Services réseau : un marché sous le signe de la flexibilité

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Comment se présente le marché des services réseau d’entreprise en 2022 ? Silicon.fr vous propose une approche sous l’angle du Magic Quadrant.

Qu’est-ce qui bouge dans le Magic Quadrant consacré aux services réseau d’entreprise ? 

Du côté des vendeurs, les points d’échange internet ont traditionnellement été source d’économies. Deux leviers supplémentaires se sont plus récemment développés. D’une part, le SD-WAN. De l’autre, les VNF (fonctions réseau virtualisées).

On pourrait penser qu’une baisse des prix de vente ferait écho à cette diminution du coût de revient. C’est vrai sur certains points. En particulier la couche transport. Le prix des liaisons MPLS se réduit actuellement de 8 % par an en moyenne, d’après Gartner. Mais le manque de tarifications indicatives de référence contraint les acheteurs à « de lourdes négociations », explique le cabinet américain.

Les fournisseurs classés au Quadrant se positionnent sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Sur l’axe « vision », les fournisseurs se placent dans cet ordre :

  Fournisseur Date de création
1 NTT 2019
2 BT 1969
3 Verizon 1983
4 Orange Business Services 2006
5 AT&T 1983
6 Vodafone 1982
7 Tata Communications 1972
8 Masergy Communications 2000
9 Colt 2007
10 Lumen 1968
11 Singtel 1879
12 PCCW Global 2007
13 Deutsche Telekom 1995
14 Telstra 1975
15 GTT 1991
16 Arelion 2012
17 Riedel Networks 1987
18 Sparkle 2003

 

Sur l’axe « exécution » :

  Fournisseur
1 NTT
2 Orange Business Services
3 Vodafone
4 Tata Communications
5 Verizon
6 BT
7 AT&T
8 Lumen
9 Deutsche Telekom
10 Colt
11 Masergy Communications
12 Telstra
13 Arelion
14 Singtel
15 PCCW Global
16 Riedel Networks
17 GTT
18 Sparkle

 

Apportez vos accès… et vos fournisseurs cloud

D’année en année, la réalité du marché apparaît plus « flexible ». D’une part, sous le prisme de la cogestion, avec de plus en plus de fonctionnalités que le client peut contrôler par portail ou API (bande passante, politiques de sécurité, stratégies applicatives…). De l’autre, au gré du « bring your own access » : les fournisseurs s’ouvrent à des offres de transport décorrélées des leurs. Les clients se tournent toutefois encore souvent vers le même offreur pour les couches haute et basse. Surtout quand cette dernière associe MPLS et accès internet. Une question d’homogénéité… et de sécurité.

Sur la partie transport, le phénomène d’économies d’échelle joue à plein avec les accès optiques. Les acheteurs ont tendance à réserver davantage de capacité qu’ils n’en ont initialement besoin. Puis à monter en charge au fur et à mesure, en gérant des plafonds par port.

Toujours concernant la couche basse, un constat : le WAN, aujourd’hui, c’est essentiellement le réseau internet. D’autant plus que les lignes dédiées se situent dans les mêmes prix que les accès MPLS de capacité comparable. Sur la partie connectivité avec les fournisseurs cloud (CSP), la différence entre fournisseurs se fait en particulier sur la capacité à ajouter, au niveau des points d’interconnexion, des services virtualisés de type sécurité.

Fonctions réseau virtualisées : les appliances en retrait

Qu’en est-il sur la couche haute ? Pour les nouveaux déploiements et les renouvellements majeurs, l’option SD-WAN est devenue le standard. Les fournisseurs ont cependant des portefeuilles de partenaires encore très épars, reflet d’un marché plus fragmenté que celui des routeurs physiques.

Les VNF aussi deviennent communes. Mais pas pour toutes les technologies qu’elles couvrent. La composante SASE des réseaux d’entreprise, par exemple, est encore plus souvent délivrée depuis une plate-forme cloud. Pour les délivrer, deux méthodes se dégagent. D’un côté, au travers de PoP (points de présence) sur les réseaux des fournisseurs. De l’autre, sur les réseaux des clients, où le matériel sur étagère (uCPE) a tendance à supplanter les appliances. En moyenne, un fournisseur prend en charge 2,5 solutions uCPE, pour 4,4 VNF compatibles (généralement SD-WAN, routage, firewall et optimisation WAN).

Points de présence, partenaires SD-WAN : qui a quoi ?

Pour figurer au Quadrant, il fallait au minimum :

– Fournir des services de transport MPLS et sur réseau internet (dont des accès dédiés en propre). Avec, pour l’un et l’autre, au moins 5 PoP dans les régions Amérique du Nord, Asie-Pacifique et EMEA

– Assurer la connexion avec au moins trois CSP majeurs sur chacune de ces plaques géographiques

– Proposer du SD-WAN managé. Au moins basé sur des équipements en périphérie ; mieux, sur des passerelles réseau

Les NFV étaient facultatives. Même chose pour les accès cellulaires (4G et 5G), la visibilité applicative et la sécurité managées. Ainsi que le NOD (réseau à la demande = capacités à modifier, en temps proche, la bande passante d’un accès, les services sur un port, les points de terminaison, etc.).

Chez les « leaders » du Quadrant, la situation à l’arrêt des relevés de Gartner (février 2022) était la suivante :

Fournisseur PoP MPLS PoP internet CSP Villes CSP PoP VNF
AT&T 60 43 13 27 82
BT 83 28 8 74 34
Lumen 57 46 6 33 750
NTT 50 43 10 54 116
OBS 99 90 10 20 30
Tata 56 31 9 31 47
Vodafone 74 31 7 35 24
Verizon 61 35 10 27 61

 

Fournisseur Partenaires SD-WAN
AT&T Fortinet, Palo Alto Networks, Silver Peak, Viptela, VMware
BT Fortinet, Meraki, Nuage Networks, Palo Alto, Versa, Viptela, VMware
Lumen Fortinet, Meraki, Versa, Viptela, VMware
NTT Fortinet, Meraki, Silver Peak, Versa, Viptela, VMware
OBS Fortinet, Meraki, Viptela
Tata Fortinet, Meraki, Versa, Viptela
Vodafone Juniper, Meraki, Viptela, VMware
Verizon Fortinet, Meraki, Silver Peak, Versa, Viptela

Les « leaders » branchés sur le NOD

En tête autant sur l'axe « vision » que l'axe « exécution », NTT marque des points sur le SD-WAN et le NOD. Ainsi que sur la couverture de ses accès MPLS comme de son backbone internet. Gartner n'est pas aussi favorable concernant la situation du groupe japonais hors plaque Asie-Pacifique. Autant sur sa notoriété que sur le prix de services de transport.

Du côté d'Orange Business Services, d'une année sur l'autre, on progresse dans le Quadrant. Gartner salue la couverture réseau sans pareil du groupe français. Tout comme ses SLA sur certains accès de partenaires et sa nouvelle génération de PoP qui combinent NOD, connectivité CSP et VNF. Sa moindre couverture des États-Unis par rapport à ses principaux concurrents lui vaut un mauvais point. Tout comme son catalogue de partenariats SD-WAN, plus limité.

Chez Verizon, les bons points sont sur le NOD, les VNF et les SLA sur le transport, autant pour les accès MPLS qu'internet. La couverture en MEA, en revanche, n'est pas un point fort. Tout comme la contractualisation, avec une tendance à refuser de négocier les prix à la baisse malgré la situation du marché.

Vodafone aussi est salué pour ses PoP nouvelle génération (NOD, NFV, SD-WAN). Il se distingue également par sa couverture en Europe, Afrique et Asie-Pacifique. Ainsi que son usage de l'IA. Une composante NOD complète lui fait toutefois défaut, tandis que sa couverture du continent américain est moins importante que chez ses principaux concurrents.

Avec ou sans SASE ?

En matière de couverture, BT est au vert dans toutes les régions géographiques, et « au-dessus de la moyenne en Europe ». Ses PoP next-gen lui valent aussi un bon point. Mais leur déploiement se révèle plus lent et moins étendu que chez la concurrence. Son backbone internet couvre par ailleurs nettement moins que son MPLS.

Tata Communications a la particularité d'avoir inclus, sur la partie SD-WAN, une offre en propre, fondée sur la technologie d'une filiale. Autres points forts : l'étendue de ses partenariats FAI et sa couverture APAC / MEA. Le fournisseur indien a en revanche du retard sur le NOD, tout comme sur les VNF uCPE.

Chez AT&T, Gartner salue surtout la flexibilité. Premièrement, avec la disponibilité de ports dédiés 10G, 20G, 30G et 40G sur les accès 100G. Deuxièmement, avec l'intégration du SASE (Fortinet et Palo Alto Networks). Troisièmement, avec la possibilité de chaîner jusqu'à 12 VNF sur ses appliances. Son offre SD-WAN reste toutefois fragmentée, avec un support inconsistant ; et son NOD, plus limité que celui des concurrents, autant en fonctionnalités qu'en disponibilité géographique.

Lumen, au contraire, se distingue positivement sur le NOD. Tout comme sur le SLA du SD-WAN. C'est moins bien sur les VNF et le renouvellement des contrats.

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