Stockage primaire : la révolution flash… et la révolution cloud ?

stockage primaire Magic Quadrant 2022

Première au Magic Quadrant du stockage primaire : avoir une offre « as a service » était obligatoire. Comment se présente le marché et qui s’y distingue ?

QLC, SCM et NVMe-oF, encore trop chers et insuffisamment matures ? Gartner dressait ce constat dans son Magic Quadrant 2021 du stockage primaire. Cette année, le cabinet américain mentionne à nouveau les trois technologies… mais se passe de la remarque. Il en souligne simplement le développement « incrémentiel » au catalogue des principaux fournisseurs.

Autre élément qui revient d’une année sur l’autre : le volet AIOps. Dans une certaine mesure pour la maintenance prédictive du matériel. Mais surtout pour adapter dynamiquement le stockage aux besoins des applications. Il ne s’agit toujours pas d’un critère d’inclusion au Quadrant.
Le STaaS (stockage en tant que service : catalogue de produits avec provisionnement par API), au contraire, est devenu un critère obligatoire. Il fallait en l’occurrence proposer au moins une offre bloc de ce type.

Gartner considère par ailleurs qu’on peut aussi attendre, dans le cœur fonctionnel d’une solution de stockage primaire :

– Des services de données natifs (gestion de la capacité, protection contre la perte de données, réplication locale et distante…)
– Du stockage sur disque dur et/ou SSD, en architecture scale-up ou scale-out
– Des protocoles bloc (Fibre Channel, iSCSI…) et/ou fichier (NFS, SMB…) au niveau hôte
– Du SDS (stockage défini par logiciel) ; critère néanmoins « facultatif » mais qui, si disponible, devait l’être on-prem et sur au moins un cloud public

Pure et NetApp têtes de pont du stockage primaire

Le positionnement des fournisseurs dans le Quadrant résulte de la combinaison d’évaluations sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…). Pour ce Quadrant, les relevés sont arrêtés à mars 2022.

Sur l’axe « vision », les sociétés classées au Quadrant du stockage primaire se placent dans cet ordre :

  Fournisseur Date de création
1 Pure 2009
2 NetApp 1992
3 HPE 2016
4 Dell Technologies 2016
5 IBM 1911
6 Huawei 1987
7 Hitachi Vantara 2017
8 Infinidat 2011
9 Zadara 2011
10 Inspur 1945
11 DDN (Tintri) 1998
12 Lenovo 1997
13 Fujitsu 1935

Sur l’axe « exécution » :

  Fournisseur
1 Pure
2 NetApp
3 Dell Technologies
4 Huawei
5 HPE
6 IBM
7 Infinidat
8 Hitachi Vantara
9 Lenovo
10 Inspur
11 DDN (Tintri)
12 Zadara
13 Fujitsu

APEX, Evergreen, GreenLake… des marques qui « pèsent »

Comme l’an dernier, Pure a droit à des bons points concernant la facilité d’usage de ses solutions ainsi que les options de consommation, avec la gamme Evergreen en tête de liste. Cette année, Gartner salue aussi ses modules NVMe-oF DirectFlash.
L’appréciation n’est pas aussi positive à propos du support, « généralement plus cher que chez les concurrents ». Tout comme sur la capacité à répondre, en termes de TCO, aux déploiements hybrides de moins 250 To.

Cette dernière remarque, Infinidat y a aussi droit, sans la distinction « hybride ». Gartner pointe aussi le manque de transparence de son activité (société non cotée). Et l’absence d’une offre SDS autonome.
Au rang des points positifs, l’élasticité, qui se traduit par un rapport prix/performance intéressant à gros volume). Ainsi que, comme l’an dernier, le support (avec SLA exhaustifs) et les multiples modèles de tarification.

Le rapport prix/performance est aussi un point fort chez IBM (comme l’an dernier). Idem pour la sécurité native. Et la solution Spectrum Virtualize, pour sa couverture des environnements hétérogènes.
Sur l’AIOps, en revanche, Big Blue est « en retard sur les leaders ». Notamment pour la résolution de problèmes. Quant à son STaaS, il est encore récent et pas exhaustif en matière de SLA. Attention aussi au prix du support étendu.

Chez Dell aussi, des bons points reviennent d’une année sur l’autre. Nommément, les options de consommation – avec APEX en première ligne – et l’exhaustivité du portefeuille.
La migration depuis les anciens produits (SC et XtremIO) et le support qui leur est lié sont, au contraire, des points noirs. Gartner souligne aussi qu’AWS est le seul cloud public compatible avec le service de stockage bloc.

Hitachi et HPE : la supply chain en peine

Que ce soit chez Hitachi ou chez HPE, les délais d’approvisionnement ont « plus que doublé » dans le contexte de pénurie de composants. Huawei, au contraire, se distingue positivement. Non pas que ses délais aient raccourci… mais ils n’ont pas augmenté.
Autre points forts pour le groupe chinois : l’AIOps (en conjonction avec ses SLA) et le STaaS (particulièrement la rapidité d’embarquement).
Le risque géopolitique reste latent, après les sanctions américaines. La diversité sectorielle est par ailleurs relative : le business de Huawei se concentre sur la finance, les télécoms et les gouvernements. Le SDS OceanStor n’est pas ailleurs déployable sur sur son cloud public.

Chez Hitachi, outre les délais d’approvisionnement, on peut mieux faire sur le STaaS ; en particulier pour l’automatisation de la logistique et de la facturation. Ainsi que pour les garanties SLA.
C’est plus positif concernant les fonctions de gestion de données. Même chose pour la connectivité cloud et le support de long terme via la Modern Storage Assurance.

Le cloud, en voie d’acquisition

Comme l’an dernier, GreenLake vaut un bon point à HPE. Cette fois-ci pas tant pour sa couverture sectorielle que pour son « momentum ». Le fournisseur américain a aussi pour lui les garanties de disponibilité des données (100 %) sur les offres Alletra et Primera. Ainsi que la simplicité de migration vers elles depuis les baies 3PAR.
Le groupe américain n’a, en revanche, pas de SDS cloud natif en mode bloc. Et ses baies de stockage primaire n’incluent pas de prise en charge unifiée fichier/bloc.

L’an dernier, Gartner avait salué la stratégie « data fabric » de NetApp. Il le refait cette année, en d’autres termes, mettant l’accent sur la disponibilité d’ONTAP sur tous les clouds publics majeurs. Le fournisseur américain se distingue aussi sur la gestion des licences, avec la brique Digital Wallet. Ainsi que sur le support unifié NAS/SAN.
Le prix du support étendu des systèmes hérités est un point noir. Tout comme, de l’avis de certains utilisateurs, la complexité de la plate-forme. Et des performances parfois limitées dans le cloud public, surtout lorsqu’on touche à des workloads gourmands de type base de données.

Photo d’illustration © trustypics – Visualhunt