Le Cloud d’Amazon vaudrait déjà 85 milliards de dollars en bourse

Isolée pour la première fois au sein des résultats d’Amazon, l’activité Cloud du e-commerçant est bien plus rentable qu’espéré. Le titre s’envole en bourse.

Pour la première fois, Amazon a dévoilé les chiffres de son activité Cloud, Amazon Web Services. Jusqu’à présent, les analystes, à l’affût des moindres indices concernant les indicateurs du leader mondial du Cloud public, devaient se contenter des estimations du cabinet Synergy Research (attribuant à Amazon 30 % d’un marché estimé à 5 milliards de dollars au trimestre) ou de spéculer sur la part issue du Cloud dans la ligne ‘Autres’ des rapports financiers du cyberlibraire. Cette fois, les marchés disposent d’un chiffre précis : 1,57 milliard de dollars au premier trimestre 2015, en progression de 48 % sur un an. Finalement peu ou prou ce à quoi s’attendaient les observateurs du marché.

Mais la principale surprise réside dans le profit opérationnel de cette division : 265 millions de dollars, soit bien plus que les spéculations de nombre d’observateurs qui imaginaient que la stratégie d’Amazon dans le Cloud consistait uniquement à écraser ses marges pour gagner un maximum de parts de marché. La guerre des prix dans le Cloud, que se livrent AWS, Microsoft, Google ou encore IBM, a parfois réduit de 70 % en un an les tarifs de certains services de base. Même si ces soldes permanentes ont mis les marges sous pression (le profit opérationnel de AWS a progressé 8 % en un an uniquement en raison des effets de change, il aurait reculé sinon, a indiqué Amazon), la profitabilité de l’activité Cloud (16,9 %) reste enviable. Plus tôt au cours de ce mois d’avril, les analystes de Goldman Sachs et de Citigroup avaient estimé qu’AWS était au mieux à l’équilibre.

Deux fois la croissance de Salesforce

Surtout, ce niveau surprise se traduirait par une valorisation importante en cas de cotation séparée d’AWS. Fin 2013, les analystes de la société Evercore estimaient que l’activité Cloud du e-commerçant pourrait valoir 50 milliards de dollars. Un montant alors raillé car largement surestimé, avaient plaidé des commentateurs. Aujourd’hui, en se basant sur des bénéfices opérationnels annuels de 1,1 milliard de dollars et en intégrant le modèle de souscription du Cloud (qui se traduit par des rentrées de cash récurrentes), Brian Nichols, un auteur de livres spécialisés sur la finance, estime que AWS vaudrait déjà près de 85 milliards de dollars en cas de cotation séparée. Pour ce faire, l’analyste se base sur les ratios de Salesforce (75 fois les profits générés). Tout en remarquant que l’activité Cloud d’Amazon progresse environ deux fois plus vite que celle du spécialiste du CRM en mode Saas. Et en notant que la guerre des prix dans le Cloud public semble marquer une pause durable.

Les déclarations de Brian Olsavsky, le directeur financier de la branche grande consommation d’Amazon, lors de la conférence de commentaires des résultats trimestriels, n’a fait que renforcer les espoirs des analystes. Le dirigeant a expliqué que cette activité n’en était encore qu’à ses débuts et que les perspectives étaient bonnes. « Nous pensons qu’avec le temps, nous serons capables de générer d’importants flux de trésorerie et un solide taux de rentabilité. »

L’annonce des résultats trimestriels d’Amazon devrait bondir le titre en bourse. Dans les échanges avant l’ouverture du marché ce vendredi, le titre s’appréciait de plus de 14 %, à près de 445 $ (contre 390 la veille).

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