B-com veut unifier Lora et la 2G dans l’Internet des objets

L’Institut de recherche B-com s’apprête à développer une puce reconfigurable capable de supporter les protocoles actuels et futurs de l’Internet des objets.

Unifier les différents protocoles dédiés aux objets connectés dans un seul composant. Tel est le projet qu’entend mener b<>com (B-com). Dans le cadre de la phase 2 de son programme de R&D qui s’ouvre en avril, l’Institut de Recherche Technologique rennais va travailler à la conception d’une puce multi protocoles pour l’Internet des objets (IoT).

A l’heure où la technologie Lora, soutenue depuis janvier 2015 par le consortium éponyme pour contrer les avancées du français Sigfox lancé depuis 2011 sur le marché de l’IoT, se voit aujourd’hui menacée par les standards en cours d’élaboration au sein de la 3GPP (l’association de standardisation des technologies mobiles) sur les technologies 2G et 4G, « nous pensons qu’il faut unifier tout ça avec un mode multistandards afin de s’adapter aux objets et protocoles qu’ils utilisent », estime Michel Corriou, directeur Réseaux et Sécurité de B-com. Qui rappelle que « contrairement au réseau cellulaire, c’est l’objet qui décide quand parler. Plus il y aura d’objets et plus les risques de collisions [des signaux] augmenteront et la qualité de service baissera. Des limitations qui peuvent très vite être atteintes. »

Guerre en vue entre Lora, Sigfox et la 2G

B-com entend donc œuvrer à la conception d’un composant qui « parle » Lora et EC-GSM (Extended Coverage), l’une des technologies IoT GSM en passe d’être normalisée dans la Release 13 du 3GPP en mars prochain. En revanche, « nous ne supporterons pas Sigfox car trop propriétaire », précise Michel Corriou. A l’inverse, ouvert à l’ensemble des membres de l’Alliance, la technologie Lora pourrait être exploitable dans d’autres fréquences que celles accessibles librement, les 868 MHz sur laquelle elle opère aujourd’hui, pour, notamment, assurer son avenir. Michel Corriou craint en effet que, avec la concurrence de l’EC-GSM, « on revive ce qui s’est passé avec le Wimax, poussé par l’IEEE, face au LTE, poussé par la 3GPP. Ma crainte pour Lora et Sigfox est la même car les normes du 3GPP sont celles adoptées par les équipementiers et déployées par les opérateurs. Et l’absence de carte SIM dans les objets embête les opérateurs, notamment en regard de la gestion de la sécurité, alors qu’elle peut être embarquée. »

Une puce multiprotocole pourrait donc s’inscrire comme une solution limitant les risques pour les équipementiers. Si la tâche se montre ambitieuse, B-com a déjà avancé sur le projet. Ces trois dernières années, lors de la première phase de son programme de recherches, B-com a démontré la capacité de paramétrer un module FPGA (reprogrammable) de correction d’erreur alternativement en Wifi ou LTE, dont les cœurs IP sont proches (ce qui facilite les choses). « Passer de l’un à l’autre depuis un même module a un vrai sens pour la 5G multi RAN », justifie le directeur de recherche. Des travaux que B-com entend donc étendre à d’autres familles de protocoles, y compris de nouveaux standards afin de proposer un composant agnostique destiné à des solutions radio reconfigurables.

La 5G, l’avenir de Lora ?

Le marché visé est notamment celui des passerelles réseau qui « ont besoin d’être agiles, multiprotocoles, reconfigurables avec des architectures IoT innovantes », assure notre interlocuteur. Qui imagine ainsi « porter les fonctions de qualité des technologies cellulaires dans le monde de l’IoT à partir de sondes de récupération des données ». La problématique de la géolocalisation des objets à partir de ces passerelles est, au passage, un autre projet sur lequel planche B-com.

Toujours est-il que si une guerre EC-GSM se profile contre Lora (et Sigfox), la 5G pourrait s’inscrire comme une opportunité au projet de puce IoT multi-protocoles. Tout dépendra de la stratégie des industriels. Cela pourrait constituer un marché pour le spécialiste du FPGA Altera. Mais sa stratégie dépend désormais de celle d’Intel depuis son acquisition en décembre dernier. Membre de B-com, Kerlink, qui a œuvré à l’émergence de Lora à l’origine développé par la start-up française Semtech, pourrait également voir son avenir dans le multi-protocole. Même si les portes des standards mobiles restent fermées à Lora, la nature hétérogène du réseau qui s’annonce avec l’arrivée de la 5G pourrait donc lui assurer un avenir. D’autant que, certains opérateurs mobiles, dont Bouygues Telecom et Orange (bien que plus discret sur ce sujet que son concurrent) en France, ou Tata Communications en Inde, ont notamment adopté Lora. Qui n’aura pas trop de ces soutiens face au rouleau compresseur de l’industrie mobile.


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