SOPA/PIPA : journée noire pour l’Internet américain

Comme promis, Wikipedia US a fermé ses portes pour protester contre les lois anti-piratage, mais liberticides, en cours de vote aux États-Unis. L’initiative de l’encyclopédie en ligne est notamment rejointe par Google, Mozilla et… la Maison Blanche.

Wikipedia a mis sa menace à exécution. La version anglaise de l’encyclopédie en ligne est inaccessible (notez que les autres versions internationales ne sont pas impactées). À la place des habituels articles, le site accueille le visiteur par un message expliquant notamment que « le Congrès américain envisage une législation qui pourrait fatalement remettre en cause l’Internet libre et ouvert. Pendant 24 heures, à des fins de sensibilisation, nous fermons Wikipedia. »

C’est effectivement contre les projets de lois SOPA (Stop the piracy online) et PIPA (Protect IP Act) aux États-Unis que Wikipedia proteste en instaurant une grève de l’accès au site ce mercredi 18 janvier. Comme le relève notre confrère TheInquirer.fr, avec plus de 25 millions de visites par jour, Wikipédia est l’un des sites les plus fréquentés du web, et son inaccessibilité devrait avoir un impact fort sur l’opinion des internautes.

Bloquer les noms de domaine

Sous couvert de lutte contre le vol numérique de propriété intellectuelle, Sopa et Pipa envisagent de permettre le blocage des noms de domaine des sites accusés de piratage, notamment issus de l’extérieur des frontières états-uniennes. Vaste débat, mais, à titre d’exemple, que se passerait-il face à un site comme Wikileaks qui, accusé de violation du secret diplomatique en décembre 2010, avait subi des coupures de la part de ses hébergeurs américains (notamment Amazon) sans qu’aucune décision de justice n’ait été prononcée ?

Une initiative qui risque de générer une forme de censure digne des méthodes chinoises pour nombre d’organisations, tant communautaires que commerciales. La fondation Wikimedia (qui gère Wikipedia) n’est pas la seule à protester contre SOPA. Google, Mozilla, l’Electronic Frontier Foundation, Reddit, notamment, y vont aussi de leur mouvement de contestation (sans toutefois aller jusqu’à fermer leurs pages). Ainsi, par un discret lien sous son champ de recherche, Google.com invite les visiteurs à « dire au congrès : ne censurez pas le web ». Le site spécialement créé pour l’occasion, SopaBlackOut.org, invite, code à l’appui, les webmasters à afficher des bannières noires sur leurs sites.

La Maison-Blanche s’y oppose

Même la Maison-Blanche y met son grain de sel en estimant que « l’imposante tâche visant à protéger la propriété intellectuelle ne doit pas menacer l’Internet ouvert et innovant ». En Europe, nombre de sites ferment également (plus ou moins) leurs fenêtres par solidarité. Citons InternetSansFrontières.com, LaQuadratureDuNet.net, les Partis Pirates, etc.

Une journée noire pour l’Internet américain, donc, qui révèle la capacité de la communauté du web outre-Atlantique à se mobiliser pour barrer les lois jugées liberticides. Une mobilisation qui manque souvent en Europe face à des initiatives similaires risquant de pénaliser les usages d’Internet.