VoiceTech : les acteurs français et européens mobilisés face aux géants américains et chinois

Après le rachat de Snips par l’américain Sonos, les startup françaises et européennes du secteur de la voicetech veulent resserrer les rangs pour constituer un corpus vocal de langues du vieux continent.

C’est quelques jours avant l’ouverture de VoicTech  Paris, la première édition du salon professionnel dédié aux applications et technologies vocales en entreprise, que l’annonce est tombée : l’américain Sonos rachète Snips, une pépite française de la voicetech, pour 37 millions €.

Les observateurs n’ont pas été surpris par l’opération tant les difficultés  de la startup pour commercialiser son offre étaient connues. Sur ce marché naissant mais déjà très concurrentiel, la personnalité de son fondateur Ran Hindi, le plus médiatique du secteur n’a pas suffi. Il quitte d’ailleurs la startup tandis que les 50 salariés vont constituer un pôle de R&D en France pour Sonos indique Les Echos.

Mais ce rachat met en exergue la situation des acteurs français et européens des technologies de la voix : sont-ils capables de proposer une alternative à Alexa (Amazon) et Siri (Apple) ainsi qu’aux groupes chinois Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi (BATX).

Les européens face aux GAFAM et BATX

En avril dernier, une vingtaine d’entre eux ont créé le Voice Lab. Leur manifeste avance que « les fournisseurs d’applications vocales, et en premier lieu les grandes entreprises françaises et européennes, souhaitent donc pouvoir développer et exploiter des services fonctionnant sur tout système, sans dépendre exclusivement de ceux proposés par les GAFAM/BATX. ».

Ouverte désormais à l’adhésion de nouveaux membres, le Voice Lab se fixe toujours l’objectif de créer  « une place de marché pour stocker, naviguer,  nettoyer, enrichir et utiliser les données, concevoir des APIs standardisés et offrir des service de la voix » aux entreprises.

« Le Voice Lab  compte constituer un corpus vocal de 100  000 heures, comprenant des voix de personnes de tout âge et aux accents différents. Nous n’avons pas suffisamment de données pour entraîner des modèles », explique Karel Bourgois, fondateur de Voxist, à l’AFP.

La dernière offensive s’appelle  Djingo, lancé par les opérateurs Orange et Deutsche Telekom qui permet à leurs abonnés d’accéder à plusieurs services. Mais pour répondre à des requêtes plus générales, l’assistant vocal embarque la technologie qui domine le marché : Alexa.

Les trois opérateurs français ( Free – Orange – SFR) n’ont pas rejoint Le Voice Lab mais font  partie, aux côtés d’autres opérateurs, d’éditeurs, d’intégrateurs et de fournisseurs de semi-conducteurs, de la Voice Interoperability Initiative, qui réunit une trentaine d’entreprises (dont Amazon, Microsoft mais pas Google)  autour de l’interopérabilité des assistants vocaux. 

Une désunion qui ne devrait pas entraver le projet franco-européen. « Les Gafam ont une puissance écrasante, mais ça ne veut pas dire que c’est pérenne, les régulateurs, les lobbys et les acteurs peuvent mettre en place beaucoup de choses qui changent la donne », affirme  Yann Lechelle, ancien directeur des opérations de Snips, à l’AFP.