Anthony Cross (Progress Software): «Arbitrer le développement d’applications entre sur mesure et prêt-à-porter»

Antony Cross, directeur avant-vente Europe de Progress Software

Progress Software vient de lancer Pacific, une offre de PaaS juste après le rachat du spécialiste Rollbase. Première étape d’une stratégie Cloud bien plus ambitieuse. Entretien avec Antony Cross, directeur avant-vente Europe chez Progress Software.

Le spécialiste du développement d’applications d’entreprise Progress Software affiche un portefeuille de clients enviable : 140 000 entreprises dans le monde, présentes dans plus de 180 pays.

L’éditeur semble récolter les fruits du recentrage sur son métier d’origine en 2012, et relance la dynamique avec une stratégie Cloud volontaire, suite au rachat de Rollbase. Premier pas : le lancement de sa plateforme PaaS Pacific il y a quelques semaines.

En quoi a consisté le recentrage de Progress Software l’an passé ?

En avril 2012, Progress a effectivement décidé de se recentrer sur son cœur de métier, le développement d’applications intégrant connectivité, logique métier, BPM, mobilité…

Sur ce créneau, nous disposons d’une grande base de partenaires applicatifs, dont certains utilisent nos solutions depuis plusieurs années. En effet, ils apprécient notre bonne gestion des ruptures technologiques grâce à une compatibilité ascendante la plus préservée possible.

Ces activités concernent essentiellement du développement d’applications sur site (on-premise), mais également quelques projets Cloud. Par exemple, Proginov propose son ERP en mode SaaS sur notre plate-forme OpenEdge. Pour cela, ils opèrent depuis plusieurs années leurs propres infrastructures Cloud.

Pouvez-vous nous résumer la proposition de Progress Pacific ?

Depuis quelques jours, nous proposons officiellement notre solution PaaS Pacific (plus précisément aPaas pour Application PaaS) permettant de concevoir et gérer des applications intégrant Cloud, mobilité et plate-forme “sociale”. Pour parvenir à ce résultat, Progress a intégré quatre éléments majeurs de notre portefeuille.

  • Open Edge apporte le développement rapide d’applications, favorisé par notre moteur de gestion des règles métier Corticon, qui facilite les échanges des discussions avec les spécialistes opérationnels de l’entreprise.
  • Data Direct a été porté sur le Cloud pour permettre la connexion des applications sur des bases de données internes, externes, Cloud, Big Data…
  • Enfin, avec l’acquisition de Rollbase en juin dernier, nous disposons d’une plate-forme pour le développement et le déploiement d’applications Cloud d’entreprise, depuis un navigateur Web.

Aller sur le Cloud avec des solutions d’origines diverses est un challenge pour l’intégration…

Suite à un accord avec Amazon Web Services (AWS), nous projetons de porter tous nos outils sur le Cloud. Le lancement de la première version de Pacific n’est qu’une première étape. Effectivement, nous travaillons en parallèle à intégrer mieux encore toutes ces solutions et à obtenir une unité de code pour les logiciels sur site et dans le Cloud.

Déjà, Open Edge 11.3 propose une meilleure intégration BPM, avec un seul installeur et un studio de développement commun. Et de même avec notre BRMS Corticon.

La V1 de Pacific peut être déployée dans de multiples environnements (multi-OS et multi-plates-formes). Elle peut être hébergée sous AWS, mais aussi dans d’autres environnements Cloud, en mode privé ou public. Ainsi, l’entreprise n’est pas pieds et poings liés avec un système d’exploitation, une application, ou une plate-forme matérielle spécifiques. En effet, Progress fonctionne depuis des années sur les logiciels et matériels majeurs du marché. Sans oublier les multiples possibilités de connexion à des bases de données, applications, Big Data, Hadoop, SFDC (Salesforce.com), etc.

Actuellement, les codes sources de vos briques logicielles sont hétérogènes…

A terme, nos produits sur site et sur le Cloud fonctionneront sur un code commun. Il s’agira donc de la même plate-forme. Et elle pourra être déployée en interne comme un logiciel traditionnel ou sous forme de Cloud privé (interne ou externe), ou sous un environnement Cloud (AWS, ou autre).

En outre, cette caractéristique rendra possibles des environnements hybrides avec de multiples combinaisons.

Progress s’assurera, comme toujours, de proposer une compatibilité ascendante avec un minimum de ruptures technologiques.

Votre base de données multitenant laisse entendre que vous avez décorrélé les instances de SGBD et les instances applicatives dans votre architecture Cloud. Qu’en est-il ?

Progress supporte effectivement le multitenant au niveau des bases de données. Ce qui permet de disposer de plusieurs instances logiques isolées dans une même base de données physique.

Cet aspect multitenant est bien entendu également présent au niveau applicatif. Ainsi toute instance applicative peut engager une connexion vers tout tenant de base de données (si elle dispose des habilitations nécessaires).

Un prestataire qui proposerait une application de gestion des notes de frais pourrait, par exemple, déployer une base de données mutualisée (avec plusieurs tenants) pour les PME, et une autre base de données dédiée à chaque grande entreprise. Eventuellement avec des tenants applicatifs faisant partie d’une même application Cloud.

Où en êtes-vous de la mobilité ? Avez-vous tranché entre application native ou non ?

La fonction Mobilité est directement intégrée dans le socle technologique. Et la création, d’application mobile devient encore plus rapide avec le BRMS, et la possibilité de modèle hybride utilisant à la fois les fonctions mobiles et leHTML5.

Actuellement, nous utilisons un mode hybride : un conteneur natif dans lequel nous poussons du HTML5. Nous étudions aussi l’intérêt des applications purement natives.

Vous prônez le développement facile et rapide. Que devient alors le développeur ?

Effectivement la mission de Progress consiste à faciliter au maximum le développement rapide d’applications d’entreprise.

C’est pourquoi nos solutions de règles métier permettent d’impliquer fortement les opérationnels afin de faciliter les échanges et les discussions avec les informaticiens, afin de limiter les risques d’erreurs de conception en amont.

D’ailleurs un utilisateur métier un peu technophile peut tout à fait développer seul ses règles. D’autant plus que Corticon assure un contrôle continu de cohérence pour l’accompagner, avec une assistance de plus en plus intelligente et performante.

Cependant, même si les outils les plus sophistiqués permettent de concevoir jusqu’à 70 ou 80 % des règles et interfaces sans grande maîtrise technique, une compétence informatique reste indispensable pour les 20 à 30% restants (dans les meilleurs des cas). Un pourcentage qui devient d’ailleurs très vite plus important pour des applications moins standardisées.

Alors, tout est une question d’arbitrage entre sur mesure et prêt-à-porter, ou entre besoin et budget.


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