Protection des données personnelles: l'enjeu du Web

Depuis bientôt vingt ans, le web s’est imposé, désormais indispensable. Travers de l’outil chéri, les internautes voient leurs données personnelles menacées au quotidien.

« Il y a des pays où on n’a pas assez d’argent pour s’acheter des chaussures, mais où on possède un téléphone !», fait remarquer Xavier Larduinat, membre d’Eurosmart, association d’industriels dédiée à la sécurité des systèmes. « La vie numérique » est désormais intrinsèquement liée au quotidien de chaque être humain. Partant de ce postulat, la protection des données personnelles sur le Web et la lutte contre la cybercriminalité sont devenues des préoccupations de chaque instant.

La conférence donnée à l’occasion de l’annonce du salon Cartes & Identification (qui se tiendra du 7 au 9 décembre prochain à Villepinte) ce 1er juin était l’occasion de faire un état des lieux des dangers du Web, données publiques comprises. Particuliers comme professionnels sont concernés. « Sur les 500 premières entreprises mondiales classées, rapporte Cartes & Identification, 71% d’entre elles utilisent Twitter et 52% ont un compte sur Facebook. »

Nécessité d’un cadre juridique global mondial pour contrer les dérives d’Internet

De même, selon l’enquête TNS Sofres/Microsoft réalisée fin avril, 75% des Français ont « un niveau d’inquiétude élevé quant à l’utilisation de [leurs] données personnelles » sur le Web.

Pour les professionnels du secteur emmenés par Cartes & Identification, comme pour Peter Hustinx, contrôleur européen de la protection des données*, il va sans dire que, face aux dérives du Net, « la nécessité d’un cadre juridique global » s’impose.

Facile à dire, un peu moins à mettre en place à l’échelle de la planète. Car, pour que la protection des données personnelles soit réellement efficace, il faudrait qu’elle soit identique dans tous les pays. Or ce n’est pas le cas, fait remarquer Thierry Le Galloudec, Commandant de Police et membre de l’Unité de Cybercriminalité. Les juridictions internationales sont loin d’être en phase les unes avec les autres, « problèmes de coopération, d’harmonisation… ».

L’usurpation d’identité numérique explose

Parmi les délits recensés sur la Toile, en plus du phising, des atteintes à l’image des personnes, de la pédopornographie, le Commandant précise que « l’usurpation d’identité numérique explose ».

Tout le monde cherche à protéger son intégrité et ses fameuses données personnelles sur le Web. On a ainsi vu récemment Jean-Louis Masson, sénateur de la Moselle, déposer une proposition de loi pour obliger les blogueurs à signer leurs billets de leur nom. Tollé chez les internautes. « L’intégrité à la vie privée est mise en cause », selon eux. « Un projet qui n’est pourtant pas dans l’air du temps », selon l’avocat Eric Barbry, spécialisé dans le droit des technologies avancées. Pour le moment, « l’anonymisation n’est possible que si les technologies suivent », insiste ce dernier.

La traçabilité sur Internet reste donc l’un des enjeux technologiques des années à venir. «Il faut que les internautes puissent avoir recours à la justice » en cas de problème lors de transactions financières, de piratage de comptes…, insiste Xavier Larduinat. Car « techniquement, la sécurisation par les internautes [comme le souhaite Hadopi **] n’est pas possible».

* Conférence des commissaires à la protection des données et de la vie privée d’Europe à Prague le 29 avril 2010

** la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) prévoit de punir, avec la loi Création et Internet, les internautes qui ne verrouilleront pas leurs accès à Internet sans fil, permettant ainsi le téléchargement illégal par des pirates.