Alcatel-Lucent invente l’entreprise sans informatique (du tout)

Après l’entreprise sans usine chère à Serge Tchuruk, l’informatique sans informaticiens. Après avoir externalisé sa production chez HP, Alcatel Lucent s’attaque maintenant aux développements applicatifs. Environ 1 000 personnes sont potentiellement concernées.

Après avoir externalisé sa production informatique (soit 1 022 salariés transférés à HP suite à un contrat de dix ans conclu en juin 2009), Alcatel-Lucent va désormais sacrifier sa partie études, promise elle aussi à une externalisation auprès d’une « Global Company », selon la novlangue utilisée par le groupe dans sa communication aux représentants du personnel ce matin.

Au total, cette activité, appelée BITT en interne (pour Business and IT Transformation), emploie environ 1 000 salariés dans le monde, dont 200 à 300 en France, sur les sites de Illkirch (Alsace), Vélizy (région parisienne) et au siège parisien. Ces deux derniers sites étant appelés à fermer leurs portes.

« Ces activités sont considérées comme ne faisant pas partie du cœur de métier, analyse Pascal Guihéneuf, représentant syndical groupe adjoint de la CFDT. On assiste à un nouveau plan de réduction des dépenses générales. » Dans un communiqué, l’équipementier évoque une « réduction des fonctions support, administratives et commerciales en ligne avec les standards de l’industrie ».

A l’heure où nous bouclons cet article, le volume des postes voués à l’externalisation – ainsi que le nom du repreneur – restent inconnus des salariés. François Schmets, le coordinateur groupe de la CFE-CGC par ailleurs salarié de BITT, y voit une nouvelle erreur, après la « catastrophe de l’externalisation d’Alcanet (la branche production informatique transférée à HP, NDLR) ».

L’échec de l’externalisation chez HP

« Pour analyser les besoins des métiers – la base du métier du développement applicatif -, les équipes internes sont mieux placées que n’importe quel consultant », explique-t-il. Et d’appeler les salariés à s’élever contre cette nouvelle externalisation. « En interne, l’externalisation chez HP est vécue comme un échec. La qualité de service – temps de réponse, fréquence des interruptions de service, support… – s’est largement dégradée. Nous avons calculé que celle-ci se traduit par une perte de 5 % de la productivité des salariés, soit 3 500 équivalents temps plein par an ! »

En 2009 déjà, les salariés d’Alcanet avaient tenté de s’élever contre leur transfert chez HP, via une grève illimitée qui avait duré plus d’une semaine. Aujourd’hui intégrée à la multinationale américaine, cette activité, regroupée en France dans une structure appelée HP AL ESF, va connaître prochainement elle aussi une réduction d’effectifs, plusieurs dizaines de personnes étant concernées, selon le délégué syndical CFDT joint par la rédaction.

Rappelons également que fin 2009, Alcatel-Lucent avait signé un contrat de 7 ans avec l’Indien Wipro, pour l’externalisation des fonctions administratives hors de France et la maintenance de produits présentés alors par le groupe comme « matures ». Plus de 500 postes avaient été touchés.

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