ensemble de l’écosystème clients, fournisseurs, partenaires et employés, il est maintenant temps d’identifier et de mettre en œuvre des améliorations substantielles au service de l’ensemble de l’industrie et, in fine contribuer à protéger la planète.

Selon un récent rapport des Nations Unies, environ 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques sont produites chaque année à travers le monde. Cependant, une grande majorité (83 %) ne serait ni recyclée, ni même collectée. Face à l’augmentation des volumes de matériel produit et éliminé, nous sommes confrontés à ce que les Nations Unies ont qualifié de « tsunami de déchets électroniques », qui met notre planète en grave danger.

Afin de disposer d’une vision éclairée de la situation, il est important de contextualiser la question des périphériques de stockage de données. Nous créons tous un nombre croissant de données, et ce plus rapidement que jamais. Selon un récent rapport d’IDC, 221 Zo de données seront générés d’ici 2026 dans le monde, accélérant ainsi encore plus la demande en disques durs.

A mesure que ces volumes de données continuent de croître, la production de solutions matérielles croit également induisant de fait la quantité potentielle de nouveaux déchets. Une étude de la Commission Européenne a estimé qu’environ la moitié des disques durs utilisés au sein de l’UE sont détruits lorsqu’ils sont hors service, produisant ainsi un immense volume de déchets. L’ensemble des experts s’accorde à dire qu’il est désormais urgent de créer une sphère de données plus durable.

À la fin de la vie d’un disque, les données doivent évidemment être protégées et restent soumises aux lois internationales de confidentialité, aux réglementations sur la propriété intellectuelle et sur les violations de données. Ces réglementations peuvent toutes s’accompagner de sanctions financières, comme des amendes en cas de violation.

La plupart des parties prenantes pensent à tort que la seule solution, mais également la plus facile à mettre en œuvre, consiste à détruire les disques durs usagés, par broyage, afin de rendre les informations sensibles ou confidentielles stockées totalement irrécupérables. Or le recyclage assure non seulement la suppression sécurisée des données, mais aussi la réduction des déchets électroniques là où le broyage génère un gaspillage inutile, notamment de métaux rares.

On estime que 432 millions €  seraient perdus chaque année en matériaux précieux bruts issus des déchets électroniques (notamment or, argent, cuivre, platine, aluminium ou encore cobalt).

Selon de nombreux experts de l’industrie, dont Felice Alfieri (Commission européenne) – auteur d’un rapport sur la durabilité du matériel technologique et des centres de données -, le broyage des disques durs n’est pas nécessaire du point de vue de la sécurité des données. Felice Alfieri plaide pour la suppression des données en amont, plutôt que pour la destruction pure et simple du matériel.

En effet, il existe des innovations en mesure d’empêcher cette croissance de déchets électroniques. Alors que chaque disque dur finira par sortir naturellement des cycles d’utilisation, il existe des solutions efficaces d’extension de leur durée de vie ou de recyclage.

Voici cinq actions que l’industrie du stockage informatique peut mener, pour jouer un rôle majeur et relever le défi du traitement des déchets électroniques, dans l’optique de réduire l’impact environnemental.

> Proposer des solutions plus sécurisées

Les logiciels d’effacement permettent de supprimer en toute sécurité les informations stockées, afin de garantir qu’elles ne soient plus accessibles. Des disques à chiffrement automatique et des capacités d’effacement sécurisé instantané Instant Secure Erase (ISE) peuvent être employées. Les disques durs peuvent être effacés numériquement, grâce à la suppression des données, pour assurer un futur redéploiement sur le marché.

> Prolonger la durée de vie du produit

Investir dans l’amélioration de la conception et de la production des disques durs, de bout en bout, est indispensable. Cela permet de réduire les émissions de CO2, tout comme l’utilisation de matières précieuses et finies. Cette notion de conception circulaire prend en considération des facteurs clés, tels que les composants modulaires, utilisant des matériaux recyclables et pouvant être facilement démontés pour une remise à neuf. Prolonger la durée de vie du disque offre par ailleurs des avantages financiers importants pour les entreprises.

> Travailler en collaboration

Collaborer avec les acteurs de l’industrie et les fournisseurs permet de planifier en amont la réparation, la réutilisation et la revente de pièces et matériaux tout au long de la chaîne de production. Il est parfois pertinent de faire appel à des experts et organismes majeurs au sein de l’industrie, tels que le Circular Drive Initiative (CDI).

Le CDI travaille de concert avec les entreprises leaders du stockage informatique, de la durabilité et de la blockchain, pour se concentrer sur la réduction des déchets électroniques en permettant une réutilisation sécurisée des appareils de stockage.

> Economiser l’énergie

Appliquer des mesures plus durables tout au long du processus de fabrication des disques durs devient désormais essentiel. Cela peut inclure le refroidissement par eau, l’utilisation d’énergies renouvelables pour alimenter les sites de fabrication et le recyclage à systématiser.

Le respect des normes ISO, lors de la mise en œuvre des processus de gestion de l’énergie, aide à créer un programme de gestion commun et durable sur l’ensemble des sites de fabrication d’une même entreprise ou d’une même industrie.

> Développer les initiatives d’économie circulaire

Mettre au rebut les disques durs est une pratique désormais anachronique. En revanche, la mise en œuvre d’initiatives d’économie circulaire permet de collecter les disques arrivés en fin de vie et de réemployer leurs composants. Certains leaders de l’industrie ont récemment indiqué avoir directement prolongé la durée de vie de plus d’un million de disques durs (HDD) et de stockage SSD au cours de l’année passée.

La remise à neuf de ces disques et leur redéploiement ont ainsi empêché plus de 540 tonnes de déchets électroniques de prendre la direction de la décharge. A ce titre, il a été indiqué que 87 % de ces déchets électroniques non-dangereux avaient été détournés des sites d’enfouissement et que 82 % des déchets dangereux générés avaient été dans le même temps recyclés.

Au-delà de ces mesures, la nécessité d’intégrer à plus long terme l’innovation durable dans les investissements en R&D grandit. Par exemple, la capacité de masse rendue possible par la technologie HAMR (enregistrement magnétique assisté par chaleur) réduit considérablement les émissions de CO2 par téraoctet.

Le processus de fabrication et la consommation d’énergie à vie d’un disque de 2 To ont à peu près la même empreinte carbone qu’un disque de 20 To. Cela offre alors un parcours de données plus durable, mais aussi plus rentable pour les clients.

La circularité et la réaffectation des appareils permettant le stockage des données préserveront de précieux matériaux finis, tout en prolongeant la durée de vie des produits et de certains de leurs composants. L’industrie du stockage doit impérativement reconnaître sa responsabilité et faire face aux impacts environnementaux du stockage de données, dans le but de mettre en place une sphère de données plus durable.

En étroite collaboration avec l’ensemble de l’écosystème clients, fournisseurs, partenaires et employés, il est maintenant temps d’identifier et de mettre en œuvre des améliorations substantielles au service de l’ensemble de l’industrie et, in fine contribuer à protéger la planète.


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