Investissements dans le Cloud : pas de ralentissement en 2016

Une étude montre que les entreprises américaines prévoient de renforcer leurs investissements dans le Cloud. Avant tout en raison… de la sécurité qu’offre ce mode de déploiement.

Aux Etats-Unis, les entreprises n’ont aucune intention de ralentir leur migration vers le Cloud. Selon une étude menée par le cabinet Clutch auprès de 300 décideurs de sociétés américaines de plus de 100 personnes, 63 % des organisations vont augmenter leurs dépenses dans le Cloud en 2016. Pour plus de 20 % des entreprises sondées, la croissance des budgets affectés au Cloud dépassera même les 30 %. Les organisations qui prévoient de faire décroitre leurs dépenses dans le nuage se limitent à 6 % du panel.

clutch1Les sociétés américaines sont convaincues par le Cloud… en raison des améliorations qu’il procure en termes de sécurité. 21 % des dirigeants sondés citent ce facteur comme le premier bénéfice de la migration. Même si l’enquête de Clutch cible avant tout des PME, ce résultat montre le décalage avec la perception européenne. Rappelons que, sur le Vieux Continent, la sécurité est souvent vue comme un frein au déploiement du Cloud. En France, les dernières études en date montraient que près de 2/3 des entreprises n’ayant pas recours à ce mode de déploiement évoquaient leurs doutes quant à la sécurité des données pour motiver leur décision. Les révélations Snowden sont passées par là et elles ont évidemment des répercussions importantes pour les fournisseurs américains hors de leurs frontières.

clutch2Baisse des coûts : pas une évidence

Au-delà de ce seul aspect, les entreprises sondées par Clutch évoquent l’augmentation de l’efficacité de l’organisation et le stockage de données comme les principaux bénéfices du Cloud. Les gains souvent mis en avant par les fournisseurs – flexibilité, passage à l’échelle, vitesse – n’arrivent qu’ensuite. Seuls 22 % des dirigeants estiment que l’aspect budgétaire est un des bénéfices que leur a amenés le Cloud.

clutch3Notons que les entreprises outre-Atlantique utilisent surtout le Cloud pour le stockage de fichiers (cité comme la priorité n°1 par 28 % des sondés), devant l’archivage et la reprise après sinistre (21 %). Des usages très médiatisés du Cloud comme le déploiement d’applications, les tests, la mobilité et la collaboration n’arrivent qu’ensuite. Pour Jason Reichl, Pdg de Go Nimbly, une société de conseil basée à San Francisco, « le stockage de fichiers est le facteur qui amène les entreprises au Cloud, mais ce n’est pas cet usage qui apporte le plus de valeur ». Et ce dernier d’expliquer que celle-ci réside davantage dans le déploiement d’applicatifs dans le Cloud.

1,9 milliard d’euros en France

Surprise côté fournisseurs. Selon Clutch, c’est Microsoft Azure qui domine les débats devant Amazon Web Services (AWS), Google et IBM. L’enquête estime que le Cloud de Microsoft est présent dans 23 % des entreprises sondées, un point de mieux que AWS et deux de plus que Google. Cette vision centrée sur la présence des fournisseurs au sein des entreprises ne recoupe pas l’analyse par chiffre d’affaires menée régulièrement par le cabinet Synergy Research. Ce dernier attribue 31 % du marché Cloud à AWS sur l’année 2015, tandis qu’Azure ne recueille que 9 % du marché mondial. Mais Synergy se contente de scruter le marché des infrastructures Cloud, sans se pencher sur les solutions Saas de type Office 365 ou Google Apps, des offres largement diffusées au sein des PME sondées par Clutch.

En France, le marché du Cloud public (cumulant Saas, Iaas et Paas) représentait 1,9 milliard d’euros en 2015, selon Pierre Audoin Consultants (PAC). Le cabinet d’études anticipe une croissance annuelle moyenne de 26 % sur la période 2015-2019, « avec une tendance au ralentissement », dit Franck Nassah, vice-président de la recherche de PAC. Même si en 2019, selon les projections du cabinet d’études, la progression de ce marché serait encore de 20 %. « De moins en moins de facteurs freinent les investissements des entreprises françaises dans le Cloud public », ajoute Franck Nassah, qui note que les taux de croissance de ce marché seront, sur la période 2015-2019, supérieurs à ceux du Cloud privé. Si on se fie aux projections de PAC, le Cloud public dépassera les 4,5 milliards d’euros dans l’Hexagone en 2019.

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