Emploi : Internet et le réseau de relations l’emportent

Les actifs en France utilisent largement Internet pour rechercher du travail, mais l’accès à l’emploi se concrétise d’abord grâce aux relations personnelles et professionnelles.

Le numérique et ses outils sont devenus incontournables pour les salariés et les chômeurs à la recherche d’opportunités professionnelles. Mais pour trouver un emploi, les relations priment. C’est le principal enseignement d’une enquête réalisée par l’institut CSA pour le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), et publié lundi 10 octobre à l’occasion du colloque « recruter à l’heure du numérique ».

Le sondage en ligne a été mené fin août auprès de 501 chômeurs et de 504 salariés du privé en poste depuis au mois deux ans. Premier constat : 62% des salariés et 60% des demandeurs d’emploi interrogés estiment « qu’aujourd’hui, sans Internet, on n’a aucune chance de trouver du travail ».

Indeed et Leboncoin

Pour leurs recherches d’emploi ou d’opportunités nouvelles, 61% des salariés et 59% des chômeurs privilégient les outils numériques. Parmi ces outils figurent les sites dédiés à l’emploi, plus que les sites d’entreprise ou les réseaux sociaux. Sans surprise, le site pole-emploi.fr – un passage quasi-obligé pour les chômeurs inscrits auprès de l’agence publique – est le plus utilisé par les demandeurs d’emploi (33% en font le premier vecteur de recherche), mais pas par les salariés (19%).

« Ce sont d’abord les sites généralistes de recherche d’emploi (comme Indeed, Jobijoba, Monster, Keljob, etc.) qui sont privilégiés (par 37% des salariés et 33% des demandeurs d’emploi). Viennent ensuite les sites Internet des entreprises (24% et 15%) et les sites de petites annonces comme Leboncoin.fr (18% et 22%). Enfin, les sites Internet spécialisés pour certaines catégories de salariés [comme l’Apec pour les cadres] (17% et 12%) ou certains secteurs d’activité (14% et 9%), les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn ou Viadeo (respectivement 16% et 10%) ou encore les réseaux sociaux généralistes comme Facebook ou Twitter (7% et 4%) font quant à eux figure de moyens secondaires », soulignent les auteurs de l’enquête.

Cooptation « maison »

Lorsqu’il est question d’accéder effectivement à l’emploi, ce sont les relations qui l’emportent : 27 % des salariés (et jusqu’à 39 % des 50 ans et plus) disent avoir d’abord trouvé leur emploi actuel grâce à leurs relations personnelles et professionnelles. Le réseau de relations devance ainsi de 14 points les agences d’intérim, les cabinets de recrutement et le site de Pôle emploi (à 13 % chacun).

Selon l’Insee, plus de 92% des actifs occupés sont internautes. Mais leurs pratiques numériques varient grandement selon l’âge, la profession et la zone géographique. Ainsi, les salariés de moins de 30 ans, les cadres et les professions intermédiaires (salariés et/ou demandeurs) utilisent davantage les outils numériques à leur disposition, y compris le conseil, les tutoriels et les cours (MOOC). Les chômeurs de très longue durée (plus de trois ans), en revanche, sont plus réticents vis-à-vis des outils numériques. Enfin, les salariés et les demandeurs d’emploi basés en province se tournent plus vers le site de Pôle emploi. Les actifs franciliens privilégient les sites privés.

Filtres et algorithmes

Gestion de carrière plus dynamique, meilleure ciblage de l’offre, gain de temps et d’argent… Si les bénéfices d’une recherche d’emploi en ligne sont identifiés par la majorité, des interrogations demeurent : la concurrence accrue entre candidats, le manque de transparence (critères de sélection), les travers de l’e-réputation ou encore le risque de standardisation des profils (filtres et algorithmes de tri) inquiètent. Sans oublier, l’exploitation des données personnelles collectées.

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