Qu’est-ce que CLUSSTER, ce projet public-privé de « cloud unifié souverain » ?

Le consortium porteur de CLUSSTER promet de premiers livrables pour 2024. Comment se présente cette initiative ?

Comment positionner les acteurs français du cloud face aux hyperscalers ? Une partie de la réponse réside peut-être dans CLUSSTER, même si ce n’est pas l’ambition première de ce projet.

Il s’agit effectivement, avant tout, de développer un « cloud unifié souverain de services, de technologies et d’infrastructures » – d’où l’acronyme. Et de le positionner comme un « point d’entrée unique pour toute la communauté académique et industrielle française ».

Ainsi Atos et GENCI présentent-ils en tout cas les choses. Le premier est à la tête du consortium qui porte CLUSSTER. Le second en est co-coordinateur. Ils sont huit autres à avoir rejoint la boucle. Nommément :

ActiveEon (Alpes-Maritimes, logiciels d’automatisation)
CEA-LSCE (laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, unité mixte avec le CNRS et l’université de Versailles-Saint-Quentin)
CS Group (ESN propriété de Sopra Steria)
Hubblo (région parisienne, green IT)
IDRIS-CNRS (Institut du développement et des ressources en informatique scientifique)
Inria
OVHcloud
Qarnot (région parisienne, calcul haute performance)

18 M€ pour compléter Jean Zay… entre autres

Aux origines de CLUSSTER, il y a un appel à manifestations d’intérêt  « Développement et renforcement de la filière française et européenne du cloud » organisé début 2021. L’un de ses objectifs était d’identifier les chefs de file qui pourraient participer au PIIEC (Projet important d’intérêt européen commun) « Next-Generation Cloud Infrastructure and Services ».

Ce PIIEC n’était alors encore qu’en discussion (une première réunion intergouvernementale avait eu lieu en janvier 2021). La France et l’Allemagne ont pris le lead. Une dizaine d’États membres les ont finalement rejointes.

Prénotifié à la Commission européenne en avril 2022, le projet n’a toujours pas d’existence en tant que tel. Mais il a donné l’impulsion dans les pays participants. L’Allemagne, par exemple, s’est dite prête à dégager jusqu’à 750 M€ pour soutenir les projets de 26 entreprises.

En France, CLUSSTER dispose, aux dernières nouvelles, d’une enveloppe de 18,4 M€ sur 36 mois. Le projet a véritablement démarré en octobre 2022, la finalisation de l’accord de consortium intervenant quelques semaines plus tard.

Pour contextualiser davantage la démarche, on peut remonter jusqu’au lancement, en 2018, de la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle. Et aux préconisations d’un des groupes de travail (Allistène) constitués dans ce cadre. En particulier, ses « recommandations pour un cloud pour l’IA ». Leur objet : accompagner la définition d’une offre complémentaire à la partie IA de Jean Zay. Moyen envisagé : faire appel à des CSP du secteur privé pour marier des offres commerciales souveraines à des clouds portés par des organismes publics français. On retrouve là les fondements de CLUSSTER…

CLUSSTER opérationnel pour 2024

2024 est censé marquer l’ouverture des premiers services CLUSSTER en direction de la communauté de l’IA. Le HPC doit suivre, également en 2024. Puis le quantique, sans échéance pour le moment. Atos et consorts projettent également des jonctions avec des plates-formes européennes comme Gaia-X, EOSC (European Open Science Cloud) et Fenix.

Un autre axe d’extension est d’ordre sectoriel. Au démarrage, CLUSSTER donnera accès à des environnements spécifiques au spatial (avec CS Group), au climat (CEA), au calcul de risque et au rendu 3D (Qarnot) ainsi qu’à la simulation numérique. Parmi les développements envisagés :

– Le NLP, avec un service basé entre autres sur le projet BigScience
– La santé, en particulier la radiologie, en s’appuyant sur le laboratoire Bernoulli (commun entre Inria et AP-HP)
– Sur la verticale « spatial », l’intégration de GAIA Data (observation, modélisation et compréhension du système Terre, de la biodiversité et de l’environnement)

schéma CLUSSTER

L’accès à ces services à partir du portail impliquera des connecteurs standards et des API ouvertes. Il s’agira d’unifier la soumission d’une tâche sur l’ensemble des ressources de calcul des partenaires.

Illustration principale générée par IA