François Hollande et la transformation numérique française

Le plan numérique de François Hollande

Vainqueur de l’élection présidentielle du 6 mai, le socialiste François Hollande a précisé durant sa campagne ses choix en faveur d’une transformation numérique de l’économie et de la société. Récapitulatif.

François Hollande qui a remporté l’élection présidentielle avec 51,63 % des suffrages exprimés, soit 18 millions de voix, face à Nicolas Sarkozy (48,37 % des suffrages, 16,8 millions de voix), sera amené durant son mandat à concrétiser le volet numérique de son programme. Éducation informatique, emplois technologiques, soutien aux PME et entreprises innovantes, nouvelle fiscalité du numérique… sont autant de priorités.

Transformation numérique

Aux yeux du nouveau chef de l’État, si la France aborde la transformation numérique de l’économie et de la société avec des atouts tels que son enseignement supérieur, sa recherche et ses infrastructures ainsi que l’esprit d’entreprise de sa jeunesse, elle a également des handicaps. Parmi ceux-ci : « le plafond de verre qui bloque la croissance des PME, la carence des capacités d’investissement en capital, le décrochage de la R&D industrielle », comme l’a indiqué en mars M. Hollande dans une missive à l’attention des membres du Collectif numérique.

Pour franchir ces obstacles, François Hollande veut notamment repenser la gouvernance du numérique, réformer le statut de jeune entreprise innovante (JEI) et remplacer Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits d’auteur sur internet) par une autorité aux compétences élargies. Le prochain chef de l’État s’est également déclaré favorable à l’institution d’un « habeas corpus numérique » censé garantir les droits et les libertés de chacun à l’ère numérique.

Formation et emploi

François Hollande qui fait de la jeunesse l’une de ses priorités, a indiqué le mois dernier au Conseil national du logiciel libre (CNLL) que « l’éducation ne (doit) pas seulement faire des élèves des ‘consommateurs’ de l’informatique, mais aussi des ‘créateurs’ qui sauront décoder et surtout ‘coder’ cet univers ».

Par ailleurs, a-t-il ajouté à l’attention du Collectif numérique, la formation aux nouveaux métiers du numérique ne doit pas être l’apanage des ingénieurs. Former des jeunes « de qualifications intermédiaires dans des secteurs tels que la programmation, l’administration de réseau, la numérisation ou encore la gestion de communautés », est une « urgence ».

Il y aura donc un grand « plan pour le numérique dans la formation » qui regroupera le soutien au développement de supports pédagogiques numériques, la formation des enseignants au numérique ainsi que l’ouverture à toutes les séries des baccalauréats d’une spécialité optionnelle numérique.

PME et entreprises innovantes

Pour soutenir les petites et moyennes entreprises et favoriser le soutien aux filières d’avenir tel que le numérique, dont les secteurs du très haut débit (fibre optique) et de l’e.santé, François Hollande veut créer une Banque publique d’investissement. Ce soutien passera également par les fonds régionaux et la création d’un livret d’épargne industrie dont le produit sera dédié au financement des PME et des entreprises innovantes.

M. Hollande veut également que la part des impôts payés en France par les géants de l’Internet, américains dans leur majorité, soit plus importante. Il préconise de renégocier les conventions internationales sur le sujet avec les partenaires européens de la France.

Par ailleurs, François Hollande prône un impôt sur les sociétés devenu progressif, et ce en fonction de la taille de la société, « avec un taux plus bas sur le bénéfice réinvesti que sur celui distribué aux actionnaires ». Il souhaite aussi élargir l’accès des PME au crédit impôt recherche (CIR). Enfin, François Hollande entend « veiller à ce que la commande publique soit bien ouverte aux PME, à travers la mise en place d’un médiateur du marché public ».

Marchés publics

M. Hollande prône la mise en oeuvre d’une véritable stratégie technologique pour l’État. Celle-ci passera par « la maîtrise des systèmes d’information en maintenant de fortes compétences internes ; l’agilité plutôt que la logique de grands projets cloisonnés et coûteux ; la mutualisation des ressources ; l’interopérabilité à travers les logiciels libres et les standards ouverts ». M. Hollande souhaite également ouvrir à tous les niveaux les données publiques (open data).

La concrétisation du volet numérique du programme de François Hollande passera-t-elle par la création d’un poste dédié à l’économie numérique au sein du futur gouvernement ? Fleur Pellerin, conseillère chargée des problématiques numériques durant sa campagne, sera-t-elle la troisième ministre du numérique en France, à la suite d’Éric Besson et Nathalie Kosciusko-Morizet sous les gouvernements de François Fillon ?