Fibre : les régions françaises exhortent l'Etat à mettre la main à la poche

Quelques semaines après  la présentation du plan « France 2012 », d’Eric Besson, l’Association des régions de France (ARF) invite à  un « new deal » du très haut débit. Pour 30 milliards d’euros

Trente milliards d’euros sont nécessaires pour financer le déploiement d’un réseau très haut débit pour environ 90% de la population sur dix ans. C’est l’une des conclusions de l’étude présentée par l’ARF, l’association des régions de France, ce 9 décembre, à Paris, en présence de Gabrielle Gauthey, présidente de l’Arcep (le régulateur des télécoms), de Serge Bergamelli, directeur du département développement numérique des territoires à la Caisse des dépôts, et de Patrick Vuitton, qui représentait le président de l’Avicca.

Objectif de l’étude : susciter le débat sur le déploiement du très haut débit en France.« L’Etat n’a pas fait le travail stratégique qui lui revient » estime Christian Paul, président de la commission TIC de l’ARF, pour qui « la LME ne règle pas la question du déploiement ».

L’étude, menée par le cabinet PMP, dresse un tableau des acteurs du très haut débit (collectivités locales comprises), de leurs stratégies, des différentes situations du territoire en fonction des critères de rentabilité des opérateurs, et du rôle souhaitable des pouvoirs publics pour parvenir à un aménagement numérique du territoire optimal.

Prises multi-prix

Ainsi, le coût de la prise varie de 200 euros à plusieurs milliers d’euros, en fonction de la densité des territoires. Par ailleurs, le seuil de rentabilité n’est pas le même pour chacun des opérateurs. Si pour SFR et Free, il tourne autour de 250 euros par prise, estime l’étude, pour l’investisseur public, il peut aller jusqu’à 1.500 euros. Mais certaines situations ne pas rentables, même pour les investisseurs publics, ce qui repose la question de la péréquation.

Au total, huit à dix millions de ménages pourraient être couverts par l’initiative privée, 14 par des réseaux d’initiative publique coordonnées, qui représenteraient un investissement de 30 milliards d’euros, dont 20 seraient récupérés par des recettes d’exploitation mutualisées, et 10 par des aides publiques. Dernier volet, un million de ménages seraient provisoirement desservis par des technologies intermédiaires.

Bref, le chantier est énorme. Néanmoins, l’expérience du haut débit devrait être fortes utile, a affirmé Gabrielle Gauthey, qui, sans vouloir anticiper sur les conclusions du rapport de l’Arcep, a notamment souligné la relation entre « concurrence et couverture », et la différence entre « initiative publique et subvention ». Autre acquis, « les réseaux de collecte restent d’actualité » a souligné Serge Bergamelli, qui a mis en garde sur la nécessité de coordination des collectivités entre elles, et insisté sur leur rôle possible d’effet de levier. Dernière point, le rôle de l’Etat. Acceptera-t-il de participer au financement du très haut débit ? Pour l’instant, le plan de relance de Nicolas Sarkozy ressemble peu à un « new deal numérique ».