EleutherAI sera-t-il ce qu’OpenAI n’est plus ?

image_pdfimage_print
EleutherAI OpenAI

À l’heure où OpenAI affirme s’être « trompé » dans sa vision initiale, l’initiative concurrente EleutherAI monte en puissance.

« OpenAI est désormais tout ce qu’il avait promis de ne pas être : corporate, propriétaire et à but lucratif. » On a récemment vu passer ce titre dans la presse américaine, entre autres critiques, sur fond de « mise au point » par Sam Altman.

L’intéressé préside précisément la branche corporate d’OpenAI. Un bras armé constitué en 2019 et officiellement placé sous la gouvernance de la structure d’origine – une organisation 501(c)(3) – établie quatre ans plus tôt.

Dans sa mise au point, Sam Altman insiste sur la relation entre ces deux entités. Et sur d’autres garde-fous tel le plafonnement des bénéfices pour les actionnaires. Il souligne aussi la présence, dans la charte OpenAI, d’une clause en particulier. Elle exprime un engagement : plutôt que de mener une course aux armements avec les organisations positionnées sur le même créneau, les assister dans le développement d’IA plus sûres.

Un nouvel OpenAI

Dans les faits, la course aux armements a bel et bien débuté. Et de là à penser qu’OpenAI l’a au moins partiellement impulsée, il n’y a qu’un pas. Sam Altman lui-même s’y inscrit en appelant à accélérer les cycles de développement. Il y entrevoit l’occasion d’accélérer aussi l’encadrement des IA. Y compris à partir… d’autres IA.

Cette approche conforte OpenAI dans son choix d’avoir mis sur pied une branche corporate. Les propos d’Altman le confirment : « Sans changer de structure, nous n’aurions pas pu réunir assez de fonds ».

Avec ce changement de structure est intervenue une certaine « fermeture ». OpenAI a cessé de publier de nombreux fruits de ses travaux, à commencer par le code de ses principaux modèles. Son argument est d’ordre éthique : on ne peut pas tout ouvrir au risque d’usages déraisonnables, incontrôlés, etc.

Reste qu’une partie du bagage est bien ouvert… moyennant paiement. Et le catalogue s’étoffe rapidement depuis quelques semaines. En parallèle, OpenAI a fait l’acquisition du domaine ai.com, qui redirige vers l’interface web de ChatGPT.

EleutherAI : du salon Discord à « l’institut de recherche »

Ce qu’OpenAI n’est plus, EleutherAI le sera-t-il ? Né en 2020 sur Discord, ce collectif de développeurs est devenu un « nom qui compte » dans la recherche ouverte en IA. Il a, par exemple, publié The Pile, ensemble de jeux de données destinés à entraîner des grands modèles de langage « à la GPT-3 ». Il est aussi à l’origine de GPT-J et GPT-NeoX, deux modèles publiés sous une licence reconnue par l’OSI (Apache 2.0).

Comme OpenAI, au motif d’un manque de ressources, EleutherAI a décidé de revoir sa structure. Le voilà qui crée un « institut de recherche à but non lucratif ». Parmi ses premiers soutiens financiers figure Nat Friedman, l’ancien patron de GitHub. Stability AI, l’entreprise à qui on doit le modèle Stable Diffusion, est aussi dans la boucle. Même chose pour Hugging Face, cette start-up que des Français ont fondée aux États-Unis et dont le projet BigScience a impliqué une partie de l’équipe EleutherAI.

En dépit de ce soutien d’entreprises privées, EleutherAI « restera indépendant », nous assure-t-on. Sans intention de « cacher [ses] recherches au public ». Une vingtaine de ses membres travaillent aujourd’hui à temps plein.

À consulter pour davantage de contexte :

OpenAI : la fièvre touche aussi les investisseurs
OpenAI recrute (massivement) des développeurs
Foundry : vers une offre OpenAI sur ressources dédiées
Whisper : un modèle multilingue made in OpenAI émerge face à BLOOM
Hugging Face, faire-valoir d’AWS dans les IA génératives
De BigScience à BigCode : la quête d’IA génératives « éthiques »

Photo d’illustration générée par IA