Cloud : une enquête antitrust contre AWS et Micrososft Azure au Royaume-Uni

Suite à son étude de marché close fin mai, le régulateur britannique des communications (Ofcom) va demander cette semaine l’ouverture d’une enquête antitrust, révèle Reuters.

Mise à jour 5 octobre 2023 – Le régulateur britannique des communications (Ofcom) a confirmé l’ouverture de l’enquête.

 

 

 

———————————————————————————————————————-

Le régulateur britannique des communications (Ofcom) va demander cette semaine l’ouverture d’une enquête antitrust sur la domination d’AWS et de Microsoft Azure sur le marché britannique du Cloud, selon Reuters qui cite deux sources proches du dossier.

« La recommandation, émise pour la première fois par l’Ofcom en avril, sera conservée dans le rapport final de l’organisme sur la question, qui doit être publié jeudi »  a indiqué l’une des sources à Reuters.

A cette date, l’ Ofcom avait  annoncé que son étude de marché sur le Cloud avait révélé «des pratiques et des fonctionnalités susceptibles de limiter la concurrence», notamment «des frais élevés pour le transfert de données, des remises sur les dépenses engagées et des restrictions techniques».

AWS + Microsoft Azure = 70 % de parts de marché au Royaume-Uni

Selon ses observations,   Amazon Web Services (AWS) et Microsoft, détiennent une part de marché combinée de 60 à 70 %. Google Cloud, leur concurrent le plus proche, obtient avec une part de 5 à 10 %,

L’Ofcom   indique que plusieurs critères observés sur le marché britannique sont susceptibles de déjouer les règles de la concurrence :

> Frais de sortie . Ce sont les frais que les clients paient pour transférer leurs données hors d’un cloud et les hyperscalers les fixent à des tarifs nettement plus élevés que les autres fournisseurs. Le coût des frais de sortie peut décourager les clients d’utiliser les services de plusieurs fournisseurs de cloud ou de passer à un autre fournisseur.

> Restrictions techniques à l’interopérabilité
 . Celles-ci sont imposées par les entreprises leaders qui empêchent certains de leurs services de fonctionner efficacement avec les services d’autres fournisseurs. Cela signifie que les clients doivent déployer des efforts supplémentaires pour reconfigurer leurs données et leurs applications afin qu’elles fonctionnent sur différents clouds.

> Remises sur les dépenses engagées
 . Ceux-ci peuvent bénéficier aux clients en réduisant leurs coûts, mais la façon dont ces remises sont structurées peut inciter les clients à utiliser un seul hyperscaler pour tous ou la plupart de leurs besoins en cloud, même lorsque des alternatives de meilleure qualité sont disponibles.

L’Ofcom avait indiqué son intention de publier son rapport final exposant ses conclusions et recommandations, y compris sa décision de mener une enquête de marché, au plus tard le 5 octobre 2023. Nous y sommes.

C’est désormais  l’Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) qui va s’emparer du dossier pour une enquête plus approfondie.

Amazon, Microsoft, la CMA et l’Ofcom n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de Reuters.

AWS nous a fait parvenir ses réactions après la publication de la première version de l’article.

« Nous sommes en désaccord avec les conclusions de l’Ofcom et nous pensons qu’elles sont fondées sur une méconnaissance fondamentale du fonctionnement du secteur informatique, et de l’offre de services et de remises proposée. Seul un faible pourcentage des dépenses informatiques est consacré au cloud, et les clients peuvent répondre à leurs besoins informatiques en combinant des équipements et des logiciels sur site, des services gérés ou de colocation, et des services cloud. AWS conçoit des services cloud pour donner aux clients la liberté de choisir la technologie qui répond le mieux à leurs besoins. Les entreprises britanniques et l’économie dans son ensemble bénéficient d’une concurrence solide entre les fournisseurs de services informatiques, et le cloud a rendu le passage d’un fournisseur à l’autre plus facile que jamais. Toute intervention injustifiée pourrait avoir des conséquences involontaires pour les clients informatiques et la concurrence. AWS collaborera de manière constructive avec la CMA (Competition and Markets Authority). »

« AWS ne facture pas de frais distincts pour le transfert de données vers un autre fournisseur de services informatiques. Les clients effectuent des centaines de millions de transferts de données chaque jour dans le cadre de leurs activités normales, et plus de 90 % de nos clients ne paient rien pour le transfert de données, car nous leur fournissons 100 gigabits par mois gratuitement. »