Cloud de confiance : où en est NumSpot

Stack techno, équipes, partenariats et stratégie commerciale… Huit mois après son officialisation, où en est NumSpot, le consortium composé de Dassault Systèmes, Bouygues Telecom, la Banque des territoires et avec Docaposte comme chef de file ?

Combien de développeurs faut-il pour donner corps à un cloud « souverain » ? Aux dernières nouvelles, NumSpot entend avoir constitué, d’ici à fin 2023, une équipe CTO d’une cinquantaine de personnes réparties en cinq squads.

Sur quelle stack ces employés travailleront-ils ? Sur ses principaux canaux de communication, NumSpot n’en dit pas grand-chose, quand bien même il rappelle régulièrement que son socle sera « basé principalement sur l’open source ».

Les offres que l’entreprise publie sur ses différents canaux de recrutement laissent entrevoir quelques technologies-clés. En particulier pour un poste de SRE – Platform Engineer.

« Vous maîtrisez une partie des outils/technologies utilisés dans notre stack », écrit NumSpot dans cette fiche de poste. Et de lister, entre autres :

> Le langage Go, les outils d’IaC Packer et Terraform
> GitLab-CI, Argo CD, Helm, OpenTelemetry et le trio Prometheus-Loki-Grafana
Rancher, « nice to have »…

NumSpot : un DSI comme président exécutif

On aura aussi relevé des postes d’architecte cloud API et d’ingénieur identité et sécurité. Le premier comporte la mention « connaissance approfondie des outils d’API Management (Gravitee serait un plus) ». Le second fait notamment référence à Keycloak et à HashiCorp Vault.

En façade, le début de l’aventure NumSpot remonte à octobre 2022. C’est là, en tout cas, que Dassault Systèmes, Bouygues Telecom, la Banque des territoires et Docaposte avaient entériné leur alliance, avec ce dernier en chef de file. La filiale du groupe La Poste annonçait alors son ambition de mettre du personnel à disposition, dont potentiellement 400 data scientists.

La constitution juridique de la SAS NumSpot – basée à La Défense ; capital social de 5 M€ – est intervenue fin janvier. Elle n’a fait l’objet d’une véritable communication qu’en mars, quelques semaines après qu’Alain Issarni eut pris ses fonctions de président exécutif.

L’intéressé, 58 ans, fut DSI de la CNAM (2012-2015) puis de la DGFiP. À ses côtés dans l’équipe dirigeante, le vice-président Xavier Vaccari, chargé du bizdev et du marketing, est un ancien de Docaposte. La directrice commerciale Servane Augier vient quant à elle de chez Dassault Systèmes.

NumSpot : début de la commercialisation en 2023 ?

Si on en juge les newsrooms corporate des quatre porteurs de l’alliance, Docaposte apparaît effectivement comme le lead. Chez Bouygues Telecom, on a repris le communiqué initial d’octobre 2022, ainsi que celui annonçant la nomination d’Alain Issarni. Dassault Systèmes s’en est tenu au premier. La Banque des territoires en a publié trois à quelques semaines d’intervalle, annonçant d’abord une commercialisation de l’offre NumSpot pour mi-2023, avant de supprimer le « mi- ».

L’échéance du deuxième semestre 2023 est désormais à l’ordre du jour. Tout du moins pour le lancement commercial. C’est plus flou sur l’obtention de la certification SecNumCloud, « à venir sur l’offre IaaS ».

NumSpot rappelle, en parallèle, son « ambition de construire un socle PaaS également certifié ». Et va jusqu’à se revendiquer « seul cloud provider à réconcilier les trois niveaux de souveraineté [technologique, juridique et des données] ».

Bancassurance, santé et secteur public restent officiellement les principales cibles. Cela se ressent sur le terrain. NumSpot a par exemple insisté sur sa présence, en mai, à SantExpo. Docaposte en a dressé un bilan, agrémenté des propos de Diane-Charlotte Launay-Baillet, directrice d’AGORiA SANTÉ.

Numspot pousse la doctrine " Cloud au centre"

Docaposte est aussi à la tête de ce consortium AGORiA SANTÉ, qui réunit aussi AstraZeneca, Impact Healthcare et Takeda France. Son objectif « contribuer à l'amélioration de la prise en charge thérapeutique des patients à partir de l'exploitation de la DSVR (donnée de santé en vie réelle) ». On ne nous le cache pas : il « disposera en premier chef de l'offre {NumSpot] ».

Sur la clientèle secteur public, NumSpot a récemment tendu une perche par l'intermédiaire d'une tribune d'Alain Issarni. En toile de fond, une enquête menée avec l'IFOP.

Parmi les conclusions, une méconnaissance de la doctrine « cloud au centre » par les agents publics. Qui l'estiment par ailleurs « pas suffisamment bien définie ». Et une affirmation : « La part des clouds qualifiés SecNumCloud utilisés par les acteurs publics est encore bien trop faible (13 %). »

Sopra Steria vient d'entrer dans la boucle, sous deux angles. D'un côté, l'ESN proposera une « bulle cloud privé » avec des services managés de NumSpot. De l'autre, elle mettre sa plate-forme Innerdata à disposition sur la marketplace  NumSpot.

Photo d'illustration © Numspot