Le déplorable bilan carbone du Père Noël

Greenflex s’est livré à un original mais peu reluisant exercice : calculer le bilan carbone du Père Noël en France…

Un avertissement, tout d’abord : « Ce bilan carbone est fait à partir de chiffres approximatifs en raison du mystère qui règne autour du Père Noël et de son activité. »

Société de Services en Développement Durable (SSDD) européenne, Greenflex, dont l’expertise accompagne les entreprises dans la mise en oeuvre des meilleures pratiques environnementales et sociétales, s’est livré au délicat exercice du calcul, forcément approximatif, du bilan carbone du Père Noël. Délicat tout d’abord parce que ce dernier ne publie pas les comptes de son exercice, même en Laponie ; mais également par l’évolution de Noël, des quantités produites et consommées, et des technologies embarquées sur les jouets qui ont contraint le Père Noël à délocaliser une partie de sa production pour soulager les lutins qui n’en pouvaient plus.

Des jouets et du CO²

Fixons tout d’abord les bases de l’étude : en France, 12 millions d’enfants (INSEE) – les auteurs de l’étude ont adopté comme postulat que les adultes ne sont pas des enfants et ne sont donc plus concernés par le business lapon du Père Noël – ont reçu en moyenne 11 cadeaux (Deloitte 2009), soit 132 millions de cadeaux d’un poids moyen de 500 g, auxquelles s’ajoutent 7 g de papier cadeau par cadeau (frequenceterre.com).

Sur les 66.000 tonnes de cadeaux sous les sapins, 60 % sont des jouets en plastique, soit 25.600 tonnes équivalent CO² (40.000 tonnes de matières plastiques x 0,640 ; source Ademe) ; 30 % sont des jeux électronique, soit 20.300 tonnes équivalent CO² (20.000 tonnes de produits High Tech x 1, 015) ; et 10 % sont des jouets en bois qui affichent un carbone neutre puisque replantation. Ajoutons le papier d’emballage : 20.000 tonnes de papier cadeau pour la France, soit 380.000 arbres (on.ec.qc.ca) ou encore 11.000 tonnes (Ademe) équivalent CO² de plus. Soit un premier bilan de 52.300 tonnes équivalent CO² !

Et le transport ?

Il manque à ce calcul la consommation liée au transport. Greenflex se livre tout d’abord à un premier calcul, la livraison des jouets au Père Noël, soit pour estimation un bateau unique qui aura vogué de la Chine à la Laponie, 11.626 km pour un équivalent carbone de 3500 tonnes de CO² (Ademe).

Greenflex se livre enfin à un étonnant calcul afin de prendre en compte les émissions de gaz imposées par Tornade, Danseur, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Éclair, Tonnerre et Rudolph, les rennes dont la mission est de tracter le traineau du Père Noël tout au long de son périple. « D’après nos recherches, cet animal a une force de traction d’environ 150 kg (fao.org). On imagine difficilement que seuls 9 rennes puissent trainer un attelage de 66.000 tonnes (les cadeaux pour les enfants Français). Nous estimons qu’il devrait plutôt disposer de 440.000 rennes pour réussir cet exploit ! Sachant qu’un renne émet environ 250 g de méthane par jour (estimation sur les bovins), un gaz qui contribue fortement au réchauffement climatique, nous arrivons à un total de 110 tonnes de méthane rejeté par jour soit pour la journée de noël 110 x 25 = 2750 Tonnes équivalent CO². »

Selon l’expert, au total, l’activité française du Père Noël la nuit du 24 décembre représenterait donc plus de 63.000 tonnes équivalent CO2… soit la consommation moyenne d’environ 7000 Français par an ! Et la fin d’un doux rêve pour celles et ceux qui ont adopté la fibre écologique.

Des conseils au Père Noël

Greeflex conclut sa démonstration, peu reluisante pour le Père Noël, avec quelques conseils pour réduire ses émissions de CO² :

– Re-localiser sa production de cadeaux pour la France… en France !

– Prendre le train plutôt qu’élever un nombre invraisemblable de rennes ! Le transport ferroviaire est six fois plus économe en énergie que les camions lourds, alors qu’aujourd’hui en France, la route représente 83 % du transport de marchandises.

– Penser aux cadeaux écolos ! Cadeaux immatériels (place de concert, weekends à la campagne, ou un bon resto pour les grands, parcs d’attractions ou spectacles pour les petits), cadeaux durables (cadeaux utiles plutôt qu’objets tendances), et pour les jouets privilégier plutôt le bois.

– Minimiser les emballages et préférer le papier cadeau recyclé. La fabrication de papier recyclé nécessite 20 fois moins d’arbres, 100 fois moins d’eau et 3 fois moins d’énergie que celle du papier blanc (WWF).

– Un très beau cadeau plutôt qu’une dizaine de petits cadeaux réduira grandement l’impact environnemental !

Nota : entre parenthèses figurent les sources des données ou des méthodes de calcul.