Conflit Schneider (suite): le marteau et l’enclume …

Le conflit entre la direction et les informaticiens du groupe Schneider Electric perdure. Rappel: depuis 15 jours, ces derniers sont en grève ; ils refusent les conditions d’externalisation chez Capgemini. Réflexions faites…

La justification de l’externalisation ne repose pas seulement sur des économies à réaliser. Mais c’est le seul argument que veulent entendre les actionnaires. Les directions sont prêtes à tout pour justifier la baisse du nombre de salariés et la diminution des charges mêmes hypothétiques. On considère depuis longtemps que l’informatique n’est pas le métier de l’entreprise et que les services rendus sont analogues à ceux des fournisseurs d’eau chaude géré par les services généraux. Alors, on négocie un contrat d’info gérance, dont les modalités sont mises au point en catimini et on met les informaticiens devant le fait accompli -quitte à susciter l’épreuve de force. Ce qu’on appelle le « management à la française ».

Les 800 informaticiens de Schneider n’ont rien à perdre si ce n’est la précarité comme avenir pour beaucoup d’entre eux (un an d’engagement!). L’avenir des délocalisés, même s’il peut offrir des perspectives intéressantes à certains, ne les dispensera pas de subir un marché du travail morose. Le précédent de la FNAC en 1996 En 1996, l’arrêt de travail de trois semaine à la FNAC avait fait reculer la direction. Peut-être espère-t-on la même issue à Grenoble et Eybens? La direction de Schneider Electric n’est pas dans une position plus favorable. Prise entre un contrat de 10 ans signé avec un prestataire qui connaît le droit et n’aime pas perdre d’argent, et sa réalisation, la direction du groupe avance avec une marge de man?uvre fort étroite. La gestion du système d’information est au c?ur de la nouvelle économie. Et la confier à une entreprise dont c’est le métier peut devenir une nécessité. Cependant il fallait imaginer des résistances évidentes. Charge à Capgemini de proposer de véritables alternatives pour les parcours professionnels -voilà qui serait de nature à désarmocer la crise. Tout le monde joue gros Dans cette affaire tout le monde joue gros. Les informaticiens qui peuvent compter sur le soutien (même passif) de leurs confrères exposés aux mêmes risques, dans des situations analogues. Et la direction qui fait face à une situation vraisemblablement inédite pour elle. Nul doute que Capgemini joue aussi sa crédibilité dans l’issue de ce conflit. Ils savent qu’ils peuvent compter sur leurs concurrents pour faire la publicité qu’il conviendra d’amplifier s’ils ratent leur coup… (*) Chargé de cours, Ecole Centrale de Paris