Aviation : l’UIT ouvre le suivi des vols civils en temps réel

A Genève, l’Union Internationale des Télécoms autorise les avions à communiquer avec les satellites pour le suivi en temps réel des vols.

Une première décision concrète vient d’émerger de la Conférence mondiale des radiocommunications 2015 (WRC-15) de l’Union Internationale des Télécoms (UIT). Cet événement organisé tous les 4 ans par l’organe des Nations unis chargée de la normalisation des technologies radio à l’échelle mondiale se déroule à Genève du 2 au 27 novembre. Hier, mercredi 11 novembre, les représentants des Etats ont trouvé un accord pour attribuer de nouvelles fréquences à l’industrie de l’aviation civile afin d’améliorer le suivi des vols sur la planète.

Des avions suivis par les satellites

La bande de fréquences 1 087,7-1 092,3 MHz est désormais attribuée au service mobile aéronautique par satellite dans le sens Terre vers l’espace. Cela permettra aux sattelites de recevoir des émissions de surveillance dépendante automatique en mode diffusion (ADS-B) en provenance des avions de ligne et de les communiquer en direct aux équipes sur Terre. « Le fait d’attribuer des fréquences pour que des stations spatiales puissent recevoir des signaux ADS-B provenant d’aéronefs va permettre d’assurer le suivi des vols en temps réel partout dans le monde », a assuré François Rancy, directeur du Bureau des radiocommunications de l’UIT.

Jusqu’à présent, cette bande de fréquence n’était exploitée que dans le sens appareils en vol vers la Terre. Si le procédé apportait déjà une amélioration au système de suivi par radars, il limitait néanmoins les capacités de communication aux seules zones terrestres équipées de stations de réception en visibilité directe. Les vols au dessus des océans, des déserts ou des zones montagneuses restaient impossibles à suivre en temps réel. Prolonger l’usage de la bande radio jusque vers les satellites stationnés dans la stratosphère s’affranchira de ces limites pour élargir la couverture des communications en permanence à l’ensemble du globe.

Procédure poussée par le vol MH370

C’est notamment l’émotion suscitée après la disparition soudaine (et toujours inexpliquée) du Boeing 777 du vol MH370 de la Malaysian Airlines le 8 mars 2014 et ses 239 passagers qui a poussé l’industrie à trouver une solution pour palier cette problématique de zones blanches de surveillance des avions en temps réel. Quelques semaines après le drame, le 1er avril, le ministre malaisien des communications et du multimédia profitait d’une conférence de l’UIT à Dubaï pour appeler à élaborer des normes permettant la transmission de données de vol en temps réel. Requête soutenue par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) chargée de faire appliquer les technologies retenues. L’idée d’examiner l’attribution de nouvelles ressources radio au secteur de l’aviation civile pour améliorer la sécurité des vols à l’occasion de la conférence de Genève était actée dès octobre 2014 à Busan. Elle vient donc de trouver une issue favorable hier, une semaine à peine après l’ouverture de la conférence. « En parvenant à cet accord à la CMR 15, l’UIT a répondu en un temps record aux attentes de la communauté internationale sur la question essentielle du suivi des vols à l’échelle mondiale », c’est réjouit Houlin Zhao, Secrétaire général de l’UIT.

Les travaux de l’organisation onusienne se poursuivrons jusqu’à la fin du mois autour des questions d’attribution de fréquences additionnelles pour répondre à l’expansion des besoins de la consommation de données en mobilité (probablement avec les bandes 700 MHz, 1427 MHz et 3400 MHz) mais aussi autour d’autres problématiques comme les systèmes de communication hertziens pour les drones, la communication maritime, la sécurité routière, les communications d’urgence face aux catastrophes, la recherche spatiale ou encore l’exploitation des systèmes à satellites.

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