Georges Lotigier, Vade Secure : « Cette crise est un crash-test pour les entreprises dont la transformation numérique a déjà été réalisée »

Covid-19 / PENSER L’APRÊS – Spécialiste de la sécurisation prédictive de la messagerie, Vade Secure compte des clients dans 76 pays. Georges Lotigier, son CEO, revient pour Silicon.fr sur l’impact de la pandémie sur le fonctionnement de son entreprise et sur sa vision de « l’après ».

Est-ce que cette crise Covid-19 est le crash-test du concept de « transformation numérique des entreprises » dont on parle depuis plusieurs années ?

Georges Lotigier – Pour certaines oui, mais pas pour toutes. Il s’agit bel et bien d’un crash-test pour toutes les entreprises dont la transformation numérique a déjà été réalisée, en partie ou totalement. Pour toutes les autres, cette crise les a forcé à se mettre à l’arrêt, et les conséquences du Covid-19, parmi lesquelles le télétravail ou l’importance des outils numériques, vont leur faire prendre conscience qu’elles vont devoir s’organiser différemment.

Il existe encore quelques axes d’amélioration en terme de transformation numérique chez Vade Secure, notamment par rapport aux actions marketing, forcément impactées par l’annulation des événements dédiés à nos partenaires par exemple ou bien dans l’optimisation des processus d’automatisation entre les différents métiers de l’entreprise.

Cependant, je constate que le télétravail, auquel nous sommes habitués, notamment avec la dizaine de bureaux que nous avons dans le monde, se révèle être particulièrement efficace en ces temps où les contacts se sont naturellement remplacés par des visioconférences et, ou notre productivité et notre qualité de vie s’améliorent grâce à des temps de transport largement réduits. Cette période de crise est aussi l’occasion de chercher à optimiser notre utilisation des outils mis en place, pour être 100 % numérique de bout en bout.

Georges Lotigier – CEO de Vade Secure

En tant que dirigeant d’entreprise, quels enseignements tirez-vous de cet évènement ?
Georges Lotigier – Je suis très agréablement surpris par l’implication et par la responsabilité de chacun. Tout s’est rapidement organisé : ceux dont la charge de travail était moindre ont demandé à passer au travail partiel.

D’autres ont accepté une charge de travail un peu plus conséquente. Tous, en prenant conscience des risques économiques de la crise que nous traversons, avec une implication sans failles et un très fort attachement à l’entreprise et au projet.

Le  sentiment d’appartenance à l’entreprise n’est donc pas uniquement lié à un lieu de travail. Les échanges se poursuivent grâce aux outils mis en place, tout le monde a ressenti le besoin de renforcer les liens avec l’équipe dans une période troublée. J’observe beaucoup de bienveillance, de solidarité entre les collaborateurs, envers l’entreprise et même au-delà : les Français, le monde…

Comment voyez-vous l’après pour votre secteur ? Qu’est-ce qui va changer ?
Georges Lotigier – Cette crise sanitaire va mettre à mal l’économie de notre pays, et bien entendu l’économie mondiale. Certains secteurs d’activité vont forcément mieux s’en sortir que d’autres.

Celui de la cybersécurité va continuer de croître après la crise. La transformation numérique des entreprises va s’accélérer et grâce aux outils IT mis en place pendant la crise, le télétravail va se développer : avec une utilisation encore plus accrue des infrastructures, les besoins en sécurité devront être renforcés. Enfin, au travers des dernières attaques ciblées, on a vu que les hackers ne laissaient aucun répit à aucune organisation. Les entreprises vont encore prendre davantage conscience de la menace cyber.

Plus globalement, je dirai que la mondialisation poussée à l’extrême n’est sans doute pas ce qu’il y a de mieux. On en voit aujourd’hui les limites sur un plan écologique ou sociétal.
Chaque pays, chaque continent doit pouvoir conserver une indépendance, notamment sur des besoins alimentaires, de santé ou matériels. Cette crise met en lumière les différences entre les pays, selon les politiques en place. Nous avons la chance d’avoir un modèle de protection sociale et un soutien économique certain du gouvernement, avec les dernières mesures mises en place.

Il va nous falloir tirer les enseignements de cette « guerre », en souhaitant qu’il y ai une véritable prise de conscience sur le long terme, alors même que cette crise était une hypothèse largement prévisible. Pour les plus jeunes, qui ont un mode de raisonnement résolument tourné vers l’écologie, cette crise va forcément les conforter dans cette idée et je l’espère participer à une prise de conscience collective durable sur ces sujets.

crédit photo : @DR