Que dit vraiment la « circulaire Olvid » de Matignon ?

Olvid

Les membres du Gouvernement et des cabinets ministériels ont jusqu’au 8 décembre 2023 pour installer Olvid. Que contient la circulaire qui le leur intime ?

Exit WhatsApp ? Fini Telegram, qu’Emmanuel Macron affectionne ? Terminé Signal, coqueluche de la Commission européenne ? Pour les membres du Gouvernement et des cabinets ministériels, l’étau s’est en tout cas resserré.

Une circulaire de la Première ministre leur donne jusqu’au 8 décembre 2023 pour installer, sur leurs téléphones et leurs ordinateurs, la messagerie Olvid. Elle devra remplacer « toute autre application déployée hors d’une maîtrise publique ».

Fondement de cette décision : « Les principales applications de messagerie instantanée grand public […] ne permettent […] pas d’assurer la sécurité des conversations et des informations partagées par leur intermédiaire. »

La circulaire souligne que la version gratuite d’Olvid « permet déjà un usage pleinement satisfaisant ». Elle rappelle que certaines équipes ministérielles ont choisi la version payante. Laquelle permet entre autres de mettre en place un annuaire Keycloak et d’accéder à une application desktop. Son déploiement ne nécessite pas d’appel d’offres, le produit figurant au catalogue de l’UGAP.

« Olvid est la seule plate-forme de messagerie privée ayant reçu la certification de sécurité de premier niveau (CSPN) de l’ANSSI », est-il précisé. La version iOS en bénéficie effectivement depuis septembre 2020 ; la version Android, depuis mai 2021.

L’entreprise éponyme est bien connue de l’État français. Elle fut notamment lauréate, en 2020, du concours i-Lab opéré par Bpifrance. La même année, elle obtint le prix de l’innovation des Assises de la sécurité. En 2022, elle fut lauréate de la première édition du programme French Tech DeepNum20. Des financements lui ont aussi été accordés dans le cadre de la stratégie nationale de cybersécurité (Olvid a fait partie des premiers lauréats aux côtés de Scille, Prove & Run, Clearsy et Stormshield).

Olvid… « pour les échanges professionnels »

Chez les personnes concernées, il y a les « bons élèves » – qui le font, pour certains, remarquer.

Il y a aussi ceux qui ont manifesté leur refus de désinstaller les « messageries grand public » en question*. Si bien que dans l'entourage d'Élisabeth Borne, il a fallu clarifier : « On n'a jamais dit de supprimer les autres, mais d'utiliser Olvid pour les échanges professionnels et confidentiels, notamment entre membres des cabinets et entre ministres ».

Dès lors qu'on passe à l'échelle européenne, il est difficile, en l'état, de ne pas retomber sur WhatsApp ou Telegram pour les échanges entre élus. C'est sans compter ceux qui en viennent à travailler avec leur téléphone personnel, vu les restrictions imposées sur leur pro au nom de la sécurité.

Olvid est censé compléter Tchap, poussé plus largement auprès de l'ensemble des agents publics. En ligne de mire, la future suite collaborative de l'État.

Meredith Whittaker, patronne de Signal, n'est pas restée sourde à cette circulaire. « Si vous voulez utiliser un produit français, allez-y. Mais ne diffusez pas, à cette occasion, des fausses informations », a-t-elle déclaré.

* En toile de fond, un mouvement de la même teneur au niveau des institutions de l'UE, qui ont dit stop à TikTok en début d'année.

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