Entretien avec G. Hazan: ‘Le retour d’une bulle des technos ?’

Georges Hazan, directeur du pôle Technologies de Intuitucapital, société de conseil en fusions & acquisitions, donne sa version sur les risques d’une nouvelle bulle spéculative

20 ans d’expérience dans les fusions & acquisitions internationales, dans les investissements en capital auprès du secteur des technologies et dans le conseil stratégique: Georges Hazan prend du recul pour analyser la situation actuelle.

C’est au Canada, en 1989, qu’il a fondé CICT, une société de conseil en investissements spécialisée dans le ‘high tech’. Avec des bureaux à Boston, San Francisco, Totonto, Montréal, Londres et Tel’Aviv, il a créé un réseau international dédié aux opérations ‘cross?border‘ pour les entreprises technologiques. Il a contribué à une centaine de transactions, dont certaines sont allées jusqu’à 500 millions de dollars. Au sein d’Intuitucapital, il dirige le pôle technologique, un secteur dont les possibilités d’expansion restent considérables. Peut-on considérer que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de bulle Internet ? « Ce n’est pas la période d’Internet. La période est plus favorable aux nouvelles technologies télécoms et sécurité. Nous entrons dans une nouvelle folie de surenchère sur l’évaluation des sociétés qui peuvent s’afficher comme les plus belles des mariées« . « Nous assistons à un changement radical du paysage des technos, la convergence des TIC est en marche, mais elle va prendre du temps, jusqu’en 2010. Regardez le ‘broadband’ [les très hauts débits] et le ‘wireless’ [le sans fil], deux titans qui étaient supposés converger« . « Si l’on considère l’ADSL et le « tripleplay », ces deux technologies réunissent en réalité des concepts anciens. Ce n’est pas une révolution technologique, il n’y a pas de big-bang en vue, seulement des applications qui percent« . « Si l’on prend l’exemple des ‘telcos’ [opérateurs télécoms], nous ne pouvons que constater qu’il y a trop de concentration. Il faut des challengers; la raison des technos c’est de créer des David et pas seulement des Goliath« . Et la France, où se situe-t-elle? « En France, on prend le train de l’innovation. Avec quelques avantages, comme nos avancées sur le ‘broadband’, les transports, les TIC. Mais il est nécessaire de nous mobiliser et de nous engager dans une politique économique, car il est encore possible de profiter de poches technologiques« . « Je perçois trois facteurs pour relancer le marché. Tout d’abord, sur les places de marché, avec une augmentation de la valeur des entreprises. C’est un mouvement de fond. Ensuite, l’arrivée de nouveaux entrants crée de nouveaux compétiteurs. De quoi attirer les investisseurs, en particulier des fonds de pension considérables qui vont picorer dans le jardin des entreprises. Enfin, il faut raisonner ‘global, global, global’. Les technologies n’ont plus de frontières et plus de nationalité. Il n’y a plus de logique économique mais des transactions entre continents. Nous assistons à un foisonnement d’activités, qui vont nécessiter de mettre en place de nouvelles stratégies« .