Près de 3 milliards d’euros de bénéfice pour Orange en 2016

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A l’échelle du groupe, Orange améliore globalement ses résultats. Mais la hausse des recrutements d’abonnés dans le fixe et le mobile en France ne parvient pas à relancer le chiffre d’affaires.

En apparence, tout va bien, et même mieux que bien. A près de 41 milliards d’euros, Orange affiche un chiffre d’affaires 2016 en très légère hausse (de 0,6%). Du mieux, en regard des -0,1% en 2015 et -2,5% en 2014 (à base comparable). Ce qui permet à l’opérateur de dégager 158 millions supplémentaires d’Ebitda, qui s’élève au total à 12,7 milliards (+1,3% par rapport à 2016), en ligne avec les objectifs annoncés l’an dernier. La marge, de 31%, se maintient (+0,2 point). Malgré un résultat d’exploitation de près de 4,1 milliards en baisse de 14%, le résultat net affiche une hausse de 13 % à près de 3,3 milliards d’euros. Au final, le bénéfice progresse de 10,7 % à 2,94 milliards d’euros.

Sous la pression concurrentielle, le résultat dégagé en France continue néanmoins de ralentir. A moins de 19 milliards de chiffre d’affaires, la région recule de 1% par rapport à 2015 (à base comparable). La véritable locomotive du groupe reste l’Espagne, avec plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+6%). Bien au-dessus des + 2,4% de moyenne européenne (10,5 milliards sur la région). La zone Afrique et-Moyen-Orient progresse sensiblement (+2,6% à 5,2 milliards). Et la branche entreprise (Orange Business Services) redresse également la tête à 6,4 milliards (+ 0,7% à base comparable).

1,5 million d’abonnements FTTH en France

Les clients sont pourtant au rendez-vous en France. L’opérateur revendique 20,78 millions d’utilisateurs mobiles (dont 65% de forfaits grand public sans engagement, +13 points), en hausse de 2,5% sur l’année. Les clients 4G constituent 54% de cette base, soit 11,22 millions (pour 28,1 millions de clients 4G en Europe au total). L’activité fixe haut débit est également en croissance, de 3,9%, et raccorde 11,51 millions de foyers. Dont 1,45 million en fibre optique à domicile, en hausse de 51% (sur un total de 3,3 millions sur l’ensemble des régions du groupe, + 75%).

Les investissements réalisés l’an passé en France s’affichent en hausse de 10,5% à 3,4 milliards d’euros (bien au-dessus des 3% de progression pour l’ensemble des régions). Ils se sont concentrés dans le déploiement de la fibre, qui totalise 6,9 millions de foyers raccordables au 31 décembre (+1,8 million de logements en un an) sur un total de 20,3 millions de prises raccordables au très haut débit (THD) fixe (dont 9,6 millions en Espagne). Tout en revendiquant 88% de couverture de la population, Orange entend densifier sa 4G en France dans les zones urbaines et les transports. L’extension de la 4G+ est également à l’ordre du jour. Cette dernière équipait 43% des infrastructures LTE fin 2016.

« Nos investissements portent notre performance commerciale, tirée par le très haut débit fixe et mobile, et ce malgré une intensité concurrentielle inégalée, notamment en France. Notre base de clients fibre progresse ainsi de 75% avec 3,3 millions de clients fin 2016 et notre base de clients 4G en Europe est en hausse de 58% avec 28 millions de clients, se réjouit Stéphane Richard, PDG du groupe. L’amélioration de tendance confirmée nous permet d’envisager une redistribution de la valeur créée, avec pour nos actionnaires une proposition d’augmentation de notre dividende pour l’exercice 2017, année qui sera clé pour le groupe avec le lancement d’Orange Bank au cours du premier semestre. »

L’inquiétude des syndicats

Mais cette analyse ne réjouit pas tout le monde. Notamment pas le syndicat CFE-CGC Orange et l’ADEAS (Association de l’Epargne et de l’Actionnariat Salarié) qui se disent « préoccupés par quelques éléments ». Ils pointent ainsi des bénéfices « en grande partie dus aux résultats de la cession d’EE ». La vente à BT en janvier 2016 de la co-entreprise formée avec Deutsche Telekom a rapporté à Orange 4,5 milliards (et 4% du capital de l’opérateur britannique). Autre inquiétude, le niveau d’endettement ne tiendrait pas compte des 6 milliards d’euros d’« obligations perpétuelles ». Néanmoins, à 24,44 milliards d’euros, l’opérateur a réduit son endettement à 1,93 fois l’Ebitda ajusté contre 2,01 fois en 2015 (26,56 milliards). D’autre part, « l’amélioration de l’Ebitda en France résulte d’une sévère réduction des effectifs qui se traduit notamment par une disparition de boutiques, une augmentation de la sous-traitance à bas coût », soulignent les empêcheurs de profiter en rond. Enfin, ils regrettent que le dividende versé aux actionnaires s’affiche en hausse « alors que les besoins de financement sur la fibre sont importants ». D’autant que les mesures envisagées par l’Arcep sur la régulation de la fibre (avec, schématiquement, un accès facilitée aux infrastructures majoritairement détenue par l’opérateur historique) « font peser un risque sur la poursuite des investissements ».

Autant de points qui marqueront une année charnière pour Orange. L’opérateur poursuivra sa diversification en France avec le lancement de son offre de banque mobile. Une étape clef pour affirmer sa crédibilité en tant qu’acteur dans ce nouveau domaine. Le tout dans un marché français des télécoms qui pourrait connaître une nouvelle phase de concentration. Tout dépendra probablement de la volonté de l’Etat de se désengager un peu plus du capital de l’entreprise. Initiative qui dépendra elle-même des résultats de l’élection présidentielle. Enfin, Orange doit aussi préparer la succession de son dirigeant actuel dont le mandat se termine en 2018. A moins que Stéphane Richard ne décide de prolonger sa mission.


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