Frédéric Plais (Commerce Guys) : « L’e-commerce a changé »

Frédéric Plais © Commerce Guys

L’histoire de Commerce Guys est celle d’une entreprise bien née… au bon moment… et avec le bon produit. Le point sur cette success-story à la française (mais pas seulement) avec son CEO, Frédéric Plais.

Entretien avec Frédéric Plais, CEO de Commerce Guys, une société qui édite un framework adapté à Drupal et dédié spécifiquement au monde de l’e-commerce, Drupal Commerce.

« L’e-commerce représente un gros potentiel pour le monde open source », explique d’emblée notre interlocuteur. « C’est un terrain de jeu avec de l’espace pour de nouveaux acteurs. Nous y escomptons des changements drastiques d’ici cinq ans. »

Commerce Guys a été créé en avril 2010, sur le constat que l’e-commerce avait changé : « L’acquisition de trafic n’est plus rentable », explique Frédéric Plais. En clair, l’achat de publicité de type Google AdWords est aujourd’hui presque impossible à rentabiliser en termes de ventes, tant le nombre de commerçants en ligne est devenu élevé.

Sa solution ? « Les 3C : commerce, contenu et communauté ». Apporter du contenu, afin d’attirer le public sur son site, mais aussi améliorer son image de marque. Développer une communauté, au travers d’actions comme des offres VIP, ou la participation des clients.

C’est en surfant sur ces nouvelles notions, ainsi que sur la vague Drupal, que Commerce Guys a pu connaitre un succès aussi fulgurant. La 1.0 a été présentée en août 2011. Un an plus tard, elle compte 17.000 utilisateurs. Il est vrai que cette offre et son approche attirent aussi bien les e-commerçants que les utilisateurs Drupal qui veulent s’essayer à la vente, ou les médias (utilisateurs de la première heure de Drupal), qui intègrent ainsi de nouvelles sources de revenus.

Un produit repensé

L’autre secret de la réussite de Commerce Guys est que la société ne part pas de zéro. Drupal Commerce est une mouture entièrement repensée d’Ubercart, un produit plus ancien développé par Ryan Szrama. Un développeur placé aujourd’hui au cœur de la société.

Ubercart avait été adopté par 40.000 marchands et fédérait une large communauté. Avec Drupal Commerce, l’objectif principal a été de monter en volume : sites à fort trafic, présentant un vaste contenu et gérés par de grosses sociétés.

Une offre simplifiée

Avec son orientation framework, Drupal Commerce reste une solution open source assez complexe à mettre en œuvre. Fort heureusement, Commerce Guys propose la distribution Commerce Kickstart : « ce n’est pas une offre clés en main, mais plutôt le point de départ d’un développement », explique Frédéric Plais.

Une solution qui semble trouver son public : « Kickstart a rapidement formé 30 % des téléchargements mesurés sur notre site. Depuis la 2.0 sortie en septembre, ce chiffre est monté à 70 %. »

Notez que du côté des distributions, Drupal Commerce va encore plus loin avec des produits quasiment prêts à l’emploi, voire prêts à l’emploi moyennant une offre de service démarrant à 3000 euros.

Au menu, Open Deals, qui permet de créer un site à la Groupon. Sont également en cours de mise au point MarktPlug (vente de biens physiques) et AppStore (dont le nom parle de lui-même).

Des revenus assurés ?

Deux autres voies permettent aujourd’hui à la société de trouver des revenus. Tout d’abord la boutique d’applications tierces (modules de paiement, de logistique, de marketing, etc.). « Nous prenons ici un rôle de conseil en présentant des applications validées, des tarifs négociés, etc. »

Autre voie, le cloud public, avec une offre PaaS en gestation (rappelons que Drupal Commerce reste avant tout un framework. Exit donc le SaaS pour le moment). « L’objectif est de réduire les difficultés, afin de mettre la solution à la portée de nos clients. »

Une croissance rapide

Récemment, Commerce Guys a ouvert des bureaux dans la Tech City de Londres. « Le Royaume-Uni est le marché le plus porteur en Europe, avec une grosse pénétration de l’e-commerce et une large popularité de Drupal. Il était donc naturel et logique pour nous de nous y installer. »

Fin 2012, 5-6 personnes devraient travailler dans les bureaux londoniens de Commerce Guys, « une quinzaine d’ici un an et une quarantaine dans deux ans ».

Crédit photo : © Commerce Guys