La justice américaine resserre ses filets autour de Google Street View

Une trentaine d’Etats américains vont s’unir pour mener une enquête commune sur Google Street View, à l’initiative du Connecticut.

Dans l’affaire Street View, j’appelle l’ensemble des états américains contre le plus puissant moteur de recherche du monde ? Non, n’exagérons pas non plus… Ils seraient « un nombre significatif d’états », une trentaine (sur cinquante), à évaluer la possibilité de mener une enquête commune contre Google, « multi états » comme l’exprime, le 21 juin, le procureur général du Connecticut, Richard Blumenthal , qui poursuivait déjà le moteur de recherche.

Les excuses de Google ne changeront plus rien

« Mon bureau mènera une enquête multi états […] sur l’intrusion de Google quant à la vie privée de ses internautes », a déclaré le procureur général dans un communiqué daté d’hier. « Street View ne signifie pas Complete View – cela ne signifie pas envahir la maison et les réseaux informatiques des entreprises et « aspirer » les renseignements personnels et les communications [des internautes] », jusitifie le procureur général dans sa communication.

«Les consommateurs ont le droit et la nécessité de savoir quelles sont les informations personnelles [e-mails, navigations Web, mots de passe] perçues par Google, et comment et pourquoi il l’a fait. Google doit se nettoyer, expliquer comment et pourquoi il a intercepté et conservé des informations personnelles […] »

Il semblerait bien que Google ne puisse plus faire machine arrière. En dépit de sa bonne volonté, il est désormais trop tard aux Etats-Unis. Trop tard pour s’amender symboliquement de la collecte de données personnelles réalisées durant deux ans par les Google Cars sur les bornes wifi ouvertes des internautes du monde entier.

« Qui a inséré le code non autorisé dans le programme des Google Cars ? »

Tout début juin, Google a pourtant accepté de communiquer les données personnelles collectées aux autorités des différents pays demandeurs, mais cela ne suffit pas. Comme le disait si bien Alex Türk, président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, le 17 juin dernier, « ce n’est pas parce qu’un problème est réglé, que l’on en est débarrassé . » Autrement dit, Google doit rendre des comptes, qu’il s’excuse (ou pas) tour à tour par la voix de son Pdg Eric Schmidt – « nous nous sommes plantés » – ou par la voix de Carlo d’Asaro Biondo, directeur général Google France, dansla Tribune ce 22 juin.

Pour le moment, le procureur général du Connecticut a rappelé que de nombreuses questions restaient en suspens. L’une des principales reste, bien sûr, « qui a inséré ce que Google appelle le code non autorisé dans le programme [des Google Cars] et pourquoi ?» Ce code qui a servi à la collecte sans que, visiblement, personne au sein de la firme ne s’en aperçoive.

De même, y a-t-il eu « [consultation] de ces données par Google ? Et si oui, quand et pourquoi ? », durant ces deux années de collectes et de stockage de données personnelles, demande la justice américaine.

Si cette enquête est menée de front par différents Etats (dont on ne connait pas lesquels précisément), Richard Blumenthal a rappelé que, selon la justice américaine, la loi de chaque Etat prévaudrait sur son propre territoire selon les infractions dont Google sera reconnu coupable.