Cybersécurité : ce que proposent les candidats à la présidentielle 2022

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Cybersécurité, données et souveraineté numérique sont – enfin – au coeur des programmes des candidats à la présidentielle 2022, relèvent le FIC et inCyber.

Quel serait votre premier chantier en matière de sécurité informatique si vous étiez élu(e) à l’Elysée ? C’est l’une des interrogations du questionnaire adressé le 4 février dernier par le Forum International de la Cybersécurité (FIC) aux 12* candidats à l’élection présidentielle 2022.

Neuf d’entre eux – Nathalie Arthaud, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan et Fabien Roussel – ont apporté leurs contributions. Sept se sont exprimés sur la première action de sécurité cyber engagée par leur soin en cas de victoire.

Le Forum et le média de la communauté FIC inCyber ont choisi de restituer les positions de ces candidats, dans l’ordre d’arrivée de leurs contributions.

Une synthèse a été rendue publique jeudi 31 mars.

Souveraineté, données et infrastructures

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) a expliqué qu’il s’assurerait, en lien avec le ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, « de la souveraineté de l’intégralité des données publiques et le cas échéant, de confier celles-ci à nos fleurons français. »

Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts) a indiqué son intention « de créer une structure nationale de renseignement non militaire sur la cybersécurité pour anticiper les menaces. » Il ne dit pas quel serait le lien avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), service rattaché au secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).

Pour Marine Le Pen (Rassemblement national) « dans l’ordre stratégique, notre priorité sera l’autonomie, c’est-à-dire l’établissement d’un système informatique, tant matériel que logiciel, exempt de toute porte dérobée ou infrastructure étrangère qui en compromette l’intégrité. »

De son côté, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), voudrait « reconstituer de vrais parcs de data centers français, de droit français et localisés en France, pour garantir que l’hébergement des données des services publics français et des entreprises essentielles y soient hébergées. »

Et le candidat LFI d’ajouter : « dans un contexte géopolitique instable, nous devons renforcer notre souveraineté numérique. Cela supposera également de développer les ramifications entre la France et les Outre-mer en câbles sous-marins souverains, notamment entre la France et la Guyane. Pour cela, nous rétablirons la propriété française publique sur Alcatel Submarine Networks. »

Quant à Valérie Pécresse (Les Républicains), elle ferait « voter une loi « souveraineté et responsabilité numérique » dans la première année de [son] quinquennat dont le volet sécurité inclura la création d’un parquet national cyber. La guerre en Ukraine montre une nouvelle fois combien les enjeux de cybersécurité sont vitaux, car la guerre prend aussi des formes numériques. » La candidate LR s’est aussi prononcée pour « réarmer notre souveraineté numérique, car elle est indissociable de la sécurité des données de chacun d’entre nous ainsi que de notre souveraineté économique et militaire. [Et faire] de la cybersécurité l’un des piliers de la politique globale du numérique que j’engagerai, incluant les infrastructures, les logiciels, les données et la sécurité », a-t-elle ajouté.

De son côté, Fabien Roussel (Parti communiste) veut « réunir les opérateurs télécoms, leurs autorités de tutelle et les services de sécurité intérieure ou militaire pour évaluation des protections techniques et juridiques en place et mise en place d’un plan de renforcement du contrôle public respectant et protégeant les libertés individuelles (propositions 25, 26, 30, 115). Cela permettra de compléter la loi d’orientation et de programmation pour une nouvelle industrialisation du pays (proposition 61). »

Enfin, Éric Zemmour (Reconquête), a indiqué : « sans alternative nationale dans les technologies numériques et notamment dans le domaine de la cybersécurité et du Cloud, la France se retrouve aujourd’hui dépendante des entreprises étrangères, notamment américaines et chinoises. Ainsi, notre gouvernement a choisi la solution du pis-aller avec le « Cloud de confiance ». » Dans ce contexte, sa « priorité est de développer une offre souveraine en matière de cloud et de cybersécurité par :
– le financement de partenariats de recherche avec les entreprises dans les secteurs du cloud et de la cybersécurité afin d’encourager le développement d’un cloud souverain français
– L’augmentation de la commande publique pour multiplier les investissements en R&D des entreprises innovantes dans le secteur du cloud et de la cybersécurité
– La promulgation d’une loi pour que les données publiques et privées régies par l’IGI 1300 (« Secret » et « Très Secret ») ou définies sensibles par la CNIL (données de santé, identification biométrique, convictions religieuses, appartenance syndicale) soient hébergées et sécurisées par des solutions souveraines. »

Renforcer les pouvoirs de l’ANSSI

Autant de chantiers potentiels que le FIC et InCyber disent avoir « choisi de confronter aux quelques mesures dédiées du programme officiel de l’actuel Président de la République, bien que celui-ci n’ait pas fait parvenir sa contribution », tout comme Jean Lassalle (Résistons) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), d’ailleurs. Emmanuel Macron (La République en marche) prévoit notamment « d’augmenter les moyens de l’ANSSI pour renforcer la capacité de lutte et de soutien cyber aux entreprises françaises ». Il veut aussi « poursuivre le Plan de relance (annoncé en septembre 2020), dont 7 milliards d’euros directement sur l’enjeu du numérique. »

Aussi, deux candidates qui ne se sont pas exprimées précisément sur le sujet « premier chantier cyber », ont néanmoins répondu largement au questionnaire du FIC.

L’une, Anne Hidalgo (Parti socialiste), a déclaré souhaiter « développer un cloud français, main dans la main avec nos collectivités territoriales par la fondation d’un SRADDET du numérique [Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires], qui imposera le stockage des données les plus sensibles au sein de data centers français, tout en exigeant une plus grande transparence aux logiciels sur les lieux d’hébergement de leurs données ».

L’autre, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), enfin, a indiqué à propos de souveraineté et identité numériques : « aujourd’hui pour protéger nos données, nous ne pouvons faire confiance que dans la force collective des travailleurs, qui, organisés, pourraient lutter contre leur hiérarchie, dénoncer toutes les politiques criminelles des entreprises et États, et ainsi entraîner des réponses collectives. »

*Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Anne Hidalgo (PS), Yannick Jadot (EELV), Jean Lassalle (Résistons), Marine Le Pen (RN), Emmanuel Macron (LREM), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Valérie Pécresse (LR), Philippe Poutou (NPA), Fabien Roussel (PC) et Éric Zemmour (Reconquête).

(crédit photo © Shutterstock)